Dans le contexte de l’affaire de Bétharram – où plus de 150 anciens élèves de cet établissement congréganiste des Pyrénées-Atlantiques ont porté plainte pour abus et violences graves commis entre les années 1950 et 2010, les réseaux sociaux du Finistère ont vu apparaître ces derniers jours plusieurs publications de l’automne 2021 au sujet des abus sexuels qui ont eu lieu au Likes – établissement lassalien navire amiral de l’enseignement catholique du Finistère dont les silhouettes du collège et du lycée longent la vallée où se trouvent la gare et le centre-ville de Quimper. Ce week-end, des tags sont apparus sur une église actuellement inutilisée située près de la gare, ainsi qu’aux abords immédiats de l’évêché. Nous ignorons s’il y en a eu d’autres. Sollicité, le diocèse n’a pas réagi.
Lesdits tags – “Lykes viols“, “likes viols“, et “lykes =Betaram” (sic) sont dénués d’ambiguïté. Une affaire d’abus au Likes a été couverte par la presse locale – celle des abus commis il y a plusieurs décennies par un frère en charge de l’enseignement des travaux manuels au Likes, décédé en 2020 et enterré à Saint-Avé (56) où se trouve la maison de retraite de la communauté – à l’automne 2021, 13 victimes se sont fait connaître auprès d’Ouest-France, avant que le dossier ne revienne plus à la surface depuis, après un dernier article où les Lassaliens annoncent avoir mis en place une cellule d’écoute, promettant des “indemnisations” aux victimes.
En octobre dernier, Paix Liturgique donnait d’autres précisions sur cette affaire :
“Six semaines après la parution du rapport, fin novembre 2021, un ancien élève du Likes – le lycée lassalien de Quimper, navire amiral de l’enseignement catholique dans le sud du département, pépinière presque obligée des notables locaux – témoigne dans les colonnes d’Ouest-France (26.11.2021) sur les abus physiques et sexuels qu’il a subi à l’internat, de la part d’un frère enseignant, protégé par sa congrégation jusqu’au bout, et qui s’est éteint tranquillement en 2020 à la maison de retraite de Kerozer, un écart de Saint-Avé au nord de Vannes – il est d’ailleurs enterré avec les autres frères au cimetière du bourg.
Dans les jours suivants, les témoignages se multiplient – en tout, indique Ouest-France mi-décembre, « 13 personnes » ont adressé leur témoignage au journal, dont plusieurs ont été publiés le 30 novembre, dont un ancien interne, lui aussi victime : « j’ai aussi été abusé sexuellement par ce même frère, au pensionnat du Likès. Alors je sors du silence aujourd’hui pour faire savoir que nous sommes des dizaines et des dizaines à être concernés ».
A peine les premiers témoignages parus que le provincial des lassalliens – pourtant élève dans ce même lycée dans les années 1960, au moment de la commission de certains faits, puis enseignant dans les années 1970 et directeur dans les années 2003-2010, affirme dans la presse locale « n’avoir jamais été interpellé au sujet de ce frère, peut-être il y a-t-il eu des plaintes, je ne le sais pas ».
Ce que d’anciens élèves, choqués par « l’hypocrisie et le mensonge dans ces propos, indignes d’un religieux, et encore plus du chef d’une congrégation en France », démentent, documents d’époque à l’appui. « Le frère L.R dont il était question a été présent au Lykès de 1964 à 1980, il enseignait les travaux manuels, d’abord en 5e, puis après 1974 en classe de 4e et 3e, tout en étant surveillant d’internat ; sa violence physique et son alcoolisme étaient connus de tous, internes comme externes – seuls les internes avaient à subir ses abus en revanche, puisque ça se passait au dortoir.”
Jean-René Gentric apparaît lui aussi sur les palmarès scolarisé au Lykès de la 6e à la terminale, de 1962 à 1969. En 1971-72 il apparaît dans un groupe de professeurs de cycle long sous le nom de M. Gentric, il n’a pas encore du prononcer ses vœux. En 1976-77, 1977-78 et 1978-79 il est professeur de français en classes de 4e, dans ces trois classes le frère L.R y enseigne les travaux manuels – ils sont donc proches collègues. Il est aussi cité comme « frère Gentric », ce qui signifie qu’il a prononcé ses vœux. En 1979-80 le frère Gentric est professeur de français en seconde, en 1984-85 il est responsable de division des secondes. Il a côtoyé le frère L.R de longues années, et au moins pour les faits de violence physique sur les élèves et son alcoolisme – qui avaient dû interpeller sa hiérarchie et au moins conduire à sa mise à l’écart – ” il ne peut pas dire qu’il n’était pas au courant », nous explique une victime dans les Monts d’Arrée.”
Un collectif d’anciens élèves victimes de violences dans un collège privé du Relecq-Kerhuon ?
Par ailleurs le 26 février le Télégramme publiait le témoignage de deux anciens élèves de l’ancien collège Saint-Pierre du Relecq-Kerhuon, près de Brest, qui ont subi des violences graves de la part d’un religieux et de l’encadrement dans les années 1969 à 1972. L’établissement a depuis changé de nom suite à sa fusion avec une école privée de filles au sein du collège saint Jean de la Croix. Le diocèse de Quimper n’en a peut-être pas fini avec ce terrible passé qui remonte…