Une communauté nouvelle de plus a été dissoute après des abus graves, et le renvoi de l’état clérical de son fondateur; il s’agit de Sodalicio, fondée au Péropu dans les années 1970, et qui a compté jusqu’à 20.000 fidèles dans 25 pays; elle avait été reconnue comme société de vie apostolique par le pape Jean-Paul II en 1997 :
« La société de vie apostolique Sodalicio de Vida Cristiana (« sodalité – ou fraternité – de vie chrétienne ») a confirmé dans un communiqué daté du 20 janvier sa prochaine dissolution par Rome. Ces dernières décennies, l’influente communauté péruvienne a été marquée par des dérives sectaires ainsi que des scandales sexuels et financiers à répétition.
Après le renvoi définitif, en août 2024, du fondateur, le laïc Luis Fernando Figari, accusé de violences sexuelles et physiques, y compris sur mineurs, le pape François avait approuvé un mois plus tard l’expulsion de dix membres haut placés du mouvement – dont l’archevêque émérite de Piura, Mgr José Antonio Eguren, l’ancien supérieur général Eduardo Antonio Regal Villa et le journaliste Alejandro Bermudez Rosell, ancien directeur de l’Agence catholique d’informations péruvienne, ACI Prensa ».
La communauté a confirmé sa prochaine dissolution en janvier dernier.
Pour rappel, la communauté avait déjà été placée sous tutelle par le Vatican. En août dernier, Vatican News était revenu sur les problèmes de cette communauté : « Luis Figari lui-même est accusé de violences physiques, psychologiques et sexuelles, y compris sur des mineurs. La Conférence épiscopale péruvienne a rendu public le décret du dicastère pour la Vie consacrée et les sociétés de vie apostolique qui, conformément au canon 746 du code de droit canonique, établit l’expulsion de Figari du mouvement largement répandu en Amérique latine à travers ces communautés, appelées «sodálites», composées de laïcs et de prêtres consacrés qui vivent ensemble après avoir prononcé des vœux perpétuels de célibat et d’obéissance. Pendant des années, Sodalicio a été l’une des communautés les plus actives en matière d’évangélisation en Amérique du Sud.
Les premières allégations d’abus sont apparues au début des années 2000 à la suite de plaintes d’anciens membres et d’enquêtes menées par les médias. L’affaire a ensuite explosé en 2015 avec la publication d’un livre recueillant les témoignages de victimes. L’ouvrage fait état d’abus physiques, psychologiques et sexuels de la part des dirigeants du mouvement et du fondateur.
En 2018, le ministère public péruvien avait demandé la détention provisoire de plusieurs membres et anciens membres de l’organisation, dont Luis Fernando Figari. Et le mouvement Sodalicio avait lui-même mis sur pied un groupe d’enquêteurs qui, dans un rapport, avait identifié et écarté du mouvement les auteurs de ces crimes commis entre 1975 et 2002 au détriment de quelque 36 personnes, dont 19 mineurs. La même année, Luis Figari a été empêché par une mesure du Vatican de rentrer dans son pays «sauf pour des raisons très sérieuses et toujours après autorisation écrite» du commissaire nommé après la crise, l’évêque colombien de Jericó, Mgr Noel Antonio Londoño Buitrago.
En juillet 2023, le Pape François avait envoyé deux enquêteurs spéciaux dans le pays andin pour «enquêter, écouter et rédiger un rapport» sur l’affaire Sodalitium Christianae Vitae. Il s’agissait des deux experts: l’archevêque de Malte, Charles Scicluna, et le prêtre espagnol Jordi Bertomeu, tous deux membres du dicastère pour la Doctrine de la Foi qui, quelques années plus tôt, avaient effectué une mission similaire au Chili, profondément ébranlé par les scandales d’abus passés et présents« .