La presse catholique néerlandaise a publié, fin novembre et début décembre 2023, un dossier sur l’accroissement des cas de burn-out de prêtres, ainsi que des témoignages. Ce sont notamment le déclin de l’Eglise, les fusions de paroisses et les fermetures d’églises qui pèsent sur les prêtres, plus que la charge de travail.
Et ce même si les diocèses minimisent le nombre de cas, ne relevant que ceux qui étaient ou sont en dépression – deux à Roermonde, un à Utrecht, qui serait “guéri“, un à Groningen, “aucun” à Rotterdam etc. Le Katholiek Nieuwsblad communique aussi début 2024 sur la structure ouverte en France pour les prêtres victimes de surmenage, et l’étude faite par la CEF et Mgr Bertrand en 2020 selon laquelle 2% des prêtres (220) étaient en burn-out et 800 retirés après avoir eu une dépression.
Cependant à travers les diocèses français, il n’y a que très peu de statistiques sur les prêtres retirés pour cause de burn-out de dépression… même si parmi les fidèles, “tout le monde en connait au moins un“, note un de nos lecteurs dans le nord-est de la France, lui-même prêtre, “quand on a vingt, trente, voire cinquante clochers pour certains de mes confrères, on se retrouve à courir partout, et on est dans l’incapacité de les faire vivre tous”. Certains cependant osent témoigner sur leur expérience, leur dépression et la reconstruction qu’ils ont vécus, comme le père Vincent de Mello.
“«Ces dernières années, certains prêtres ont dû se reposer complètement ou partiellement de leur travail paroissial pendant un certain temps», explique le Vicaire général Bart Putter, porte-parole du diocèse de Haarlem-Amsterdam . Une combinaison de raisons personnelles et de travail dans la paroisse a souvent joué un rôle à cet égard. Selon Putter, les démarches administratives peuvent peser lourdement sur les prêtres, surtout lorsqu’elles sont difficiles. Il pense à la formation de partenariats, à des fusions de paroisses ou à des fermetures d’églises. Dans presque tous les cas, des questions personnelles jouent également un rôle, selon le porte-parole, qui peuvent parfois appartenir au passé. “C’est en partie pourquoi j’ai du mal à donner des chiffres.”
Des prêtres ont témoigné de leurs difficultés, qui se corrèlent avec celles de l’Eglise, même si le Covid est passé par là. Mais pour Jan-Jaap von Perperstraten, curé d’Alkmar, “le Covid, c’était l’explication la plus simple pour les gens. Mais le véritable problème est bien plus profond. La pandémie n’a fait que le faire remonter à la surface”.
“Il y a tellement de négatif, dit Eugène Jongerden , prêtre à Amstelveen près d’Amsterdam. Les gens me disent : ‘Vous allez fermer notre église !’ Non, c’est quelque chose que nous faisons ensemble. Mais d’après leur expérience, je suis le gérant en colère qui doit fermer l’établissement sur ordre de l’évêque“.
Lorsqu’une église doit fermer, vous pensez : « Je laisse tomber tous ces gens maintenant », déclare David van Dijk , prêtre à Reusel, un village du sud des Pays-Bas. Cela m’a donné des nuits blanches pendant des mois. Le prêtre moyen ici a un agenda très chargé. J’étais agité. À un moment donné, j’étais tellement occupé que ma mère m’a dit : « Parce que tu es prêtre, on ne te voit presque plus. Ma mère avait raison. La paroisse a occupé toute ma vie, dit Van Dijk.
Je constate la même chose. Des prêtres lors des nominations diocésaines qui prennent un an de congé sabbatique. Certains qui évoquent leur mal être.
La conjoncture est très difficile. Les prêtres deviennent les manageurs du déclin. Si c’est déjà difficile pour les fidèles les regroupements de paroisse, pour les prêtres qu’est ce que c’est. A la force de courrir partout, on est présent de façon qualitative nulle part, et la vie spirituelle des prêtres et des fidèles en souffrent.
La crise, les témoignages reçus, la réorganisation des méthodes de gestion des abus peut aussi constituer des difficultés existentielles.
Les mises en accusation de prêtres diverses et variées, les plaintes, les mécontentements en ce qui concerne des prêtres en particulier et la doctrine catholique en général est certainement très difficile à vivre.
C’est vraiment pas le bon moment pour être prêtre, malheureusement. Honneur à ceux fidèles à leurs engagement, malgré tout.