L’abbé Arnaud Evrat, FSSP recteur de la Basilique Notre-Dame de Fribourg (Suisse) évoque dans son bulletin paroissiale les fins dernières : “Parlons des fins dernières… en vérité et remplis d’espérance !” en ce mois de novembre oùl’Eglise nous invite à prier tout particulièrement pour les défunts.
S ’il est un sujet (trop) rarement abordé aujourd’hui dans l’Église c’est bien celui des fins dernières, c’est-à-dire celui de la destinée finale de l’homme : la mort, le jugement, le paradis et l’enfer.
Pourtant, il s’agit là de vérités enseignées à de nombreuses reprises par Jésus dans l’Évangile et si les pasteurs négligent de les transmettre à leur tour, cela ouvre la porte à des croyances totalement fantaisistes, comme celle de la réincarnation, ou à des théories modernes en totale contradiction avec les paroles de Jésus et le Magistère bimillénaire de l’Église, comme celles de l’enfer vide ou de l’option finale après la mort. Plus grave encore, cela peut détourner irrémédiablement les âmes de ce pour quoi Dieu les a créées : le bonheur du Ciel.
La mort : séparation du corps et de l’âme
La mort n’est pas d’abord un phénomène médical, mais relève bien de la philosophie, puisqu’elle est la séparation du corps (matériel) et de l’âme (immatérielle). Cette dernière est faite pour être unie à un corps, elle en a besoin pour se perfectionner : il est l’interface par lequel elle peut interagir avec son environnement.
C’est ainsi que saint Thomas d’Aquin peut affirmer qu’après cette vie, l’homme ne peut plus changer son orientation vers sa fin dernière, que l’âme ne peut atteindre que moyennant le corps. Tant que l’âme demeure unie au corps, la volonté peut faire des choix, les corriger et se rectifier. En revanche après la mort cette possibilité disparaît.
Le jugement
On distingue deux jugements : le jugement particulier, qui a lieu pour chaque âme au moment de la mort ; et le jugement général, ou jugement dernier, qui sera public et aura lieu à la fin du monde, pour les hommes de tous les temps.
Lors du jugement particulier, à la lumière du Christ, toutes nos actions seront pesées, mesurées, scrutées, et en définitive, nous embrasserons notre éternité totalement en un instant, soit pour notre malheur, soit pour notre bonheur.
Car après ce jugement particulier, les âmes vont, selon qu’elles le méritent, au Ciel, en Enfer ou au Purgatoire. C’est pour cette raison que la méditation des fins dernières ne peut que nous être profitable : fuir ce qui nous effraie, aller vers ce qui nous attire. Car la vie ne dure qu’un temps, et en définitive, le seul bien impérissable que nous possédons est bien notre âme immortelle.
Le jugement général est celui que nous professons dans le Credo lorsque nous disons que le Christ « reviendra dans la gloire pour juger les vivants et les morts ». Car c’est bien notre Sauveur qui sera à même de juger toutes les créatures d’après l’usage qu’elles auront fait des grâces méritées par son œuvre de Rédemption et reçues par elles.
Mais pourquoi ce second jugement si la sentence du jugement particulier est déjà définitive ? Tout d’abord par rapport à Dieu, le jugement général fera éclater aux yeux de l’humanité tout entière, la justice divine si souvent calomniée ici-bas. Ensuite, par rapport à Jésus-Christ, qui sera le grand juge, ce jugement général servira à lui rendre l’honneur public dont les pécheurs l’auront privé. Enfin, par rapport aux hommes, le jugement général, en glorifiant les bons et en confondant les méchants, rétablira l’équilibre qui aura fait défaut sur la terre.
Lire la suite dans le bulletin Introibo, bulletin des fidèles des apostolats de Fraternité Saint-Pierre du diocèse de Lausanne-Genève-Fribourg (Suisse) (n°193, novembre 2024)