Dans le diocèse de Belfort, un prêtre fidei donum originaire du Togo – et rentré dans son pays depuis un an – a été condamné à un an d’emprisonnement pour agression sexuelle sur une paroissienne en juillet 2023, après une messe aux intentions de sa mère, disparue un an plus tôt.
Cette dernière avait rapporté avoir été agressée sexuellement au domicile du prêtre dans un presbytère belfortain, le 4 juillet 2023 – le prêtre avait suspendu le prêtre, et les faits signalés au parquet; puis il avait été libéré sous contrôle judiciaire. L’homme, alcoolisé après une réception organisée à l’issue d’une messe, l’a contrainte à des attouchements malgré ses refus explicites, a-t-elle témoigné lors du procès. Néanmoins il a fallu attendre juillet 2024 pour que le diocèse communique sur le sujet.
Le prêtre avait quitté la France en août 2024 pour assister au Togo à des cérémonies de deuil après la mort de sa mère, pourtant décédée deux ans plus tôt. Un servant de l’Église a conforté la version de la victime en indiquant aux enquêteurs que le religieux lui avait confié avoir eu des « gestes déplacés » envers elle. “Le tribunal a assorti sa condamnation d’une interdiction définitive de séjourner sur le territoire français et d’exercer toute fonction de prêtre en France. L’Église l’a quant à elle suspendu de ses fonctions”, indique encore la presse. Au Togo, la presse locale a aussi relayé cette condamnation.
Les fidèles de Belfort mis au courant un an après ?
On apprend néanmoins que le prêtre en question avait commis les faits en juillet 2023, est reparti dans son pays en août 2023 “pour préparer les obsèques de son père” et avait été suspendu par Mgr Jachiet à l’automne 2023, mais sans publication. Les faits ne sont rendus publics qu’en juillet 2024, un an après...quand le tribunal et la presse communiquent sur cette affaire.
En fin de compte, ” lors du procès en l’absence du prêtre resté au Togo (Par la voix de son avocate, le prêtre explique au tribunal être souffrant et ne pas pouvoir revenir en France pour le moment), le tribunal est allé au-delà des réquisitions du parquet en condamnant Mawuena Hounto à une peine d’un an de prison ferme avec mandat d’arrêt. Il lui est également interdit de paraître de manière définitive sur le territoire français et d’y exercer la fonction de vicaire. Le processus canonique, suspendu en l’attente de la décision de la justice d’État, va désormais se poursuivre, notamment via son évêque au Togo à qui je [Mgr Denis Jachiet] communique la sentence du Tribunal de Belfort”.
Deux ans dans le diocèse d’Angers
Aussi connu sous le nom de Jouachim Hounto, ce prêtre né en 1978 et ordonné en 2012 a passé un an dans le diocèse de Belfort en 2017, avant de partir pour la Catho d’Angers suivre un diplôme universitaire de solidarité internationale – en étant le dimanche de 2018 à 2020 dans la paroisse de Sevremoine (St Macaire en Mauges) qui avait d’ailleurs publié son CV. Il était ensuite retourné à Belfort où il était vicaire à Saint Jean-Baptiste, une des paroisses de la ville.
Et les fidèles du Togo, sont-ils au courant ? Visiblement non, puisque dans les nominations de son diocèse d’août dernier il est toujours indiqué comme étant en études en France.
Communiqué du diocèse de Belfort :
Nous venons d’apprendre la condamnation pour agression sexuelle sur personne majeure d’un prêtre fidei donum d’un diocèse du Togo en mission à Belfort et reparti dans son pays depuis plusieurs mois.
Dès que nous avions pu prendre connaissance de ces accusations, à l’automne 2023, je lui avais signifié sa suspension de l’exercice public du ministère et nous avions procédé à une enquête canonique préliminaire. En juillet 2024, ce prêtre a fait l’objet d’une mise en examen par le Parquet et vient d’être jugé coupable. Le processus canonique, suspendu en l’attente de la décision de la justice d’État, va désormais se poursuivre, notamment via son évêque au Togo à qui je communique la sentence du Tribunal de Belfort.
Je tiens à manifester une nouvelle fois à la victime toute ma compassion et à redire ma ferme détermination de prévenir tout abus au sein de notre Église diocésaine.
En tant que figure d’autorité spirituelle, chaque prêtre est tenu à un comportement d’exemplarité. J’encourage chacun d’eux, comme je l’ai déjà fait à plusieurs reprises, à un respect strict des normes de prudence dans l’écoute des personnes. Ces dispositions, rappelées tout récemment dans les documents votés par la Conférence des Évêques de France, ont également fait l’objet d’un approfondissement à l’échelle locale avec l’ensemble des prêtres du diocèse. Si ces actes, que je condamne fermement, ont été commis par un homme exerçant un ministère au sein de l’Église catholique, je tiens à souligner le dévouement fidèle et respectueux de la majorité des membres du clergé.
Je souhaite exprimer tout mon soutien et ma proximité à tous ceux qui, une fois encore, sont blessés et trahis dans leur confiance en l’Église.
Mgr Denis Jachiet,
Évêque de Belfort-Montbéliard