Très endettée – au point d’avoir drastiquement réduit les subventions aux associations et d’avoir fermé la piscine, la ville de Noyon dans l’Oise se voit dans l’obligation d’essayer de vendre son patrimoine communal. Si la cathédrale – gérée par l’Etat – est à priori hors d’atteinte, d’après Oise Hebdo qui documente au gré des jours la descente aux enfers de la commune et de son agglomération, plusieurs autres bâtiments seraient à vendre au plus offrant.
Parmi eux, “ l’ancienne église Sainte-Marie Madeleine“, à deux pas de la cathédrale, désaffectée et servant de stockage : “datant du XIIème siècle, cette église se situe dans le centre historique de Noyon, entre la cathédrale et l’ancienne voie gallo-romaine. L’édifice est inscrit au titre des Monuments Historiques. «Initialement gothique, l’église connut plusieurs transformations au fil des siècles, peut-on lire sur le site de la ville. L’église a été agrandie au XVIIIème : un nouveau chœur est construit en direction Nord. Après la révolution, époque durant laquelle elle fut revendue comme bien national, l’église a été transformée au XIXème siècle en distillerie-dépôt de vins et aménagée en habitation. La décoration intérieure disparaît, des cloisons et planchers sont installés. Le chœur a été aménagé en logement/bureau.»
“Partiellement rénovée entre la fin des années 1990 et le début des années 2000, l’église Sainte-Marie Madeleine sert aujourd’hui de lieu de stockage secondaire réservé aux services patrimoniaux de la commune. «Le bien nécessite une importante rénovation», reconnaît la ville qui, sur son site, ne précise aucune mise à prix”…
Voici les références indiquées sur le site de la mairie :
Commune : Noyon
Parcelle : AL 86
Adresse/Lieudit : 1 rue Saint-Antoine
Superficie : 440 m²
Surface bâtie : 300 m²
Zonage PLU : UA
Nature réelle : SOL
Cette église se trouve très près de la cathédrale – au coin des rues Saint-Antoine et de la Madeleine, on la découvre lorsqu’on est dos à la façade de la cathédrale. Classée MH, elle est aussi en covisibilité de la cathédrale – tout projet devra très certainement passer sous les fourches caudines de l’architecte des bâtiments de France.
Il est possible cependant que cette vente pâtisse du climat politique très difficile – les élus d’opposition s’y sont opposés, ainsi que certains des cadres de la municipalités, virés sans aucun ménagement, mais aussi du climat de suspicion qui entoure la vente d’autres biens municipaux et empoisonne les débats de la ville et de son agglomération.
La mairie change d’avis après le tollé : faut il y croire ?
Trois semaines après avoir mis en ligne les annonces de vente de l’ancienne église et d’un bâtiment actuellement occupé par des associations – et avoir subi un sérieux tollé local sur un sujet clivant supplémentaire, la mairie de Noyon affirme désormais que cette mise en vente n’a jamais existé et qu’il s’agissait d’un appel au mécénat. Avec des affiches en 4×3 partout en ville “biens communaux à vendre“.
De quoi susciter un sérieux scepticisme de la part de Oise Hebdo :
“Mais par un nouveau tour de prestidigitation dont elle a le secret, Sandrine Dauchelle assure, presque un mois après le début de la publicité faite à ces ventes, que l’ancienne école et l’ancienne église n’ont jamais été à… vendre.
Vingt jours, pendant lesquels l’adjoint au Patrimoine Philippe Llose a notamment déclaré pour justifier ces ventes :
- Cette église «nécessite une importante rénovation » (Actu60, le 29 octobre)
- «Il ne faut pas les laisser dépérir (notamment l’église, NDLR). À un moment, elles n’auront plus qu’une valeur moindre. Pour tous ces biens, il y a une taxe foncière, une assurance et du chauffage à payer par les Noyonnais» (France 3, le 31 octobre)
- «Rien n’a été fait sur les deux derniers mandats et (l’église) continue à se dégrader. Si ça continue, ça deviendra un tas de cailloux. À l’intérieur, il n’y a plus de vitraux, plus rien (…) on préfère qu’elle soit cédée». (Le Parisien, 12 novembre)
L’ancien adjoint au Patrimoine Fabien Crinon cingle dans les colonnes d’Oise Hebdo :
«Quelqu’un viendrait investir pour rénover l’ancienne église, mais pour en faire quoi ? On a l’impression que rien n’est anticipé et que ça se fait à la va-vite et qu’ils ont fait marche arrière vu le tollé que cela a suscité».
En clair : «Ils essayent de trouver des arguments, de jouer sur les mots pour ne pas paraître ridicule : tout cela est assez pitoyable, c’est un beau coup de bluff Madame Dauchelle».
Pour autant, pour Fabien Crinon, cette reculade, est finalement une double bonne nouvelle : «Parce que vendre un édifice patrimonial qui peut être valorisé par des visites, pour 39.000 euros – un bien faible montant – c’était ridicule».