Deux anciens élèves du collège Ozanam de Limoges, que les pères de Betharram ont tenu de 1948 à 1981, date de sa fusion avec deux autres établissements dans un même OGEC, puis sont intervenus jusqu’à leur départ de Limoges en 2011, ont contacté la cellule d’écoute du diocèse de Limoges pour signaler des abus sexuels qu’ils y ont vécu de la part de deux religieux différents.
Selon nos informations, l’un d’eux est aussi mis en cause pour abus à Betharram – il s’agit de l’abbé Prim, décédé en 1999. L’autre fait partie d’une fratrie de trois religieux, respectivement décédés en 2001, 2017 et 2019, dont deux au moins ont été enseignants, d’après leurs nécrologues. L’un d’eux, a été successivement enseignant dans plusieurs établissements, puis économe à Ozanam : « tout d’abord professeur : à Bazas, Bétharram, Limoges, on lui demanda, très vite, de se glisser dans l’économat ».
L’abbé Prim avait aussi géré dans les années 1950 une colonie de vacances, les Isards de Betharram, à Arthez-d’Asson.
L’un des directeurs du collège Ozanam fut l’abbé Tipy, spécialiste d’une correspondance d’André Gide particulièrement sulfureuse, et qui a achevé sa carrière au collège Stanislas à Paris. Mis en cause pour abus à Betharram, il ne l’a pas été cependant à Limoges. Deux autres religieux mis en cause à Betharram sont passés par Limoges, l’abbé Lamasse – qui a aussi été en poste dix ans dans le diocèse de Bordeaux de 1989 à 1999 dans deux endroits différents, et l’abbé Segur, brivément aumônier du MEJ et à Ozanam.
Le diocèse de Limoges a communiqué sur le sujet; pour rappel, le vicaire général, l’abbé Morin, a été scolarisé, comme il l’a reconnu dans la presse régionale, dans les deux établissements, à Bétharram et Ozanam; c’est aussi lui qui a célébré la messe en 2019 pour la dernière réunion avant dissolution de l’amicale des anciens élèves d’Ozanam.
178 plaintes d’anciens élèves de la congrégation recensées : il y a t-il un système Bétharram ?
Dans son bulletin de février dernier, la communauté reconnaît les abus, en mettant l’accent sur Betharram – cependant, d’autres établissements tenus par la congrégation commencent à connaître eux aussi des dépôts de plainte, tandis que des religieux mis en cause sont passés d’un établissement à l’autre – ainsi des abbés Prim, Ségur, Lamasse, Tipy à Limoges, ou de l’abbé Silviet Carricart, mis en cause encore à la fin des années 1990, qui a été directeur au collège Etchecopar de Saint-Palais. D’autres ont été envoyés en Afrique, notamment en Côte d’Ivoire et au Maroc.
A ce jour, 178 plaintes d’anciens élèves sont recensées, l’essentiel à Bétharram et deux à Limoges. Néanmoins à notre connaissance il n’y a pas encore eu d’appel à témoins sur l’ensemble des établissements et communautés tenues par la congrégation de Betharram, dont plusieurs ont fermé ces dernières années : la communauté a mis fin à sa présence à Pessac dans le diocèse de Bordeaux en 1999, à Sarrance (64) où ils étaient présents depuis 1850 et Limoges (87) en 2011, etc. L’ancien collège saint Jean Baptiste de Bazas, en Gironde, devenu depuis maison de retraite, a aussi été géré par la congrégation de Bétharram, etc.