Paix Liturgique analyse la lettre quelque peu aigre de Mgr Wintzer, nommé à Sens, à ses désormais ex-diocésains de Poitiers et des Deux-Sèvres, dont les rares lueurs de clarté au milieu des bancs de brouillard verbeux sont réservés à la haine et à l’amertume :
“Mgr Pascal Wintzer, évêque auxiliaire de Poitiers depuis 2007, a pris la suite de son archevêque, Albert Rouet, en 2012. En juin 2024, âgé de 65 ans, le voici nommé archevêque de Sens-Auxerre, c’est-à-dire d’un diocèse deux fois plus petit. L’aspect promotionnel de ce mouvement ne saute pas aux yeux. Il est probable que la mutation évoquée ait pour signification première de soulager le diocèse fondé par Saint Hilaire, passablement bousculé et appauvri depuis quelques décennies.
A la décharge de Mgr Wintzer, nommé en 2007 pour pondérer, voire rectifier les audaces de Mgr Rouet, forcené notoire de la synodalité anticléricale, la maitrise de théologie dogmatique du nouveau venu, certes validée à la Catho, pouvait renforcer une polarité spéculative gravement défaillante en terre poitevine, tant l’ineffable Albert confondait l’honneur de penser avec la fièvre de la révolte.
Qu’Aristote fît de l’étonnement l’origine et le moteur de la philosophie, suivant sur ce point son maitre Platon (notamment dans son Théétète), la soumission de l’esprit au réel est contradictoire avec le principe de la table rase. Mgr Rouet voulait penser l’Eglise autrement. Ne déjugeant son ainé que très mollement, Mgr Wintzer, enfin seul aux commandes préféra cesser de penser un réel qui lui échappait. Sous couvert de « voir loin et penser large », il ne gouvernait pas, n’enseignait rien, et sanctifiait encore moins.
Le discours de clôture, après dix-sept ans de présence à Poitiers, dévoile un bilan assez navrant pour l’auxiliaire entré par la petite porte, dont la devise épiscopale, « N’éteignez pas l’Esprit », était d’emblée d’une ambiguïté malsaine, détachée du contexte de l’épitre aux Thessaloniciens. Le voici restitué : 1e épitre, 5 14-28, lequel traite de la vigilance en attendant la venue du Seigneur. « Nous vous y engageons, frères, reprenez les désordonnés, encouragez les craintifs, soutenez les faibles, ayez de la patience envers tous. Veillez à ce que personne ne rende le mal pour le mal, mais poursuivez toujours le bien, soit entre vous, soit envers tous. Restez toujours joyeux. Priez sans cesse. En toute condition, soyez dans l’action de grâces. C’est la volonté de Dieu sur vous dans le Christ Jésus. N’ETEIGNEZ PAS L’ESPRIT, ne dépréciez pas les dons de prophétie, MAIS VERIFIEZ TOUT : ce qui est bon, retenez-le ; GARDEZ VOUS DE TOUTE ESPECE DE MAL. Que le Dieu de la paix lui-même vous sanctifie totalement, et que votre être entier, l’esprit, l’âme et le corps, soit gardé sans reproche à l’Avènement de notre Seigneur Jésus Christ. Il est fidèle, celui qui vous appelle : c’est encore lui qui fera cela. »
Celui qui cite Saint Paul hors contexte déforme l’esprit qui anime l’Apôtre des Nations. Mais puisqu’il ne se déclare redevable qu’à l’Eglise de Vatican II, on conçoit sans peine que l’Esprit qu’il s’emploie à ne pas éteindre n’est pas la troisième personne de la Sainte Trinité, celle qui, procédant du Père et du Fils, en sert indéfectiblement les vues en empruntant les voies validées par le Fils et balisées historiquement par L’Eglise. Cet esprit en recherche, affranchi des déterminations d’hier, n’est au mieux qu’une spéculation hégélienne, visant l’avènement de la philosophie par-delà toute religion. C’est tendance, non ? En attendant, les contours et les effets de cet esprit-là ont une étrange ressemblance avec celui qui, ouvertement et non sournoisement, cherche à détruire l’Eglise. Simple coïncidence ?
