Dans la dernière lettre aux Amis et Bienfaiteurs (n°46, 12 mars 2024) de l’Abbaye Sainte Marie de la Garde (Saint-Pierre de Clairac), un des frères poursuit la chronique “Saint Benoît pour tous” en évoquant l’abandon :
A comme abandon
Suite à de nombreuses réponses encourageantes de votre part, nous partons pour un second tour de commentaire de la Règle !
Qu’est-ce que l’abandon ? Cette remise amoureuse et confiante de soi-même à Dieu et à sa Providence en toutes choses, parce que l’on croit qu’il a soin de nous. Toute la Règle veut nous mener à cette attitude spirituelle fondamentale.
Comment ? En nous invitant sans cesse à pratiquer les trois préliminaires de l’abandon.
1. Tout d’abord, croire à l’amour et à la bonté de Dieu pour nous. Saint Benoît insiste : « Quoi de plus doux, frères bien aimés, que cette voix du Seigneur qui nous invite ? Voici que, dans sa bonté, le Seigneur nous montre le chemin de la vie [éternelle]. » (Prologue). « Ne jamais désespérer de la miséricorde de Dieu. » (Chap. 4). Intégrons donc une fois pour toutes que l’amour infini de Dieu nous est déjà, et définitivement, acquis.
2. Ensuite, y croire de façon pratique : croire que, puisque Dieu nous aime infiniment, nous ne pouvons que faire confiance à sa Providence envers nous. Dès lors, comprendre que c’est à travers le réel concret que nous avons à vivre chaque jour (évènements, circonstances, personnes, etc.), quel qu’il soit, que Dieu nous rejoint et prend soin de nous. Ainsi, acceptons ce réel-là et d’aller à Dieu à partir de là.
3. Enfin, avoir une conscience vive du primat de la grâce dans la vie spirituelle : « Avant tout, demande-lui [à Dieu] par une très instante prière qu’il mène à bonne fin tout bien que tu entreprennes… » (Prologue). « Si l’on voit en soi quelque bien, le rapporter à Dieu et non à soi-même. » (Chap. 4). Donc saisir que, sans la grâce divine, nous ne pouvons absolument rien faire. Partant, la demander inlassablement et compter sur elle.
Alors seulement, l’abandon authentique devient possible : se laisser conduire en tout par Dieu, afin que lui-même nous mène jusqu’à lui, puisque Dieu seul mène à Dieu ! En effet, l’enjeu de l’abandon n’est pas moindre… Et saint Benoît de clore sa Règle sur la conviction absolue du primat de l’abandon : « Dieu protégeant, tu parviendras » (chap. 73).
La prochaine fois, A comme actes.
Fr. Ambroise