Ce n’est pas seulement la messe traditionnelle qu’ils abhorrent. C’est aussi toute marque traditionnelle de piété. Le cardinal Blase Joseph Cupich, archevêque de Chicago depuis septembre 2014 et cardinal depuis novembre 2016, vient de publier un texte, dans lequel il invoque le sacro-saint concile Vatican II pour réprimer la communion à genoux, qui n’a pourtant jamais été interdite. Il estime que cela perturbe le mouvement de communion. Il ferait mieux de réinstaurer les tables de communion. Austen Ivereigh, biographe du pape François, s’est réjoui de cette lettre sur X (et s’est pris une volée de bois vert par les internautes en commentaire)
contre la mode qui consiste pour certaines personnes à se jeter à terre ou à s’agenouiller pour recevoir la communion, car cela est plus « respectueux ». C’est ostentatoire et cela perturbe ce qui est, dit-il, une procession liturgique des fidèles.
La mode, sic, le terme respectueux entre guillemets…
Voici le texte du cardinal :
‘Alors que nous prions …’
11 décembre 2024
Nous avons tous bénéficié du renouveau de l’Église inauguré par le Concile Vatican II. Ce rassemblement des évêques catholiques du monde entier et des chefs des ordres religieux masculins s’est déroulé en quatre sessions, de 1962 à 1965.
Seize documents relatifs au renouveau de l’Église ont finalement été publiés, mais il est significatif que les pères du concile aient décidé que leur premier document porterait sur la restauration de notre mode de culte. Ils ont pris au sérieux l’ancienne maxime « lex orandi, lex credenda », une expression souvent associée à Prosper d’Aquitaine, un écrivain chrétien du cinquième siècle. Elle signifie simplement que la loi de la prière établit la loi de la croyance.
En reconnaissant cette relation entre la manière dont nous célébrons le culte et ce que nous croyons, les évêques du concile ont clairement indiqué que le renouveau de la liturgie dans la vie de l’Église est au cœur de la mission de proclamation de l’Évangile. Ce serait une erreur de réduire le renouveau à une simple mise à jour de notre liturgie pour l’adapter à notre époque, comme s’il s’agissait d’une sorte de lifting liturgique. Nous avons besoin de la restauration de la liturgie parce qu’elle nous donne la capacité de proclamer le Christ au monde.
Ainsi, par exemple, le Concile a appelé à la participation pleine, active et consciente de tous les baptisés à la célébration de l’Eucharistie pour refléter notre conviction que, dans la liturgie sacrée, les fidèles deviennent le Corps du Christ qu’ils reçoivent.
Notre rituel de réception de la Sainte Communion revêt une signification particulière à cet égard. Il nous rappelle que la réception de l’Eucharistie n’est pas une action privée mais plutôt communautaire, comme l’implique le mot même de « communion ». C’est pourquoi la norme établie par le Saint-Siège pour l’Église universelle et approuvée par la Conférence des évêques catholiques des États-Unis est que les fidèles procèdent ensemble pour exprimer qu’ils s’avancent en tant que Corps du Christ et qu’ils reçoivent la Sainte Communion debout.
Il est important de rappeler que les processions font partie de la liturgie depuis les premiers jours de la pratique chrétienne. Elles nous donnent une expérience concrète de ce que signifie être un peuple de pèlerins, en nous aidant à garder à l’esprit que nous cheminons ensemble vers la plénitude du banquet céleste que le Christ a préparé pour nous. C’est pourquoi nous entrons dans l’église par la procession, nous montons pour apporter les dons, nous recevons la Sainte Communion et nous sortons à la fin de la messe pour porter le Seigneur dans le monde.
Rien ne doit être fait pour entraver l’une ou l’autre de ces processions, en particulier celle qui a lieu pendant le rituel sacré de la communion. Perturber ce moment ne fait que diminuer cette puissante expression symbolique, par laquelle les fidèles en traitement expriment ensemble leur foi dans le fait qu’ils sont appelés à devenir le Corps même du Christ qu’ils reçoivent. Certes, la révérence peut et doit être exprimée en s’inclinant avant la réception de la Sainte Communion, mais personne ne doit s’engager dans un geste qui attire l’attention sur soi ou perturbe le flux de la procession. Cela serait contraire aux normes et à la tradition de l’Église, que tous les fidèles sont invités à respecter et à observer.
La loi de la prière établit la loi de la foi, c’est notre tradition. Lorsque les évêques ont entrepris de restaurer la liturgie il y a six décennies, ils nous ont rappelé que ce principe ancien occupe une place privilégiée dans la tradition de l’Église. Il doit continuer à nous guider à chaque époque.