Dans la dernière lettre des Moniales du Barroux, La Font de Pertus (n°131, 26 novembre 2025), Mère Placide, abbesse, évoque le Christ Roi :
Chers amis,
« Pourquoi êtes-vous devenue religieuse ? », nous demandez vous parfois. Oui, pourquoi ? Pourquoi avoir « tout quitté : parents, gourbi, foyer », comme dit la chanson ? La réponse est simple : pour travailler aux intérêts du royaume de Dieu. Pauvre par profession, le religieux est détaché de tout amour humain par son voeu de chasteté, de tout intérêt personnel par son voeu d’obéissance. Le voilà libre d’oeuvrer exclusivement au service du Roi des rois. Magnifique privilège !
À vrai dire, travailler à l’expansion du royaume vous revient aussi, chers amis, quoique sans quitter tout. Le « royaume » est partout présent dans l’Évangile, si bien que nous sommes habitués au mot, oubliant parfois qu’un royaume est gouverné par un roi. Avons-nous une idée claire de la royauté de Jésus? Ce n’est pas certain. L’année sainte 2025 marque le centenaire de l’encyclique Quas primas sur le Christ-Roi, signée le 11 décembre 1925. Le pape Pie XI nous y rappelle que « le Christ règne sur nous non seulement par droit de naissance, mais également par un droit acquis, parce qu’il nous a rachetés. [. .. ] Le Christ Jésus a été donné aux hommes comme le Rédempteur en qui ils doivent croire, et en même temps comme le législateur à qui ils sont tenus d’obéir.v Un Roi donc, nous avons un Roi. Et que fait-il ? Qu’est-il pour nous ?
Seigneur Jésus, vous êtes le Roi des intelligences humaines. Étant la Vérité, seul vous pouvez sans erreur conduire les hommes vers Dieu. Vous connaissez la route, vous l’avez faite. Vous connaissez le terme, Dieu, que vous révélez aux hommes. Donnez nous une foi vive et humble, nourrie par l’étude et l’oraison. Vous êtes le Roi des volontés humaines. Puissions-nous obéir en tout à vos commandements. Vous êtes le Roi des coeurs : aucun homme n’a été aimé comme vous, ni ne le sera jamais. Vous connaissez tous les ressorts et les faiblesses de nos coeurs. Daignez prendre le gouvernement de ces coeurs chancelants, affermissez-les dans le bon chemin.
Notre grande espérance, c’est le « Roi pacifique que la terre entière désire contempler » ! (Premières Vêpres de Noël) La paix ne viendra aux nations que par Lui. Notre contribution concrète à la paix sera tout effort de conversion que nous ferons, jour après jour. Chaque confession, chaque communion, chaque sacrifice, prière, pardon accordé, dévouement au prochain hâteront l’avènement du « royaume de vérité et de vie, royaume de sainteté et de grâce, royaume de justice, d’amour et de paix» (Préface du Christ-Roi).
Le soir de Noël, nous chanterons : « Cum ortus Juerit sol de coelo… Lorsque le soleil se sera levé dans le ciel, vous verrez le Roi des rois, qui procède du Père ; vous le verrez semblable à l’époux qui sort de la chambre nuptiale. » Et le lendemain matin : « La jeune mère a enfanté le Roi dont le nom est éternel : elle a les joies de la maternité avec l’honneur de la virginité »· Aucun doute, c’est bien un Roi que nous attendons durant l’Avent !
Notre-Dame de l’Annonciation, vous vous êtes déclarée Sa servante. Au jour de l’Assomption, Jésus a fait de vous la Reine des anges et des hommes. Nous vous confions le désir qui est toute notre ambition : lorsque, à notre mort, vous prendrez par la main chacun de nous, puissiez-vous dire à Celui qui nous jugera : « Il a servi son Roi. »
Saint Noël, chers amis !
Soeur Placide, osb, abbesse
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