Si la lettre quelque peu aigrelette de Mgr Wintzer à ses ex-fidèles de Poitiers et des Deux-Sèvres était connue, celle qu’il a écrite à ses nouveaux fidèles icaunais est passée quelque peu inaperçue. La voici :
Comme beaucoup, j’ai fait mes valises pour venir jusqu’à vous.
À la différence de certains qui partent sans savoir si un toit les accueillera, je n’avais pas cette inquiétude. Je me dois de ne pas oublier ceux qui la connaissent.
Les déménagements sont d’heureux moments. Ils permettent de faire du tri, de se séparer de beaucoup de choses. Prêtre pendant vingt ans, j’ai eu à déménager sept fois. À Poitiers depuis plus de dix-sept ans, imaginez ce que j’ai pu accumuler et dont je dois me libérer. Oui, très heureux déménagement !
Il est assez facile de laisser des objets, des meubles, des livres… Je dois surtout me libérer de beaucoup d’événements, d’expériences, de mémoires, sinon, comment pourrais-je vous découvrir, vous accueillir, vous comprendre ?
Il ne s’agit pas d’effacer son histoire, mais de servir celles et ceux, vous tous, auxquels je suis envoyé. Je ne saurais oublier ni Rouen ni Poitiers, j’espère cependant ne pas les avoir trop souvent à mes lèvres, car c’est l’Yonne qu’il m’est désormais donnée d’aimer.
« Le Seigneur dit à Abram : ‘’Quitte ton pays, ta parenté et la maison de ton père, et va vers le pays que je te montrerai. Je ferai de toi une grande nation, je te bénirai, je rendrai grand ton nom, et tu deviendras une bénédiction. Je bénirai ceux qui te béniront ; celui qui te maudira, je le réprouverai. En toi seront bénies toutes les familles de la terre.’’
Abram s’en alla, comme le Seigneur le lui avait dit » Genèse 12, 1-4.
J’ai eu le bonheur de vivre en Bourgogne pendant trois ans, au tournant des années 1970-1980, au séminaire de Paray-le-Monial. J’y ai découvert Vézelay et La Pierre qui Vire. J’y repassais une quinzaine d’années plus tard, ainsi qu’à Sens et à Auxerre, à vélo ! Avec les lycéennes et les lycéens de Rouen dont j’étais l’aumônier. Désormais, je ne serai pas de passage, jusque même être accueilli, comme le veut la tradition, au-delà de ma mort, dans le tombeau des évêques. De ce fait, je libère la place qui m’attendait à la cathédrale de Poitiers. Apprenant à devenir l’un des vôtres, je vivrai ce temps long qui seul permet de se connaître.
J’accueille l’appel de l’Église en un temps d’inquiétudes et d’incertitudes. Je n’entends pas nier que ceci est grave, mais j’aime recevoir l’inquiétude comme ce qui réveille des torpeurs. Notre repos ne sera qu’en Dieu, au terme de la route. Tant que nos vies et le monde sont, nous sommes en chemin, il n’est pas permis de s’endormir, de manquer de cette vigilance qui sait tout à la fois discerner les signes de Dieu, entendre les joies et les craintes de nos frères et sœurs en humanité, et ne pas détourner le regard devant les injustices.
Cependant, le repos, les pauses, le changement du rythme de la vie nous sont nécessaires. Les semaines dans lesquelles nous sommes, avec les vacances scolaires, et aussi les jeux olympiques et paralympiques offrent cette pause. Goûtons ce qui nous est donné. Heureux de nous découvrir en septembre et surtout à partir du dimanche 6 octobre.
Avec vous je veux poursuivre le travail de discernement auquel nous sommes toujours appelés, en le menant pour aujourd’hui.
Tout n’est pas égal, tout n’a pas la même force de vie. Choisir est certes douloureux, car choisir c’est abandonner, mais je vous bercerais d’illusions, et moi avec, en affirmant que rien ne change ni ne changera.
