Interrogé dans La Croix, l’évêque d’Arras montre qu’il n’a pas ouvert ses deux yeux. Il faut dire que le journaliste pose des questions orientées :
Êtes-vous inquiet d’une victoire de l’extrême droite aux élections législatives ?
Mgr Olivier Leborgne : Il me semble que la finalité du politique est d’organiser la vie de la cité dans le respect de la dignité de la personne humaine, la recherche du bien commun et de la paix. Toute autre perspective m’inquiète. Je suis l’évêque de tous et pour tous, et je ne peux me résoudre à ce que quiconque soit passé en pertes et profits. Car le bien commun ne se satisfait pas de l’intérêt général, souvent réduit à celui du plus grand nombre. Il cherche le bien de tous et de chacun, dans une organisation sociale qui le permet.
Des partis se réclament par ailleurs d’une certaine tradition chrétienne. Or, la seule tradition chrétienne possible en ces questions, c’est celle qui s’appuie sur la parole de Jésus, notamment en Matthieu 25 – « Chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait » -, sinon c’est un mensonge. On me dit parfois que ce n’est pas possible, qu’il faut être réaliste. Pour un chrétien, le seul réalisme qui compte, c’est celui du Ressuscité. Il faut de l’audace pour oser des chemins nouveaux et refuser des replis qui ne mènent à rien.
Le journaliste aurait pu demander
Êtes-vous inquiet d’une victoire de l’extrême gauche, violente et islamophile, aux élections législatives ?
Ou encore
Êtes-vous inquiet d’une victoire de l’extrême centre pro-euthanasie aux élections législatives ?
Et il enchaine :
De nombreuses personnes se présentant comme catholiques ont choisi de voter pour un parti d’extrême droite, comment le comprenez-vous ?
Il me semble d’abord qu’un certain nombre de chrétiens, comme un certain nombre de nos concitoyens, ne sont pas convaincus mais dépités. Ils ont le sentiment d’être trompés. Ils se disent : pourquoi ne pas essayer autre chose ? Il suffit de parcourir le Pas-de-Calais pour percevoir ce sentiment de délaissement, racine de ce vote désabusé et radical. Ensuite, dans une France de plus en plus déchristianisée, se réclamer du catholicisme ne peut suffire. Le baptême est bien plus qu’un rite ou une tradition, il ouvre à la vie « avec le Christ et comme le Christ » (très belle formule du rituel de la confirmation). La foi s’habite, se professe, se travaille, il faut désirer se laisser conformer par l’Esprit Saint pour devenir disciple. L’Évangile appelle une éthique précise qui n’est pas à disposition de nos opinions.
De nombreuses personnes se présentant comme catholiques ont choisi de voter pour un parti d’extrême gauche, comment le comprenez-vous ? Ou d’extrême-centre ?
Et Mgr Leborgne déclare :
Une question me travaille : jusqu’où doit-on rappeler les exigences éthiques de manière générale ? Et à partir de quand – sur des actes précis, pas seulement sur des idées ou des opinions – il faudra, comme Mgr Saliège en 1942, dire des choses très importantes, au risque de notre réputation, de notre confort ? Là-dessus, je demande au Seigneur de me garder éveillé, et d’oser si c’est nécessaire un jour avoir une parole claire.
Visiblement il ne s’est pas posé cette question lors de la dénaturation du mariage, de l’extension de la PMA, de la constitutionnalisation de l’avortement ou lors de l’examen du projet de oi sur l’euthanasie !
Mais quel Dieu sert Mgr Leborgne ?