Les semaines passent et la déchristianisation continue au Québec, et au Canada en général, obligeant de nouvelles paroisses à mettre en vente leurs églises et à les désaffecter; en 2023, un spécialiste estimait pour le Devoir que « 500 à 600 » des 2700 églises du Québec était en péril ou allaient fermer dans les années à venir. Parmi les églises récemment désaffectées et mises en vente :
- Sainte-Louise au Québec, dont l’église date des années 1857-59. « Avec le nombre de messes qui a considérablement diminué depuis la pandémie et les rares événements dans la bâtisse, les coûts de 30 000 $ annuellement n’étaient plus soutenables« .
- Shawinigan (Québec) : la paroisse Notre-Dame de la Joie réfléchit à vendre tout ou partie de ses cinq églises : « actuellement, dans un rayon d’environ deux kilomètres se trouvent les églises Notre-Dame de la Présentation, Sainte-Jeanne D’Arc, Saint-André et Saint-Sauveur. À cela s’ajoute l’église de Notre-Dame-du-Mont-Carmel dans la municipalité voisine […] Même si ces lieux sacrés continuent leurs activités, l’achalandage [l’affluence aux messes] est en chute libre. Une seule messe est prévue dans chaque église les dimanches et souvent, ces messes ne rassemblent qu’une soixantaine de personnes. Cette baisse se fait aussi sentir auprès des bénévoles. Avant, la paroisse pouvait compter sur l’appui de mille bénévoles. Maintenant, il n’en reste qu’une centaine ».
- Rivière du Loup, Québec : les églises saint François Xavier et saint Ludger sont désacralisées, la dernière messe a été précédée d’une vente d’objets religieux des églises aux paroissiens (!) : « des dizaines de paroissiens étaient présents hier pour la cérémonie effectuée [le 15 septembre] par l’abbé Régis Pellerin. Elle a été précédée d’une vente d’objets qui se trouvaient à l’intérieur du bâtiment. Les citoyens ont pu mettre la main sur des statuettes religieuses, des chandeliers ou encore des crucifix. Rappelons qu’une dernière messe se déroulera également à l’église de Saint-Ludger le 28 septembre. Une vente d’objets est aussi prévue en octobre. Une étape importante qui vise à vendre les deux églises ainsi que le presbytère de Saint-Patrice à un promoteur privé, dont le projet n’a pas encore été dévoilé ».
- Taschereau, Québec : « construite en 1924, l’église a été vendue et a connu sa dernière messe : « Selon M. Parent, l’église, construite en 1924, n’attirait plus qu’une poignée de fidèles lors des messes du dimanche […], 10 ou 15 personnes […]
On a trouvé preneur. La personne a comme projet de faire possiblement des logements dans l’église et une partie peut-être pour faire des ateliers. La partie du presbytère deviendrait la résidence [de l’acheteur]
, relate-t-il« . - Winnipeg (Manitoba) : l’église anglicane Holy Trinity, construite de façon provisoire en 1883 (!) s’effondre et se fissure, mais la paroisse ne fait aucune réparation faute de moyens – le nombre de fidèles est en chute libre. La vente du bâtiment a été approuvée par les autorités anglicanes locales.
- Chezzetcock (Nouvelle-Ecosse) : désaffectée en 2022 faute de fidèles, l’église catholique saint Anselme va être transformée en centre communautaire; le presbytère sert déjà de logement social.
- Fredericton (Nouveau-Brunswick) : passée de 1000 fidèles il y a plusieurs dizaines d’années à 50, et nécessitant 2 millions de dollars canadiens pour sa restauration, l’église protestante unie saint Paul, construite au début du XXe siècle, a été vendue au propriétaire d’une chaîne de restaurants et d’hôtels.
- Vancouver (Colombie-Britannique) : l’église protestante de Point Grey, construite en 1927-28, ne compte plus que 19 fidèles. Sa communauté a fusionné avec une autre et met le bâtiment, en bon état, en vente 10 millions de dollars canadiens. Il pourrait être racheté par une autre confession religieuse ou être converti en 6-8 logements.
- East Hants (Nouvelle-Ecosse) : l’église unie saint Paul, construite en 1953, ne compte plus qu’une poignée de fidèles qui ont rejoint une autre église voisine. Le bâtiment en bois est à vendre – comme on ne peut y installer d’assainissement personnel, l’acheteur devra en outre le déplacer ailleurs.
- Fossambault sur le Lac (Québec) : la chapelle Notre-Dame de Liesse, dont la dernière messe a eu lieu le 30 juin 2024, est à vendre, ainsi que la chapelle saint Louis du lac saint Joseph et le presbytère saint-Augustin. Pour Notre-Dame de Liesse, « construite en 1950, la chapelle aura desservi les paroissiens et les villégiateurs du secteur pendant presque 75 ans. Depuis la pandémie, elle n’était plus utilisée et le manque de bénévoles ainsi que la volonté de concentrer les activités dans les églises paroissiales ont fait en sorte que le curé et la Fabrique de la paroisse ont demandé à l’archevêque de fermer le lieu de culte« .
- Bellechasse (Québec) : deux églises ont déjà été rachetées par les municipalités pour être transformées en centres culturels, à la Durantaye et Saint-Vallier, une troisième, Saint-Raphaël, va être fermée pour être transformée en bibliothèque municipale.
- Saint-Paul de l’Ile aux Noix et Lacolle (Québec) : suite à la fusion de quatre paroisses en une, ces deux églises seront vendues. Pour la première, à vendre 99.000 dollars, elle a été construite en 1900 et sa crypte abrite deux corps.
- Val d’Or (Québec) : l’église saint Vincent de Paul est à vendre, après que la paroisse ait été obligée de refaire son champ d’épuration. Elle date des années 1940. Un acheteur avait été trouvé, mais s’est désisté après que la ville l’ait déclarée site patrimonial pour éviter sa destruction.
- Saint-Etienne de Bolton (Québec) : les obstacles normatifs et administratifs ont aussi fait échec à la volonté d’habitants de racheter l’église, désaffectée au culte après une fusion de paroisses, pour y installer des activités communautaires et une soupe populaire. La fabrique veut bien vendre au dollar canadien symbolique, mais les lieux, pour ouvrir, doivent être aux normes et nécessitent plus de 2 millions de dollars de travaux.
- Vieux-Beloeil et McMasterville (Québec) : deux églises mises en vente par la paroisse de Trinité sur Richelieu. Pour la première, « des travaux d’urgence d’une valeur d’environ 1,5 M$ doivent être réalisés sur l’église Saint-Matthieu et que toutes les demandes de subventions pour payer une partie de ces travaux ont été refusées. Selon le rôle d’évaluation 2023-2025 de Belœil, le bâtiment est évalué à 4 302 700 $« .
Des églises ont aussi été vendues récemment :
- Marieville (Québec) : l’église du Saint-Nom de Marie, construite en 1918-1920, et en vente depuis 2022, a été cédée à la fondation Bien Aimée, qui s’occupe d’accompagner les personnes âgées handicapées. Les messes catholique et copte continueront, mais la paroisse deviendra locataire des lieux.
- Granby (Québec) : le lieu de culte de l’Eglise Unie du Canada (protestants) a été vendu fin 2024 au groupe Famille Mercier qui va en faire un lieu de diffusion culturelle.
- Grand Mère (Québec) : l’église saint Jean Baptiste cédée pour un million de dollars canadiens à une association sans but lucratif, qui prévoit d’investir 15 millions de dollars pour reconvertir les lieux en 50 à 70 logements d’une à trois pièce à prix modique, afin de les louer, et de conserver sur place une petite chapelle.