Mgr Étienne Guillet, actuellement curé de Mantes-la-Jolie, sera sacré évêque le 16 février en la basilique-cathédrale de Saint-Denis. Il a été interrogé dans Le Pèlerin :
En quoi les communautés des quartiers populaires ont-elles fait évoluer votre façon d’être prêtre ?
J’ai appris qu’il vaut mieux bâtir une communauté paroissiale sur les plus fragiles que sur les plus brillants. Le scoutisme et une école de commerce m’avaient formé à une culture du leadership. Mais à Trappes (Yvelines), pendant neuf ans, j’ai appris l’essentiel : écouter l’Esprit saint parler à travers des personnes qui n’ont pas l’habitude qu’on leur demande leur avis quand elles travaillent sur les chantiers, font les lits dans des hôtels, etc.
Comment s’exprime la vitalité de ces paroisses ?
Parmi les jeunes et les adultes qui demandent le baptême dans le diocèse de Versailles (Yvelines), un bon tiers vient de quartiers marqués par la diversité. Leur présence dans les grands rassemblements (Journée mondiale de la jeunesse, Frat…) est également massive. Pour moi, Dieu donne à l’Église de France de vivre quelque chose de particulier. À Trappes, j’ai constaté qu’un quart des fidèles choisit cette paroisse bien que n’habitant pas son territoire. Ils y sont attirés par une communauté fervente et simple, composée de personnes dont la vie, souvent compliquée, est centrée sur l’essentiel : le Christ, la fraternité. On ne s’y perd pas en querelles.
Qu’est-ce qui attire ces nouveaux baptisés vers l’Église ?
C’est mystérieux ! La figure du Christ : son enseignement leur parle. De même que la joie exprimée dans les célébrations, l’accueil qui leur est fait. Ils deviennent très vite missionnaires, car la sécularisation n’a pas pénétré dans les quartiers populaires. Parler de Dieu à l’école, chez le coiffeur ou au kebab ne surprend personne. Ils côtoient d’autres religions… Au contact de chrétiens évangéliques, de musulmans, les jeunes sont rapidement amenés à penser leur foi, à mettre des mots dessus, à rendre compte de leur espérance. Je crois qu’ils sont davantage missionnaires. […]