Dans le dernier numéro du Courrier de Rome (n°681, décembre 2024), l’abbé Jean-Michel Gleize évoque les rumeurs d’interdiction de la célébration de la messe traditionnelle au prochain Pèlerinage de Notre-Dame de Chrétienté.
Extrait de l’article Un pèlerinage schismatique ? de l’abbé Jean-Michel Gleize
A ces raisons sérieuses, quelle réponse nous opposent ceux qui, au sein de la mouvance Ecclesia Dei, voudraient refuser eux aussi la célébration de la messe de Paul VI mais sans pour autant faire cause commune avec la Fraternité Saint Pie X, réputée schismatique ? La liturgie traditionnelle du Missel de 1962 est « leur ADN », autant dire leur liturgie particulière. L’accent est mis sur la valeur préférentielle de l’Ordo Missae de saint Pie V, sans que soit envisagée une critique du Novus Ordo aboutissant à son refus de principe. Le refus, s’il en est un, reste tout factuel et relatif, pour des raisons de sensibilité personnelle (ou « d’ADN ») qui ne convaincront plus personne dès lors qu’il s’agira d’évaluer les choses en se plaçant au point de vue du bien commun de toute l’Eglise, prise comme telle.
De ce point de vue, principal et absolu, les autorités conciliaires ne peuvent pas admettre de la part d’une partie de l’Eglise, le refus de la messe de Paul VI, celle qui est célébrée officiellement par le Souverain Pontife et qui représente à ses yeux l’expression majeure du bien commun de toute la société. Ou plus précisément, ainsi qu’a voulu le rappeler Benoît XVI, la forme ordinaire du rite catholique. Et de ce même point de vue, la Fraternité Saint Pie X, ainsi que tous les catholiques qui s’efforcent de préserver la Tradition dogmatique et disciplinaire de l’Eglise, ne peuvent admettre, eux non plus, un refus de la messe de Paul VI qui se revendiquerait seulement comme l’expression d’une préférence particulière, et qui ne voudrait pas voir dans le Novus Ordo Missae une porte ouverte à l’hérésie et un grave danger pour le bien commun de l’unité de foi et de culte, reléguant la vraie messe catholique de toujours au statut précaire d’une misérable forme extraordinaire.
Schisme réel et schisme imputé
Pour avoir voulu, le 2 juillet 1988, échapper à l’accusation de schisme, la mouvance Ecclesia Dei est aujourd’hui exposée à en subir les assauts redoublés : de la part des membres de l’institution ecclésiale, qui vont finir par lui adresser le même reproche jadis lancé à l’encontre de Mgr Lefebvre, dès les ordinations de 1976 ; de la part aussi de la Fraternité Saint Pie X, aux yeux de laquelle la revendication, même exclusive, de la liturgie traditionnelle comme d’une liturgie simplement optionnelle, et dans le meilleur des cas préférentielle, aux côtés de la nouvelle liturgie de Paul VI, revient à cautionner la tendance schismatique qui définit comme telle l’Eglise conciliaire.
Comment en effet revendiquer une tolérance intolérante, une tolérance à sens unique, de la part d’autorités qui apparaissent d’autant plus schismatiques qu’elles s’éloignent davantage, en raison des principes faux entérinés avec Vatican II et la réforme liturgique de Paul VI, des principes de la véritable unité de foi et de culte du catholicisme ? Tel est l’éternelle illusion du catholique libéral. Tel est aujourd’hui le leurre de cette auto-justification de l’ADN, qui fait le lit de l’Eglise conciliaire, en attendant de se voir traitée de schismatique, de tous les côtés.
Le choix n’est donc plus, à l’heure qu’il est, qu’entre deux schismes : le réel ou l’apparent. Et le schisme apparent, odieusement imputé à la Fraternité Saint Pie X, n’est ici que la rançon du maintien de l’indéfectibilité de l’Eglise, sournoisement calomniée par le néo modernisme 10, mais qui persévère à travers l’opération survie de la Tradition.
Abbé Jean-Michel Gleize, FSSPX
Monsieur l’abbé Gleize, chartiste et donc ayant reçu sa formation intellectuelle par des enseignants protestants n’a visiblement pas beaucoup de notion biologique pour assimiler l’ADN à une sensibilité personnelle, alors qu’il est porteur du patrimoine génétique indépendamment de toute volonté personnelle.
La Fraternité saint Pie X et les communautés Ecclesia Dei partagent le même ADN car toutes héritières du même patrimoine et n’ont pas subi l’anomalie chromosomique de Vatican II.
Il ferait mieux de vanter les mérites du sacre de 1988 qui a permis le développement “extraordinaire” des communautés Ecclesia Dei et jouant ainsi le rôle de l’ARN messager de la Tradition au sein de l’Eglise devenue infertile invalidant ainsi le schisme pour y préparer par filiation reconnaissante l’accueil triomphant de la FSSPX quand la Tradition y aura repris toute la place qu’elle n’aurait jamais dû perdre.