Organisé en plein achèvement du dernier synode sur la synodalité, le treizième pèlerinage Ad Petri Sedem a été aussi l’événement remarqué de cette fin de semaine romaine. Une procession en direction de Saint-Pierre, une vénération des reliques de l’Apôtre Pierre, puis une adoration à la basilique même, à la chaire de Saint-Pierre. Les pèlerins ont même eu l’occasion de passer juste avant l’aménagement de la basilique destiné à la célébration d’aujourd’hui qui clos le synode… Depuis plusieurs années, le pèlerinage du peuple “Summorum Pontificum” croise habituellement les synodes romains, comme celui de la famille en 2015, celui sur l’Amazonie en 2019 ou l’actuel synode marqué par de nouvelles propositions émises peu de temps avant la messe de clôture du pèlerinage célébrée ce matin à la Trinité des Pèlerins. Le tout accompagné par un cardinal qui ne mâche pas ses mots sur les dégradations ecclésiales actuelles, le cardinal Müller. Comme si les démarches déconstructrices étaient corrigées par ce pèlerinage qui rappelle la pérennité de la foi dans une Église qui tangue et ses fidèles qui ne se satisfont pas de cette obscurité voulue…
Tout d’abord, un pèlerinage, ce sont bien sûr des chiffres. Or dans la continuité des précédentes années, on constate un nombre croissant de participants, ne serait-ce que dans les constats « officiels ». Ainsi, la sécurité de la basilique Saint-Pierre reconnaissait qu’il y avait plus de 550 fidèles à être venus à la chaire de Saint-Pierre dans la matinée du samedi pour le Salut au Saint-sacrement. Un succès qui repose aussi sur des bonnes relations avec tous ceux qui gèrent la basilique. Preuve qu’une bonne entente, même dans un contexte où il n’a pas été encore possible d’avoir à nouveau la messe à Saint-Pierre de Rome (des messes ont été célébrées jusqu’en 2022), reste indispensable. Les responsables romains sont particulièrement sensibles au nombre et à l’atmosphère courtoise qui peut régner malgré les différends. Il est difficile d’imaginer que ce pèlerinage, qui survient en plein moment où la tentation officielle est à de l’évaporation de la foi, ne peut laisser complètement indifférent. Notons que les pèlerins ont eu l’occasion de croiser, ici et là, tel prélat participant à l’événement synodal. Bref, le pèlerinage Ad Petri Sedem, c’était l’autre rencontre romaine.
La messe célébrée à l’église de la Trinité des Pèlerins était tout aussi bondée. On pouvait y constater plus de 350 personnes dans la paroisse affectée à la Fraternité Saint-pierre à Rome. Faudra-t-il envisager une nouvelle église, plus spacieuse, pour la dernière célébration du pèlerinage ?
Des pèlerins venus du monde entier
Il faut noter la présence encore plus forte que les années précédentes de pèlerins venus du monde entier, notamment de continents ou pays éloignés de Rome et de l’Italie. Il y avait bien sûr des américains, des anglais. Mais aussi des chiliens, etc. On a aussi pu constater beaucoup d’asiatiques, signe d’un intérêt croissant dans ces pays pour la messe traditionnelle. Avec l’Afrique, l’Asie sera certainement cet autre continent à surveiller – prometteur – dans le développement de la demande « traditionnelle ». En Corée du Sud, une enquête révèle ainsi que les catholiques n’ont rien contre la messe traditionnelle. On pouvait relever une présence conséquente de jeunes, qu’ils soient venus en famille ou non, parfois venus d’autres continents. La pluralité des horizons se votait aussi dans les vêtements: des personnes que l’on aurait pu croiser dans son milieu professionnel, dans la vie de tous les jours. Au fond, le catholique traditionnel, c’est aussi un homme (ou une femme) de tous les jours qui se pose des questions et qui s’interroge sur la liturgie qu’on lui propose, Loin des accusations de vivre en réserve d’indiens, accusations aussi fréquentes que souhaitées… Or ce qui s’est passé au cours de ces trois jours démontre l’inverse : « l’expérience de la Tradition », pour reprendre une expression connue, attire et continuera à attirer des catholiques venus d’horizons différents. Malgré des textes « massues » (ils ont été répétés jusqu’en janvier 2023), suivis ensuite par une praxis aussi gênée que compréhensive, on comprend assez aisément que l’attrait pour la messe traditionnelle ne pourra jamais vraiment être enrayé et que la question se posera dans les prochaines années. Par-delà les péripéties synodales et les visées déconstructives…
Parmi les clercs, s’il faut noter la présence régulière de membres des instituts traditionnels (une mention spéciale doit être faire aux membre de l’IBP), le pèlerinage continue aussi à attirer des diocésains et des religieux. Des prêtres de différents diocèses du monde étaient donc là, rappelant aussi que ni plus, ni moins, c’est la foi qui est en jeu et que la liturgie est aussi « l’esthétique de la foi » (Dom Guéranger). On s’interrogera aussi sur ce qui devait empêcher le monde diocésain de se tourner vers les formes traditionnelles et qui semble aussi avoir échoué si l’on prend en compte « l’échantillon » que l’on retrouve à chaque fin de mois d’octobre.
Les pèlerins se retrouveront l’année prochaine. Mais cette fois-ci dans le contexte d’une année jubilaire.
Je viens de lire un article de journaliste pour de vrai.
Encore !
En tout cas, cette présence affirmative du monde traditionnel qui n’est pas un parti ni une tendance dans l’Église mais qui est la substance et l’identité même de celle-ci, s’affirme avec une belle constance et détermination.
Que les organisateurs de ce pèlerinage en soient remerciés et à leur tête, l’abbé Barthe qui en a été et reste l’inspirateur