Le dernier numéro de l’Appel de Chartres (n°276, Mars 2024) vient de paraître.
On peut y lire notamment une belle contribution du philosophe Thibaud Colin sur le respect de la vie ; un article sur la figure de Saint-Joseph (Abbé Christophe Toulza) [Extrait ci-dessous] ; ou encore une interview d’Aude Dugast, postulatrice de la cause de canonisation de Jérôme Lejeune (dont nous fêtons ce 3 avril le 30è anniversaire de son rappel à Dieu)…
À mission exceptionnelle, sainteté exceptionnelle Saint Thomas d’Aquin ne développe pas de pensée spécifique sur saint Joseph, en revanche, il donne, à propos de la Vierge Marie, un principe qu’on peut parfaitement appliquer à saint Joseph : ce principe se résumait ainsi : « une mission divine exceptionnelle requière une sainteté proportionnée. »
Ce principe explique pourquoi la sainte âme de Jésus a reçu la plénitude absolue de grâces qui devait déborder sur nous.
C’est aussi la raison pour laquelle Marie, appelée à être mère de Dieu, a reçu une pluie de grâces.
C’est aussi la raison pour laquelle les apôtres ont connu plus parfaitement les mystères de la foi. Pour prêcher infailliblement l’Évangile au monde entier, ils ont reçu à la Pentecôte une foi très éminente, très éclairée, puisque c’est sur cette foi que devait se bâtir la foi de toute l’Église après eux.
Ce même principe explique encore la prééminence de saint Joseph sur tout autre saint :
Aucune imperfection dans les œuvres qui procèdent immédiatement de Dieu
Pour bien comprendre ce principe, il faut remarquer que les œuvres de Dieu qui relèvent immédiatement de lui sont parfaites. On ne pourrait trouver en elle aucun désordre, ni même une imperfection.
Ainsi l’œuvre divine de la création fut parfaite.
Il en est ainsi encore des grands serviteurs que Dieu se choisit lui-même exceptionnellement et immédiatement, sans l’intermédiaire d’aucun choix humain, et qui sont suscités par lui.
Une mission divine exceptionnelle requière une sainteté proportionnée : dans le cas de saint Joseph, il ne s’agit pas de mission humaine, ni même de mission angélique, mais il s’agit bien d’une mission proprement divine, et non pas d’une mission divine ordinaire, mais si exceptionnelle que, dans le cas de Joseph, elle est unique au monde dans toute la suite des temps.
On saisit mieux encore la vérité de ce principe lorsqu’on considère, par contraste, comment se fait souvent le choix humain. Les hommes choisissent souvent, pour les plus hautes fonctions d’un gouvernement difficile, des incapables, des médiocres, des imprévoyants.
Il en est tout différemment pour les personnes qui sont immédiatement choisies par Dieu lui-même et préparées par lui pour être ses serviteurs exceptionnels dans l’œuvre de la rédemption. Le Seigneur qui fait tout avec perfection leur donne une sainteté proportionnée. Ainsi, saint Joseph qui avait une mission exceptionnelle, a reçu des grâces en proportion.
Plus près de la source de la sainteté, donc plus saint
La doctrine selon laquelle saint Joseph est le plus grand des saints après la Vierge Marie tend à devenir une doctrine communément reçue dans l’Église. Ainsi cet humble charpentier est supérieur en grâce à tous les patriarches de l’Ancien Testament, au plus grand des prophètes, à saint Jean-Baptiste lui-même, et aussi aux apôtres, à Pierre, à Jean, à saint Paul, aux plus grands martyres et aux plus grands docteurs de l’Église.
Cette doctrine a été enseignée déjà par Gerson, saint Bernardin de Sienne, par saint François de Sales, saint Alphonse de Liguori, et d’autres encore.
Cette doctrine semble avoir reçu l’approbation du pape Léon XIII dans l’encyclique Quanquam pluries de 1889 qu’il consacra à saint Joseph pour expliquer le patronage de saint Joseph sur l’Église universelle. Il y écrit : « Certes la dignité de la mère de Dieu est si haute qu’il ne peut être créé rien au-dessus. Mais toutefois comme Joseph a été uni à la bienheureuse Vierge par le lien conjugal, il n’est pas douteux qu’il ait approché, plus que personne, de cette dignité suréminente par laquelle la mère de Dieu surpasse toutes les natures créées. »L’union conjugale est en effet la plus grande de toutes. À raison de sa nature même, elle s’accompagne de la communication réciproque des biens des deux époux ; si donc Dieu a donné à la Vierge Joseph comme époux, bien certainement, il ne le lui a pas donné seulement comme soutien dans la vie, comme témoin de sa virginité, comme gardien de son honneur, mais il l’a fait aussi participer par le lien conjugal à l’éminente dignité qu’elle avait reçue.
Joseph et Marie sont mariés et la sainteté de Joseph reçoit mystérieusement celle de Marie. Et voici qu’au seuil du Nouveau Testament, comme à l’entrée de l’Ancien Testament, se dresse un couple. Et tandis que le couple d’Adam et Ève fut la source du mal qui a déferlé sur le monde, le couple de Joseph et Marie est le sommet d’où la sainteté se répand sur la terre.
Abbé Christophe Toulza, FSSP
Lire l’article complet dans l’Appel de Chartres
Rappelons que les inscriptions pour le prochain Pèlerinage de Pentecôte vers Chartres sont en cours.