Alors que plus de cent anciens élèves de l’institution Notre-Dame de Bétharram (aujourd’hui le Beau Rameau) ont déposé plainte pour abus sexuels et physiques subis depuis les années 1950 aux années 2000, le premier ministre François Bayrou, qui avait scolarisé ses enfants dans l’établissement dans les années 1990, a été rattrapé par l’affaire et se retrouve au cœur du scandale. Un député lui a demandé s’il était au courant des violences sexuelles et physiques dans l’établissement, le 11 février dernier. Depuis, Mediapart et une des victimes – reconnue et indemnisée – l’ont mis en cause directement, mais le premier-ministre réitère qu’il n’est pas au courant et a annoncé une plainte en diffamation.
Pour rappel, François Bayrou a scolarisé ses enfants à Bétharram lorsque a éclaté la première affaire de Bétharram – l’abbé Silviet Carricart mis en cause par plusieurs mineurs pour abus sexuels (il s’est jeté dans le Tibre à Rome et n’a jamais été jugé) et des laïcs enseignants pour des faits de violences physique sur les élèves.
La question posée par le député de la France Insoumise Paul Vannier est la suivante : « Pourquoi n’avez-vous pas protégé les enfants de l’école de Notre-Dame de Betharram ? » Dans les colonnes du Monde, François Bayrou réfute avoir été au courant : « Il dénonce « un faux scandale avec absence totale de preuves », tout en répétant qu’il n’a « jamais été au courant de ces affaires-là » et qu’il « n’aurai[t] pas scolarisé [ses] enfants dans un établissement » s’il avait su qu’il s’y passait « des choses de cet ordre ». « On disait qu’à l’internat, peut-être il y a eu des claques, je n’en sais rien ».
La défense de François Bayrou ne serait pas convaincante pour un ancien magistrat
Par ailleurs « Christian Mirande, ancien juge d’instruction au tribunal de Pau, qui avait été saisi des plaintes déposées par les victimes » à l’époque de l’affaire Carricart, a critiqué la version de François Bayrou dans les colonnes de Mediapart. « Selon lui, il est impossible que l’ex-ministre de l’Éducation nationale, dont l’épouse enseignait le catéchisme dans l’établissement en question, ignorait ces cas d’agressions sexuelles. Plus gênant pour le chef du gouvernement, le magistrat, aujourd’hui à la retraite, affirme à Mediapart qu’il s’en était personnellement ouvert auprès de celui qui était alors Président du conseil général des Pyrénées-Atlantiques.
« C’était après l’ouverture de l’information judiciaire. François Bayrou était inquiet de cette situation, sachant que les médias locaux ne s’étaient pas privés de donner des informations et notamment une certaine multiplicité des victimes », explique le juge d’instruction, confirmant s’être personnellement entretenu avec l’élu centriste à ce sujet. « Dans le microcosme local, tout le monde en parlait. Il s’agissait alors officiellement de deux viols sur mineurs. Sa démarche ne m’avait pas paru anormale, puisque je me souviens qu’il m’avait parlé de son fils qui était élève, et qu’il était inquiet de savoir ce qui se passait à Notre-Dame-de-Bétharram », poursuit Christian Mirande, qui affirme que François Bayrou avait du mal à croire à ce qui était reproché au prêtre accusé de multiples viols (lequel a fini par se suicider) »
J’ai vu ce député LFI prendre à partie le premier ministre Bayrou : « pourquoi n’avez vous pas protégé les enfants ? ». Outré qu’il était le mec. C’est vrai qu’à LFI on est pour la bonne morale à l’ancienne, irréprochable. Et le gars qui lui écrit en 2024, et par conséquent : « c’est un menteur, il savait ». Je ne suis pas un bayroutiste primaire, secondaire et viscéral, loin de là. J’attends sans impatience le moment où il sera renvoyé à sa mairie de Pau où, sincèrement, il fait du bon boulot. Le parc Beaumont est nickel et le boulevard des Pyrénées super bien aménagé. Son gouvernement de bric et de broc, traversé de pulsions contradictoires, marqué du signe de la défaite, est déjà condamné. Cette casserole Bétharram qu’on veut lui accrocher est totalement incongrue, inappropriée, hors du temps, en un mot : grotesque.