Extrait de l’éditorial de l’abbé Gonzague Peignot, Supérieur du District de France de la Fraternité Saint-Pie X dans le numéro 285 (Mai-Juin 2025) de Fideliter :
Parmi eux, comment ne pas citer Mgr Marcel Lefebvre qui, non content d’avoir combattu pour la Tradition durant le concile Vatican II, accepta de renoncer à un repos légitime et mérité afin de porter secours aux âmes abandonnées et inquiètes, et fonda pour cela la principale société religieuse fidèle à la Tradition, au péril de sa réputation ? Nous ne serions pas là sans lui, sans ses paroles si éclairantes, sans ses décisions si judicieuses, sans ses actions si courageuses. Oui, il est nécessaire de le reconnaître, Mgr Lefebvre a été un guide pour nous tous durant sa vie, et il demeure aujourd’hui un phare pour nous conduire à bon port dans la tempête que continue à traverser l’Église.
Les pionniers de la Tradition méritent notre reconnaissance et donnent l’exemple de la fidélité.
D’autres que Monseigneur, toutefois, ont participé, contribué, coopéré et soutenu cette édification. Trop souvent, ils ont été oubliés. Il est plus que convenable de les rappeler à notre mémoire, car sans eux, la Tradition de l’Église n’aurait pas bénéficié d’un tel développement en France et dans le monde.
Quelle doit être alors notre attitude vis-à- vis de ces « pionniers de la Tradition » dont nous sommes les modestes héritiers ? Elle doit être double.
Nous devons d’abord exprimer notre immense reconnaissance, notre admiration sincère et notre piété filiale à l’égard de ceux qui eurent la lucidité et le courage de garder la Tradition et de nous la transmettre : « Louons ces hommes illustres, les pères dont nous sommes les descendants » (Si 44,1). Ils méritent notre vénération, nos hommages et, plus que cela, nos prières.
Ensuite, et c’est plus essentiel encore, car sans cela leur combat aurait été vain, nous devons rester fidèles, absolument fidèles, obstinément fidèles, courageusement fidèles à ce qu’ils nous ont transmis.
La longueur du combat dont nous ne voyons pas la fin, sa monotonie, son caractère répétitif et donc parfois décourageant, risque de nous induire à composer, à transiger, à édulcorer. « Faudrait-il être toujours si rigides, si intransigeants, si catégoriques ? N’y a‑t-il pas avec le Ciel des accommodements possibles ? »
Dans tout ce qui touche notre foi, notre vie chrétienne, il ne peut y avoir de demi-mesure : le demi-chrétien n’est tout simplement pas un vrai chrétien. Les « pionniers de la Tradition » nous donnent sur ce point un exemple éclatant : il leur aurait été si facile d’accepter les idées nouvelles, tout à l’époque les y portait. Mais où serait l’Église s’ils avaient cédé ? Où serions-nous nous-mêmes ? Et où seront nos successeurs si nous lâchons par faiblesse, par pusillanimité ? Prenons la résolution irrévocable de ne céder jamais aux sirènes de la nouveauté, et de rester inébranlablement fidèles à la Tradition immuable de l’Église, c’est-à-dire, en définitive, à Notre-Seigneur Jésus-Christ lui-même.