Lu dans le bulletin des Veilleurs, qui prient chaque midi en semaine devant l’archevêché de Paris pour que les messes traditionnelles supprimées par Mgr Aupetit soient rétablies, au sujet de Fiducia Supplicans :
“Dans le rite traditionnel, la déclaration Fiducia supplicans du Dicastère pour la Doctrine de la Foi qui dit qu’« il est possible de bénir les couples en situation irrégulière et les “couples” de même sexe, sous une forme qui ne doit pas être fixée rituellement par les autorités ecclésiales », est inopérante. Si l’on célèbre la liturgie selon l’usus antiquior, il n’est pas possible de bénir sous une forme non fixée rituellement. Il faut obligatoirement user de l’une des bénédictions prévues par le Rituel romain de 1614, dont la dernière édition typique est de 1952. Et lorsque l’évêque donne des bénédictions silencieuses d’un simple signe de croix, elles sont justement silencieuses. Quant à la bénédiction ad omnia (pour toutes choses bénissables) elle est, par ses paroles mêmes, inapplicable à une union peccamineuse : « Dieu, par la parole duquel sont sanctifiées toutes choses… ». Le rituel traditionnel ne contient aucune bénédiction pro adulteris ou pro sodomitis, Point.
Je pense qu’il est important de remarquer que cette déclaration de Fiducia supplicans, contre laquelle se soulèvent courageusement de nombreux évêques et dejà une vingtaine de conférences épiscopales dans le monde, est un scandale contre la doctrine morale, mais elle introduit aussi une aberration liturgique : pour bénir des couples de divorcés ou des couples de même sexe, on donne purement et simplement aux prêtres le droit d’inventer leur propre liturgie.
Inventer sa liturgie… Il suffit d’énoncer cette aberration pour remarquer qu’elle est en fait le pain quotidien de la réforme liturgique. De nombreux prêtres – ou non-prêtres comme par exemple tous les animateurs et les animatrices d’enterrements sans prêtre – inventent à loisir des cérémonies, allant pour certains jusqu’à bricoler voire composer des prières eucharistiques. Mais en outre, les livres liturgiques eux-mêmes prévoient les options comme à l’infini et ouvrent aussi la porte à l’invention des acteurs liturgiques.
Exemple entre mille autres : les formules d’accueil, lors d’une confirmation, sont selon l’inspiration : si l’évêque salue l’assemblée « il dira par exemple : Que Dieu notre Père… », ou autre chose ; si c’est l’animateur, « il dit par exemple… », ou autre chose. Une plaisanterie, m’a-t-on dit, court chez les séminaristes, qui parodient ainsi les rubriques des livres liturgiques : « On fera ceci, ou bien cela, ou bien n’importe quoi ».
En matière de liturgie pour couples irréguliers, il faut au reste savoir que, dans bien des cas, on organise beaucoup plus que des bénédictions. Il existe un livre toujours disponible de Mgr Armand le Bourgeois, qui fut évêque d’Autun, aujourd’hui décédé, Chrétiens divorcés remariés (Desclée de Brouwers, 1990), qui donne des conseils – fondés sur une pratique courante – pour organiser la célébration d’une cérémonie à l’occasion du prétendu remariage de divorcés : lectures bibliques, intentions de prière, animation par un prêtre ami.
Tout ceci est donc loin d’être anodin. La nouvelle liturgie dans sa fluidité laisse tout passer. Alors que, la lex orandi traditionnelle de l’Église de Rome, quant à elle, est solide comme le bronze. Elle dit le vrai et le bien, arrimée à la lex credendi de cette même Église. Et on voudrait nous arracher cette liturgie !
Symbolisant notre résistance, nos chapelets de veille continuent à Paris (comme à Washington et comme sans doute en d’autres lieux), devant les bureaux de l’archevêché, 10 rue du Cloître-Notre-Dame, du lundi au vendredi, de 13h à 13h 30, à Saint-Georges de La Villette, le mercredi à 17h, et devant Notre-Dame du Travail, le dimanche à 18h”?