L’économe en place depuis 1999 dans le diocèse de Saint-Dié et 2005 dans le diocèse de Nancy, part en retraite, deux ans après que la gestion des églises du diocèse de Nancy a été mise en cause lors de l’affaire de la chapelle Notre-Dame de Chaligny et une enquête de Paix Liturgique sur les dérives comptables et spirituelles du diocèse de Nancy. Peu après, le nouvel évêque de Nancy, Mgr Pierre-Yves Michel, avait encadré la vente des biens immobiliers du diocèse et limité les pouvoirs de l’économe à ce sujet.
Les désacralisations et ventes d’églises continuent à susciter beaucoup d’opposition – ainsi, à Joeuf, le diocèse compte vendre l’église Notre-Dame de Franchepré pour 500.000 euros, ce qui suscite l’indignation de la mairie qui y a fait pour 500.000 euros de travaux de restauration à ses frais, ainsi que des locaux qui ont découvert que le diocèse avait acquis l’église auprès de Sacilor avec d’autres chapelles pour… un franc symbolique. La mairie demande au diocèse de lui cèder l’église, sur les vitraux de laquelle figurent les armes de la famille de Wendel, ainsi que la vie des mineurs et des sidérurgistes de la commune, pour un euro symbolique.
En avril dernier le diocèse de Nancy avait lancé le processus de recrutement; en septembre, le nom du nouvel économe a été dévoilé en septembre, avec une embauche au 1er novembre pour permettre un tuilage avec son prédécesseur; il s’agit d’un ancien dirigeant du groupe immobilier lorrain Mentor, Christophe Larivière, qui sera aussi responsable du GIE commun entre les diocèses de Nancy et Saint-Dié, mais un économe distinct devrait être embauché par ce diocèse en mars prochain, nous précise-t-on :
« À l’approche de la fin de mandat de Michel Petitdemange, économe diocésain, le diocèse a procédé au recrutement d’un nouvel économe. Christophe Larivière, 57 ans, habitant Essey-les-Nancy, ancien directeur général du Groupe Mentor (acteur de l’immobilier en Lorraine) sera appelé à la mission d’économe diocésain pour le diocèse de Nancy et Toul à compter du 1er janvier 2025.
La collaboration étroite avec le diocèse de Saint-Dié se poursuivra au sein du Groupement d’Intérêt économique dont la gouvernance sera revue. Monsieur Larivière sera embauché à partir du 1er novembre, ce qui lui permettra une prise de contact avec l’équipe de l’économat, un tuilage avec Monsieur Petitdemange et une première découverte du diocèse sur le terrain« .
Le 31 décembre dernier, le précédent économe, au jour de son départ en retraite, a envoyé un message au clergé du diocèse de Nancy – il est intéressant notamment de relever la comparaison entre le nombre de prêtres décédés dans les deux diocèses et ceux qui y ont été ordonnés – depuis 1999 à Saint-Dié et 2005 à Nancy donc :
Chers amies et amis dans le Christ,
Au moment de mon départ en retraite, je tiens, à saluer chacun d’entre vous fraternellement au sens étymologique du mot salut chrétien, celui d’entrer dans ce plan de Dieu pour chacun de nous qui avons osé devenir serviteur de cette bonne nouvelle.
J’ai achevé pour le diocèse de Nancy ma mission d’économe. J’ai beaucoup aimé ce ministère malgré toutes ses difficultés et ingratitudes. Ce choix n’a pas été mon initiative. J’ai été appelé à l’exercer au même moment que j’ai été appelé au diaconat en 1999. D’abord économe dans les Vosges, j’ai été appelé à relever le défi d’assumer cette mission dans deux diocèses en 2005. La principale difficulté de cette mission est de conjuguer le rôle de donner les moyens économiques à tous les acteurs de l’évangélisation, avec le rôle de vigilance sur la bonne fin des moyens mis en œuvre pour la mission ecclésiale.
L’autre grande difficulté est de vivre notre service à l’articulation des frontières entre le spirituel, le pastoral et le temporel. Enraciné dans le temporel, il nous appartient d’intégrer la vision pastorale et de vivre notre mission spirituellement. Dans la gestion des biens et des personnes, il se proclame l’annonce du Royaume des cieux. D’où la dimension diaconale de ce ministère économique qui se vit comme ministère du seuil.
Econome pendant 20 ans à Nancy, j’ai vécu une profonde transformation de l’Eglise sans toutefois qu’Elle ne se réforme suffisamment en profondeur. Un des nombreux signes de ces changements est l’évolution du nombre de prêtres. Je tiens à honorer la mémoire des prêtres décédés, j’ai vu mourir, dans les deux diocèses, 335 prêtres pour 15 nouvelles ordinations. Quelle institution qui perdrait ses cadres dans ces proportions pourrait conserver toute sa dynamique ?
La transformation de son environnement a également bouleversé fondamentalement son organisation, sa doctrine, ses certitudes. Sans évoquer, la crise interne de l’Eglise qui est d’ordre systémique et dont les désordres ont largement débordé le plan temporel. Economiquement, nous avons sans cesse été dans la nécessité de s’adapter et de proposer des initiatives pour apporter les meilleures réponses. Dans ce contexte, comment ne pas toujours avoir été à la hauteur des attentes, des demandes ? Je le regrette.
Je regrette aussi certains échecs tels que l’Union Saint Calixte qui combinait solidarité, financement et dynamique immobilière, sans nuire au saint principe de la subsidiarité. Cependant, j’ai la joie, avec le service de l’économat, d’avoir osé être une force de propositions et de mise en œuvre de solutions nouvelles. Aujourd’hui, le diocèse de Nancy est classé pour ses résultats économiques et financiers dans les 33 % des diocèses les plus résistants. Autre joie, celle d’avoir aidé, malgré toutes les sources de division, à cette prise de conscience de l’unité de notre Eglise diocésaine et de sa participation au bien commun.
Je tiens à vous remercier chacun d’entre vous pour votre collaboration active. En premier, tous les membres de l’économat. Ils sont formidables, chacun pour ses charismes. Je rends grâce pour leur amitié et le niveau très élevé d’engagement. Nous avons formé une communauté d’actions et d’esprit ecclésial. Ensuite tous les acteurs de la vie diocésaine où le dialogue a toujours été recherché, parfois rugueux, compliqué mais très souvent fraternel.
Puisse cette Eglise poursuivre son chemin de transformation en profondeur, en osant passer sur l’autre rive de manière choisie et déterminée, à l’écoute de l’Esprit Saint. Je reste convaincu que nous ne lisons pas assez ses messages et que le ministère économique peut participer activement à cette relecture nécessaire. Pour l’amour de l’Eglise, restez uni, l’Eglise est le seul lieu de la parousie du Christ dans ce monde.
J’attends une nouvelle mission diaconale dans le diocèse de Saint-Dié quand un nouvel évêque sera nommé.
Bien fraternellement.
Michel PETITDEMANGE en date du 31 décembre de l’an de grâce 2024.