Mgr François Maupu, évêque de Verdun, a assisté lundi au premier débat régional sur l’identité nationale. Il répond à
La Croix :
“Personnellement, je ne suis pas intervenu, je me suis contenté d’écouter ceux qui se sont exprimés. Le préfet était présent, ainsi que le maire de Verdun et deux députés, l’un
de droite, l’autre de gauche. La soirée aurait dû permettre un vrai débat avec l’assistance, mais un groupuscule d’extrême droite (proche, vraisemblablement, du Front national) a faussé la
discussion en réduisant la question de l’identité nationale à l’immigration. Si bien que la réunion a manqué de sérénité, il n’y a pas pu y avoir de véritable échange. Et c’est
bien dommage.”
“Le problème est que personne, dans ce débat, ne prend le temps de définir ce que l’on entend par
identité nationale, et quel est l’objectif recherché à travers cette réflexion. Il me semble par exemple essentiel de rappeler que la France s’est construite sur une diversité de
populations, avec des appartenances multiples. Tout l’enjeu, aujourd’hui, est de retrouver les moyens de faire vivre cette pluralité en évitant à tout prix de s’enfermer dans une logique
passéiste.”
“En fait, nous aurions à redécouvrir que l’identité française est d’abord une identité de l’accueil. À ce titre, la foi chrétienne est un terrain privilégié pour enraciner cet
esprit d’ouverture aux autres. Dans le climat actuel, l’Église doit redire sa spécificité, au nom d’une religion de la relation.”
Face à cette langue de buis, il est nécessaire de rappeler les propos du Pape Jean-Paul II, lors de sa venue à Paris le 1er juin 1980 :
“Alors permettez-moi, pour conclure, de vous interroger : France, fille aînée de l’Eglise, es-tu fidèle aux promesses de ton baptême ? Permettez-moi de vous demander : France,
fille aînée de l’Eglise et éducatrice des peuples, es-tu fidèle, pour le bien de l’homme, à l’alliance avec la sagesse éternelle ? Pardonnez-moi cette question. Je l’ai posée comme le
fait le ministre au moment du baptême. Je l’ai posée par sollicitude pour l’Eglise dont je suis le premier prêtre et le premier serviteur, et par amour pour l’homme dont la grandeur définitive
est en Dieu, Père, fils et Esprit.”
Le débat sur l’identité nationale se situe dans la réponse à cette question essentielle.