Les pilleurs de 42 églises dans les Landes, le Béarn et le Pays Basque entre mai et le 1er septembre – où ils en ont cambriolé quinze en une journée (!) avant d’être interpellés le 4, ont été jugés le 27 octobre dernier. Et s’ils ont été effectivement condamnés – les deux voleurs, le guetteur et le receleur, un acheteur d’objets en or de Dax, ce sont à des peines assez faibles, avec un an ferme tout au plus pour les voleurs. Du reste, après deux mois de préventive ils ont été libérés le soir même – ils feront le reste de leur peine ferme sous bracelet électronique. Et ce bien que parmi leurs vols, il y ait près d’une vingtaine de profanations, quatre au Pays Basque, 14 dans les Landes, lorsqu’ils forçaient les tabernacles pour voler les ciboires.
« Le mode opératoire était récurrent : intrusion dans l’église, repérage du tabernacle, fracturation et retrait des objets précieux. Les pièces volées étaient ensuite revendues à une boutique de rachat d’or de Dax, dont le gérant rachetait les objets puis les faisait fondre. Cette boutique a racheté pour plus de 8 000 euros d’objets provenant de ces cambriolages. Environ trente objets saisis ont été restitués au diocèse de Bayonne ; en revanche, aucun objet volé au diocèse d’Aire‑et‑Dax n’a pu être rendu, ayant été vendu, fondu ou jeté », indique France Bleu. Les prévenus au procès ont affirmé avoir besoin d’argent.
Les profanations passées sous silence
Sud-Ouest, qui a suivi le procès, retrace les équipées d’une bande de pilleurs attirés par l’appât du gain, et passe sous silence les profanations qualifiées de « dégradations« : « Deny D., le plus jeune des prévenus, la vingtaine à peine, raconte à la barre comment, selon lui, tout a commencé. Le Dacquois se promène avec son ami, Mickaël I., 32 ans, dans les rues de Dax. Les deux jeunes, en peine d’argent, pénètrent presque par hasard dans une église – « on pensait que ça ferait moins de mal aux gens que de voler dans des maisons », dit Deny D., et c’était « moins surveillé ». Ils songent à dérober le butin du tronc des cierges, mais ils n’y trouveront rien. Leurs regards se portent sur le tabernacle qui renferme calice et ciboire dédiés à l’eucharistie (autant de mots qu’ils ne connaissent pas). Sans trop savoir ce qu’il renferme ni ce qu’il représente pour les chrétiens, ils décident de le forcer à l’aide d’un pied-de-biche. Le ciboire est en or. Les deux compagnons se rendent alors chez un acheteur d’or, Pierre L., bientôt 70 ans, lui aussi à la barre pour recel ce lundi. « D’où tenez-vous cet objet ? » « Nous sommes des brocanteurs », mentent les voleurs. Une carte d’identité suffira à les croire, l’affaire est réglée. Le virement arrive le soir même.
L’argent facile les encourage : les deux jeunes Landais décident de réitérer leur forfait. Saint-Paul-lès-Dax, Saint-Vincent-de-Paul, Narrosse, Yzosse… Les vols s’enchaînent, débordent dans les Pyrénées-Atlantiques. À chaque fois, même procédé (parfois accompagné de dégradations), même butin, même acheteur. Les diocèses alertent les paroisses, qui ferment leurs églises en vain. Deny D. et Mickaël I. sont bientôt rejoints par un troisième larron, Stanislas L., 27 ans, qui fera office de guetteur. Comme le dira la procureure, Marion Escudier, « d’une phase artisanale de mai à la mi-août, l’affaire devient industrielle » – parfois une dizaine d’édifices visités en une seule journée. Les trois compères se rendent munis d’une valise remplie chez Pierre L., qui ne s’en émeut guère. Les sommes s’allongent« .
Et cependant, les quantum de peine sont très faibles – y compris pour l’acheteur d’or, qui ne pouvait ignorer la loi : « les deux principaux voleurs ont été condamnés à trois ans d’emprisonnement chacun, dont un an ferme. Le jeune qui faisait le guet a écopé de deux ans avec sursis. Le receleur, gérant de la boutique de rachat d’or à Dax, a été condamné à deux ans de prison avec sursis et à une amende de 5 000 euros« .
Le diocèse d’Aire et Dax et les maires n’ont demandé aucun dommage et intérêt, celui de Bayonne oui
Sud Ouest précise par ailleurs que « du côté des parties civiles, le représentant du diocèse d’Aire et Dax ne demandera aucune réparation, seulement la restitution des objets dérobés : « L’acte est condamnable, mais tout le monde peut obtenir miséricorde. » Moins miséricordieux sera Me Éric Ribeton, représentant du diocèse de Bayonne, qui demande 5 000 euros de réparation pour préjudice moral (4 000 euros obtenus). Les quelques maires des communes concernées par les vols – les mairies sont notamment propriétaires des tabernacles endommagés – qui se sont déplacés ne demanderont aucune réparation« .
Le diocèse d’Aire et Dax n’a rien demandé, mais n’a rien obtenu non plus – tous les objets volés dans les Landes avaient été revendus ou refondus. Le diocèse de Bayonne qui a obtenu 4000 euros en réparation du préjudice – soit trois à cinq calices en salle des ventes, a récupéré en outre une trentaine d’objets retrouvés en perquisition – les vols dans les Pyrénées-Orientales étant quasiment les plus récents.

Et vous vous en étonnez? C’est la justice de la République. J’espère que la justice immanente de Dieu les frappera rapidement et durement.
Lorsqu’il s’agit d’ « oser l’espérance » dans le cadre du synode diocésain enfin terminé, l’évêque de Dax a de la voix, lorsqu’il s’agit de défendre le patrimoine religieux admirablement acquis par nos aïeux, il est plus taiseux ! Et aucune messe de réparation n’a officiellement eu lieu dans le diocèse.