Sur Res Novae, Don Piu Pace publie un article intéressant sur une interprétation du livre de l’Apocalypse par le père de Clorivière, jésuite des XVIIIe et XIXe siècles, ayant été chargé de la restauration en France de la Compagnie de Jésus :
[…] Le commentaire de l’Apocalypse, que le P. de Clorivière appelle « l’histoire prophétique de l’Église », écrit entre 1792 et 1808, est une occasion de reprendre ce thème à propos du cinquième âge et du sixième âge de l’Église. Le cinquième âge correspond dans l’Explication à cette époque dont Clorivière pense voir la fin : « L’hérésie de Luther et une foule d’autres hérésies qui vinrent à sa suite » ont causé une dévastation déplorable en Occident ; le Concile de Trente a valeureusement réagi sur l’ordre de Dieu, d’où un âge de saints avec « la pratique de l’oraison, la fréquentation des sacrements » ; mais le protestantisme a évolué vers l’indifférentisme et ouvert la voie à « l’incrédulité moderne décorée du nom de philosophie » ; et à travers elle a surgi la Révolution avec les ravages qu’elle cause, la persécution de la foi chrétienne, l’apostasie officielle.
Mais « l’effusion de la fiole du cinquième âge n’est pas encore complète », écrit Clorivière en 1803. Il considère que sa description du sixième âge, au moment où il écrit, est pour le futur, après un temps de répit : viendra une révolution développant celle de 1789. « Il faut que cette révolution, non seulement renverse l’ordre établi dans la société civile, mais encore qu’elle ne respecte pas davantage cette société surnaturelle et divine que Jésus-Christ a établi sur la terre. » L’Apocalypse parle du soleil qui deviendra « noir comme un cilice » : la lumière de Jésus-Christ sera obscurcie par les « tourbillons de poussière » levés par les mécréants. De nombreuses étoiles qui tomberont du ciel : l’Église est ce ciel d’où tombent les étoiles, commente Clorivière, et celles-ci sont ces hommes dont les fonctions étaient supérieures à celles des anges, autrement dit les évêques, que Clorivière évite de désigner comme tels. Ces hommes, que Jésus-Christ « avait spécialement choisis pour être ses Ministres, ses Envoyés, ses Ambassadeurs », abandonnent le haut rang qu’ils tiennent auprès de Dieu pour se précipiter « dans la fange des choses de la terre ».
Mais non pas toutes les étoiles, « parce qu’autrement les portes de l’Enfer auraient prévalu contre l’Église, ce qui est impossible », mais cependant un très grand nombre de chefs. D’où « on peut conjecturer avec quelque certitude, que, parmi les simples fidèles, la prévarication sera presque générale ». […]