Si en France ce sont principalement saint Roch et saint Sébastien qui sont invoqués contre les “pestes” (épizooties et épidémies) chez les bêtes et les hommes, la Bretagne fait bande à part. Saint Cornély est connu dans le Morbihan, saint Thégonnec dans le Léon, et en Cornouaille, on invoque saint Herbot, dont la chapelle et l’ancienne paroisse est aujourd’hui partagée entre Loqueffret et Plonevez-du-Faou.
Assimilé (à tort?) à saint Erblon et saint Hermeland connus dans l’est de la Bretagne, saint Herbot est un saint légendaire du VIe siècle. “Selon la légende, les femmes de Berrien s’ameutèrent contre Herbot parce que leurs maris perdaient leur temps à l’écouter au lieu d’ensemencer leurs champs ou de faucher leurs récoltes. Elles le pourchassèrent, allant jusqu’à lui jeter des pierres. Herbot se mit en colère, prédisant que les habitants de Berrien ne pourront jamais désempierrer leur paroisse (c’est une explication légendaire des chaos de pierre du Huelgoat, qui n’était alors qu’un hameau de Berrien) et condamnant les habitants du hameau de Nank à ne jamais pouvoir labourer avec des bœufs car ils avaient refusé de lui en prêter.
Herbot se réfugia au Rusquec (en Loqueffret) où il fut bien reçu ; il se construisit une maison, faisant le commerce des bestiaux. Il entendait, disait-on, leur langage et n’était jamais aussi content que lorsqu’il pouvait converser librement avec eux, et commença à faire des miracles. Il fut inhumé à Saint-Herbot où son gisant se trouve dans l’église. Aussi, lorsqu’il entra au paradis, il demanda à devenir leur saint patron. La protection qu’il est supposé apporter aux bêtes à cornes l’a conduit à être très présent dans le milieu rural.
En 869, ses reliques auraient été transportées au monastère de Beaulieu, en Touraine, puis confiées aux chanoines de la collégiale établie dans le château de Loches ; une partie des reliques aurait été transportée dans l’église Saint-Hermelan de Rouen, brûlée par les calvinistes en 1562“. Il est fêté le 13 juin, et aussi invoqué pour faire du beurre.
Armand Dayot écrit, au sujet du culte rendu à saint Herbot dans l’église dont il est le saint patron : ” Le pouvoir de saint Herbot consiste à guérir les bêtes à cornes. En temps d’épizootie, son pouvoir est triomphant et c’est l’époque où sur son autel se dressent, saignantes et puantes, au milieu des essaims de mouches, des pyramides de queues de vaches. Car sous peine de voir mourir sa bête, le paysan qui l’a vouée à saint Herbot doit, aussitôt la guérison accomplie, trancher à l’animal délivré son appendice caudal et le déposer, avec une prière, aux pieds de la statue du saint“.
Huit chapelles lui étaient consacrées à Lanrivoaré, Loqueffret, Plouguin, Plouigneau, Plounéour-Trez, Saint-Thonan, Taulé, Tréflaouénan, Le Trévoux, dont subsistent celles de Plouguin, Saint-Thonan et Taulé. Plus de 120 statues lui étaient dédiées dans diverses paroisses, dont Châteaulin (ancienne église Notre-Dame au Vieux Bourg, sur une colline entre la gare et la ville actuelle située au bord de l’Aulne), Ploulec’h, Plounévez-Quintin, Collorec, Plouaret, et Quimper. Il est aussi le second patron de la chapelle Saint-Cadou à Gouesnach. D’autres statues le représentant se trouvent ou étaient à Berrien, Canihuel, Lanrivoaré, Loqueffret, Guilers, Plouédern, Pouldergat, Le Faou, Ergué-Gabéric (chapelle Saint-Guénolé), Saint-Nic (chapelle de Saint-Côme), Cast, Châteaulin (chapelle Notre-Dame), Plouguer, Saint-Goazec, Meilars (chapelle de Confors), Saint-Evarzec, Plomeur, Leuhan, Briec (chapelle de Sainte-Cécile), Tourc’h, Guengat, Plonévez-Porzay, Guimaëc (chapelle des Joies), Huelgoat (chapelle Notre-Dame des Cieux).