La synodalité çà sert à tout… même à justifier une (énième) réduction du nombre de paroisses dans un diocèse afin de lui “permettre de vivre d’une façon pérenne pour les 15 années à venir“. D’ici là, Mgr Garin, l’actuel titulaire du siège de Saint-Claude, dans le Jura, aura été nommé ailleurs…
“Trois doyennés se mettent en route. Ils sont un peu précurseurs dans le diocèse. Il s’agit des doyennés du Nord Jura, de Chaussin et de Morez. Des doyennés aux réalités différentes mais qui ont un point commun : leurs frontières géographiques ne bougeront pas lors de cette simplification qui consiste à passer de doyenné à paroisse. De plus, le doyenné de Morez avait clairement inscrit cette priorité dans son projet synodal.
Plusieurs étapes vont être vécues par ces doyennés : fusionner les comptabilités, trouver un nouveau nom pour la paroisse et commencer à voir comment les communautés locales peuvent vivre au niveau pastoral. Des rencontres sont prévues sur les trois doyennés pilotes à la fois pour informer et pour consulter les paroissiens, qu’ils puissent réagir aux informations données. Le processus synodal se poursuit. Après cette année de lancement, la simplification continuera à se déployer sur les autres doyennés”.
En septembre 2024 le diocèse de Saint-Claude présentait les résultats de sa démarche diocésaine synodale : “Vous aimez les prêtres, vous voulez des prêtres heureux. Vous avez entendu leur souhait d’arrêter la multiplication des instances, des réunions de toute sorte ; l’accumulation des missions ; arrêter de mettre le curé au centre de tout. Vous demandez qu’eux aussi soient plus en « visitation ». Vous souhaitez des prêtres heureux, et que l’évêque soit plus attentif au charisme de chacun”.
Résultat : “Même si le droit canon permet de confier l’administration d’une paroisse à une équipe de laïcs, voire à un diacre (canon517 § 2), il faut dans tous les cas qu’un prêtre modérateur de la charge pastorale soit nommé. Or un prêtre ne peut accompagner à lui seul 7 ou 8 EAP et 7 ou 8 CEP. Oui, nous nous orientons vers une réduction du nombre de paroisses pour diminuer le nombre de comptabilités, le nombre de réunions et d’instances […] devant la perspective de simplifier l’organisation du diocèse en allant vers 12 à 15 paroisses, des craintes s’expriment. Il ne s’agit pas de créer des déserts spirituels. Il nous faut cependant être lucides. Notre diocèse a un système organisationnel complexe (plus de 70 comptabilités !)”.
Donc pour simplifier la vie aux comptables, “aimer les prêtres” et simplifier la structure du diocèse sans paraître abandonner toute la ruralité dans un diocèse aux nombreuses vallées encaissées et qui manque d’axes transversaux du fait de sa géologie – cela a d’ailleurs rendu très difficile l’établissement de lignes de chemin de fer au XIXe, et Morez en est un très bon exemple avec cinq viaducs et trois tunnels pour la relier à la gare voisine de Morbier, distante de 1500 m à vol d’oiseau, il faut enrober tout cela d’éléments de langage. Admirons ensemble la beauté du vide :
“Il ne s’agit pas de déserter certains lieux. Il s’agit de réorienter davantage les forces vers la mission que dans l’administration. C’est pourquoi cette simplification administrative ne peut se faire qu’en maintenant et démultipliant les fraternités locales, les mouvements, les groupes de prière qui assureront la proximité, maintiendront vivantes les communautés locales, feront vivre les églises, développeront la pastorale de la Visitation. Le pape François définit la paroisse comme une « communauté de communautés » (EG 28), je préciserai une « communauté de Fraternités, de mouvements, de groupes de prière ».
C’est un chantier que nous entreprendrons peu à peu, pas à pas. Cette transformation ne se fera pas d’un coup, et partout en même temps. Le Conseil épiscopal accompagnera chaque doyenné progressivement. Cela se fera sur une ou deux années ! Cette transformation s’accompagnera d’un renouvellement des modalités d’animation des paroisses. Nous essaierons de faire en sorte que chaque paroisse soit animée par une équipe de 2 prêtres minimum (l’idéal serait 3). Il nous faudra bien sûr regrouper les comptabilités et surtout renouveler et préciser la mission des Conseils économiques paroissiaux qui joueront un rôle important.
Progressivement, des FLAM, des Fraternités Locales d’Animation Missionnaires, remplaceront les EAP. Les 4 mots sont importants : la Fraternité Locale (c’est-à-dire la proximité), Animation, Mission. Elles auront, avec les prêtres et les diacres, la charge d’animer la paroisse dans une perspective missionnaire. La Fraternité des missionnaires diocésains sera chargée de soutenir ces FLAM. Le but étant que chaque membre d’une FLAM ait un référent au niveau de la Fraternité des missionnaires diocésains.
[…] Un équilibre délicat est à trouver. Il dépend beaucoup du contexte dans lequel les paroisses ou le doyenné se trouvent. De fait, les régions de notre diocèse sont différentes et je pense qu’il ne peut y avoir une réponse identique partout. Il faut s’adapter à la réalité du terrain. J’ai conscience aussi, il faut le dire, que les réponses peuvent aussi dépendre de la sensibilité du curé. Il nous faut à ce sujet entreprendre un discernement communautaire“.
A charge pour l’évêque dans quinze ans chargé de trouver le fonctionnement pérenne pour quinze ans encore de fusionner les doyennés en une paroisse diocésaine unique, “animée” par l’ensemble des cinq à dix curés restant, et de remplacer les FLAM par les EAP, en faisant l’éloge sur quinze à vingt pages d’une lettre pastorale de ”l’Elan de l’Activité Pastorale” ou tout autre fadaise (pauvres arbres !). Quant à Mgr Garin, il pourrait postuler comme ministre de la (non) réforme des comptes publics dans un gouvernement “pérenne” destiné à durer trois ou six mois…
Ce sera l’occasion de tester in situ la “catho-laïcité” d’Emmanuel Macron, où les Eglises sont censées servir de béquilles à une fonction politique qui a du mal à se réinventer et encore plus à protéger les français face aux crises à répétition (quand elle ne les aggrave pas). Problème : l’Eglise aussi manque d’inspiration.
Il faudrait aussi se poser la question du manque de fidèles qui masque le manque de vocations…
D’ici 15 ans le diocèse de Saint Claude aura simplement été regroupé avec un autre diocèse
Rien à voir avec la synodalité.
C’est au manque de ressources humaines, prêtres, bénévoles, salariés, que le diocèse cherche à pallier.
Personne n’est dupe!
Et comme le dit Joel, le manque de fidèles, et de fidèles fidèles, est aussi la question qu’il faut se poser.
Dans un diocèse au relief escarpé et encaissé, regroupement veut dire, réduction significative de l’accès au sacrements et à la vie Catholique collective pour les fidèles…