Une étude du Pew Research Center sur les religions montre que l’Italie est largement en tête des défections de fidèles chrétiens. Pour une personne non chrétienne devenue chrétienne, il y en a plus de 28 qui étaient chrétiennes et ne s’identifient plus comme telles. En France le ratio est de 1 pour 15,8.

Si l’on considère la proportion de personnes qui ont quitté le christianisme dans lequel elles ont été élevées, c’est l’Espagne qui est en tête, avec 36%. En France c’est 28%.
Le fait que l’Italie et l’Espagne soient en tête montre clairement le déclin rapide de l’Eglise catholique. Et ces chiffres masquent en fait une réalité bien pire, malgré les chiffres encourageants des baptêmes d’adultes.
Une enquête publiée en novembre dernier par l’institut CENSIS a montré que si 71,1% des Italiens se disent encore « catholiques », seulement 15,3% se définissent comme « pratiquants » (rappelons que dans les enquêtes le « catholique pratiquant régulier » est celui qui va à la messe au moins une fois par mois).
Il y a donc une « zone grise » de 58% d’Italiens qui se disent catholiques mais qui ne participent que rarement aux célébrations de l’Église (34,9 %) ou pas du tout (20,9%).
Sandro Magister précise :
58 % des Italiens continuent de croire en la vie après la mort et la plupart d’entre eux croient qu’il s’agira d’une vie différente selon que l’on se soit bien ou mal comporté. Mais dans la vie actuelle, écrivent les auteurs de la recherche, « le sens du péché n’est pas particulièrement ressenti, notamment parce qu’au cours des cinquante dernières années, la culture catholique a été particulièrement “indulgente” », et que le sens du péché a été remplacé par un sentiment de culpabilité plus générique et individualiste.
« La ‘zone grise’ dans l’Église d’aujourd’hui – écrivent les auteurs de la recherche – est donc le résultat de l’individualisme ambiant, bien sûr, mais aussi d’une Église qui n’est plus qu’horizontale et qui peine à encore à indiquer un ‘au-delà’. »
Commentaire d’Yves Daoudal :
C’est ce à quoi je pensais encore en commentant la collecte de la messe d’aujourd’hui dans la liturgie traditionnelle. La néo-liturgie a supprimé toute notion du jeûne et a effacé les mots de pénitence et de repentir jusque dans la traduction de la Bible. Il y a donc un énorme fossé entre la liturgie traditionnelle du carême et ce que dit la néo-liturgie. Ce n’est plus la même religion. C’est encore plus flagrant si l’on se réfère à la liturgie byzantine. Chaque jour le Triode martèle les mots de jeûne, de péché, de vices (« passions »), de repentir. Les matines byzantines de ce jour sont constituées essentiellement de l’intégralité du Grand Canon pénitentiel de saint André de Crète, un texte capital du carême byzantin (on peut l’entendre chanté hier soir par exemple au monastère Sretenski de Moscou en slavon ou en l’église de l’Ascension d’Athènes en grec). On n’imagine pas que ce texte puisse être récité aujourd’hui dans une église catholique latine, même dans un monastère, tellement profond est le gouffre, l’abîme, entre la doctrine ascétique traditionnelle et l’actuelle « religion » ex-latine.
Il y a encore des prêtres qui donnent le change, qui tentent de « compenser » tant bien que mal. Mais la néo-liturgie, et l’idéologie qui a présidé à sa fabrication, sont plus fortes qu’eux : lex orandi, lex credendi. Leur tentative est vouée à l’échec, à long terme, et comme on le voit, à moyen terme, voire même à court terme. Dans le dernier réduit traditionnel qui est à ma portée, le célébrant, l’autre dimanche, a réussi le tour de force de faire tout son sermon sur les 40 jours de Moïse, d’Elie et de Jésus sans employer une seule fois le mot de jeûne. Or c’est un prêtre qui veut être traditionnel et qui s’adressait aux derniers survivants de la liturgie traditionnelle dans le diocèse. C’est dire…