Le cardinal Bustillo a été interrogé dans Le Point à propos de la venue du pape en Corse. Extrait :
La piété populaire sera au cœur de cette visite pastorale. En quoi la Corse présente-t-elle des particularismes dans ce domaine ?
La Corse a des traditions assez uniques. Je ressens dans cette île beaucoup de liberté, à travers l’engagement des nombreuses confréries, le succès des processions, les manifestations du sacré dans l’espace public… Ici, tout le monde se retrouve dans les processions : des personnalités de droite, de gauche, etc. Il n’y a pas d’opposition idéologique. Cette religiosité populaire unifie et apporte un élément important à une société occidentale qui est très « cérébrale ». C’est-à-dire basée sur la théologie et l’intellect. La piété populaire y ajoute une autre dimension. Quand on marche, quand on chante, quand on porte un saint en procession, on donne une visibilité à la dévotion. Une visibilité qui n’est pas de l’exhibition, mais qui est une manifestation propre de la foi.
Comment cette religiosité populaire s’articule-t-elle avec la laïcité ?
De façon naturelle. Il existe en Corse, une laïcité originale et dynamique. La façon de l’incarner est différente, selon l’Histoire et la culture. Lorsqu’il y a une procession, les autorités publiques insulaires participent à la célébration avec le peuple. Chacun conserve sa fonction. Un homme d’Église ne dira jamais à un élu ce qu’il doit faire et inversement. Nous échangeons de manière mature, sans vouloir dominer ou manipuler une institution ou l’autre, là où, sur le continent, on retrouve souvent de la conflictualité. Je pense que la Corse peut être un laboratoire de laïcité et apporter à la France une forme de sérénité pour créer moins de crispations sur cette question. […]