L’histoire biblique, faite d’exodes et d’exils, est le récit de ces pertes qui sont autant d’épreuves mais qui conduisent à reconnaître que le seul rocher, c’est le Seigneur.
Écouter, discerner, choisir, décider, mais ensemble et pour la mission. Tels sont les appels que notre Eglise se donne tout particulièrement par le synode romain dont la seconde session se célébrera dans quelques semaines. L’Église de Sens-Auxerre, je le sais, s’y inscrit, je m’y joindrai avec vous tous.
« Une seule chose compte : oubliant ce qui est en arrière, et lancé vers l’avant, je cours vers le but en vue du prix auquel Dieu nous appelle là-haut dans le Christ Jésus.
Nous tous qui sommes adultes dans la foi, nous devons avoir ces dispositions-là ; et, si vous en avez d’autres, là-dessus encore Dieu vous éclairera. En tout cas, du point où nous sommes arrivés, marchons dans la même direction » Philippiens 3, 13-16.
Je ne suis plus un jeune-homme. Je vous arrive avec une expérience presbytérale de vingt ans et un épiscopat de plus de dix-sept ans. Ce sont peut-être des atouts, mais je veux me départir de clefs de lecture liées à cela et qui m’empêcheraient de vraiment accueillir vos vies, votre vérité. Aidez-moi, si vous sentez que je demeure trop prisonnier de mes expériences passées. Aidez-moi à penser contre moi-même, pour reprendre l’excellent titre d’un récent livre.
Je vous laisse, je nous laisse avec ces appels de l’apôtre Paul parmi lesquels se trouve ma devise épiscopale. Qu’ils accompagnent notre route bientôt partagée.
Je vous remercie de bien vouloir m’accueillir parmi vous ; aidez-moi à devenir l’un des vôtres.
« Soyez toujours dans la joie, priez sans relâche, rendez grâce en toute circonstance : c’est la volonté de Dieu à votre égard dans le Christ Jésus.
N’éteignez pas l’Esprit, ne méprisez pas les prophéties, mais discernez la valeur de toute chose : ce qui est bien, gardez-le ; éloignez-vous de toute espèce de mal.
Que le Dieu de la paix lui-même vous sanctifie tout entiers ; que votre esprit, votre âme et votre corps, soient tout entiers gardés sans reproche pour la venue de notre Seigneur Jésus Christ. Il est fidèle, Celui qui vous appelle : tout cela, il le fera.
Frères, priez aussi pour nous » 1 Thessaloniciens 5, 16-25.
+ Pascal Wintzer
Administrateur de Poitiers
Archevêque nommé de Sens-Auxerre
Une très belle déclaration d’intention “discerner les signes de Dieu”, “marchons dans la même direction” , “aidez moi si vous sentez que je demeure trop prisonnier de mes expériences passées ” , “aidez moi à penser contre moi même “. Nous y serons particulièrement vigilants quant à la future attitude qu’il adoptera dans l’accompagnement des communautés traditionnelles. Puisse t-il être comblé de grâces et rempli d’un esprit de charité
Nul et verbeux. Ses états d’âme persos, je suppose que les fidèles résiduels de Sens et d’Auxerre n’en ont rien à faire, même s’ils sont agrémentés de citations évangéliques. Triste !
@ Michael : vu l’attention qu’il a porté à la communauté traditionnelle de Poitiers, il y a de quoi être bien vigilant .
Ceci dit , Sa Grandeur ( il mesure près de 2m), s’est prit dans les gencives, après avoir dit que on “l’emmerdait ” avec la messe traditionnelle, la réponse suivante :
” Nous n’avons jamais eu de soucis ni avec Mgr Rosier, ni avec Mgr Rouet, il n’y a qu’avec vous qu’on en a!”
Marec @ – Il est ce qu’en a fait Vatican2 !
Il souffre … prêtre, qu’il se tourne vers le Christ et revienne à la messe catholique (traditionnelle) son âme retrouvera le Christ qui l’accueillera comme l’enfant prodigue et lui donnera la force et les grâces nécessaires pour rester et continuer heureux sur le bon chemin.
Inquiétant.