Force est de reconnaitre que la signification obvie imposée à l’Ecriture n’a pas réussi à inspirer quelque construction mentale avisée et féconde chez l’Ordinaire en partance. Bien au contraire, c’est une véritable anomie mentale qui s’expose dans le texte rendu public le 6 août 24. Est-ce l’émotion, la surprise, la contrariété ? Golias, dans son trombinoscope 2018/2019, l’aurait bien vu à Rennes, à Tours, ou à Bordeaux, le jour venu….Tout en concluant « un homme d’avenir assurément ! ». De fait, aucune ordination sacerdotale depuis avril 2013, ça valait bien un petit coup de chapeau. Un prêtre ordonné en juin 2018, un autre en juin 2021. Ce n’est pas ce qu’on appelle se bousculer au portillon. C’est un échec, concède l’Ordinaire. En réalité, c’est un désaveu, toujours dénié. Si le président de la CEF se fournit en Asie du sud-est, à Poitiers on ponctionne l’Afrique. Tout sauf Saint-Martin…
message qui annonce la mutation commence fort : « il vous est bon que je m’en aille ». Cette allusion au Christ préparant son Ascension, appliquée à Sa Grandeur sur le départ, pourrait choquer, sauf à la prendre au mot, à savoir que l’Esprit de Vérité viendra enfin soutenir l’Eglise qui est à Poitiers, une fois le diocèse libéré de pasteurs défaillants. L’émotion, vous dis-je ! Bon, il était temps que ça s’arrête : « Si je suis un fruit qui avait quelque jus, celui-ci est sans doute épuisé. » rapidement suivi de « vous m’avez construit, je vous en suis très sincèrement reconnaissant. » Alors, construit ou séché sur pied ? Il faut choisir. Les bourguignons ont le droit de savoir, non ?
Bref, ça cafouille, c’est flou, c’est polysémique, sans que la mission épiscopale écoulée ne donne à partager quelque axiologie. Un exemple ? « C’est parce que nous savons quel est le cœur de la foi chrétienne que nous supportons que des expressions historiques, géographiques soient très diverses. » Mais encore ? Une note en bas de page, pour les nuls, c’est trop demander ? Le cœur de la foi versus des expressions diverses ? Ne serait pas un moment paulinien pour VERIFIER TOUT ? Non, il s’en foût, il se barre…Les bourguignons ont le droit de savoir, non ?
Les rares moments de clarté du message sont réservés à la haine. Il dénonce la bêtise, Pascal, mais oui, comme Flaubert ! « Je dénonce (…) ces attitudes qui consistent à tenir pour mètre-étalon telle période du passé, le plus souvent idéalisé et qui confine au pur fantasme. » Bon, là, ceux qui n’ont pas reconnu une dérision de la Chrétienté, secouez vos méninges, ou le conservateur du pavillon de Breteuil va vous refouler vite fait pour contrefaçon.
Et ça continue ! De quel droit choisir sa liturgie, scrogneugneu, et la formater à son goût, façon années 70 ? Fausse symétrie pour étriller les fidèles du « vetus » ordo, pourtant plus jeune dans son ultime version de 1962 que son détracteur, né en 59 …. La liturgie est l’expression de l’unité, objecte l’évêque, soit, mais de l’unité de l’Eglise à travers l’histoire réelle ; et sa lex credendi est-elle jamais mieux mise en lumière qu’à travers la Messe de toujours ?
« Porter des appels pour notre Eglise », c’est bien ; car l’Afrique pourrait employer mieux ses vocations propres. Mgr Wintzer espère-t-il confirmer sa formule perdante sur le nouveau site ? Quoique « l’Eglise romaine de rite latin » soit fantasmatiquement née avec Vatican II pour nos Grandeurs dont le jus de fruit est épuisé, c’est de son Histoire réelle et de l’Esprit Saint que survit l’Eglise, malgré la troupe d’occupation qui la pille et la dévoie. Le jeu de chaises musicales qui déplace les incompétents tente de faire perdurer comme une inspiration une formule dévitalisée, verbeuse et stérile. Les bourguignons ont le droit de savoir, non ? A moins qu’ils ne le sachent que trop.
Saint Hilaire n’est pas le fondateur du diocèse de Poitiers. Il fut catéchumène de l’évêque Maxence vers l’âge de 30 ans et se mit à son service avant d’être élu évêque à la mort de ce dernier en 353.
Et pour la liturgie du lendemain de 68 qu’on veut nous présenter comme l’absolu de l’unité, ça fait un quart de siècle qu’elle divise l’Eglise y compris et surtout par et parmi ses promoteurs. Ca peut être n’importe quoi, pourvu que ce ne soit pas saint Pie V, Etrange unité, non ?
Et si unité elle fait quelque part, c’est surtout parmi ceux qui l’évitent, dans le louable but de préserver leur âme, et qui en pensent à peu près tous la même chose.