Dans une circulaire, Mgr Bosco Puthur, administrateur apostolique de l’archidiocèse d’Ernakulam-Angamaly, a demandé aux prêtres et aux laïcs de l’Église catholique orientale syro-malabare de « ne pas s’associer aux organisations qui critiquent la position officielle de l’Église ou qui s’en prennent à sa hiérarchie sur les réseaux sociaux ». Les tensions liturgiques se poursuivent et s’aggravent dans l’archidiocèse indien, qui vient d’ordonner huit nouveaux prêtres. Après avoir été longtemps retardée, l’ordination a eu lieu dimanche 4 novembre au séminaire du Sacré-Cœur de Thrikkakara.
Mgr Bosco Puthur, administrateur apostolique de l’archidiocèse d’Ernakulam-Angamaly, a finalement accepté de les ordonner à condition qu’ils signent une déclaration attestant qu’ils acceptent de remplir leur mission sacerdotale selon les lois de l’Église. Il a fait cette demande en particulier en référence à la forme « unifiée » de la célébration de la Sacra Qurbana – la liturgie eucharistique des communautés syro-malabares – qui est source de tensions depuis des années dans l’Église orientale.
Dans la circulaire, que les prêtres de l’archidiocèse devaient lire aux fidèles durant les messes dominicales du 3 novembre, l’évêque a également annoncé que la police serait déployée devant la Curie, afin d’empêcher « tout rassemblement sans l’autorisation de l’administrateur apostolique ».
« Presque deux cents prêtres ont participé à l’ordination », selon le père Kuriakose Mundadan, secrétaire du conseil presbytéral de l’archidiocèse d’Ernakulam-Angamaly. « D’habitude, dans la liturgie d’ordination, la première partie est consacrée à l’ordination elle-même, puis la première Sainte Messe est célébrée », a-t-il expliqué.
« Beaucoup de prêtres de l’archidiocèse ont participé à la cérémonie d’ordination. Mais ils ont boycotté la première messe des nouveaux prêtres avec Mgr Bosco Puthur, afin d’exprimer leur mécontentement avec les nominations récentes et sur le fait que les nouveaux prêtres n’aient pas l’autorisation de célébrer la messe face au peuple, comme elle est célébrée dans presque toutes les paroisses de l’archidiocèse », a-t-il ajouté.
C’est en référence à la forme unifiée de la liturgie : selon la tradition la plus ancienne, les prêtres syro-malabars célèbrent face à Dieu, mais une réforme d’une soixantaine d’années l’a fait célébrer face au peuple, comme en Occident. Sauf que les syro-malabars sont revenus à la tradition (comme quoi…). Un synode tenu en août 2021 a tranché : la célébration doit se faire face au peuple pendant la première moitié de la messe, puis dos au peuple ensuite, c’est la forme « unifiée ». Si elle a été acceptée dans les autres diocèses de l’Église orientale, la réforme s’est heurtée à forte résistance dans l’archidiocèse d’Ernakulam-Angalamy.
L’administrateur apostolique d’Ernakulam-Angamaly vit toujours sous protection policière dans l’archevêché du district d’Ernakulam. L’archidiocèse est le siège du chef de l’Église syro-malabare, l’archevêque majeur Raphael Thattil, qui administre l’Église orientale depuis son quartier général, situé à quelque dix kilomètres à l’est de la ville d’Ernakulam.
La seconde plus grande Église orientale compte 5 millions de fidèles, répartis à travers 35 diocèses et à l’étranger. L’archidiocèse d’Ernakulam-Angamaly compte quant à lui 500 000 catholiques, soit environ 10 % des membres de l’Église orientale.
Les tensions liturgiques ont entraîné des violences, des grèves de la faim, des effigies brûlées sur la place publique, des interventions policières et la fermeture de la cathédrale Sainte-Marie d’Ernakulam.