Mgr Olivier Leborgne, évêque d’Arras, a été interrogé dans Le Figaro, suite aux obsèques de Dominique Bernard. Extraits
[…] Les chrétiens sont là pour être un signe d’espérance. Ils ne sont pas dupes du mal; ils savent que le mal fait son oeuvre et qu’ils en sont complices parfois, mais ils ont une espérance. Et, puisque la famille du professeur assassiné désirait une cérémonie religieuse, vu les circonstances nationales, il était évident que l’évêque devait être là. Cela fait vraiment partie de ma mission d’être témoin d’espérance.
Comment s’est passée votre rencontre avec la famille de Dominique Bernard avant cette cérémonie.
C’est une rencontre assez intime, je ne vais pas trop rentrer dans les détails. Mais ce que je peux dire, et ce que la célébration a confirmé d’ailleurs, c’est que c’était une rencontre d’humanité tout à fait inattendue, et pour Isabelle Bernard, l’épouse du défunt, et pour moi, mais qui a été très belle.
Quel sentiment vous laisse cette célébration ?
Je suis admiratif de la façon dont les équipes de la cathédrale se sont mobilisées, admiratif du contact très fin, très humain et très juste qu’a eu le curé de la cathédrale avec cette famille. Et, en nous quittant, l’épouse du défunt et moi-même, nous nous sommes dit que nous étions dans le même mouvement.
C’est-à-dire ?
Les textes lus lors de la cérémonie ont été choisis par la famille. Ce sont quand même des textes étonnants : la lettre de saint Paul aux Corinthiens, sur laquelle j’ai prêché, l’Évangile des béatitudes selon saint Matthieu… Ce sont des paroles très fortes, qui ont un impact. Elles ne disent pas que le monde va bien – on sait très bien qu’il ne va pas bien. Il n’y a rien de mièvre, mais il y a une prise de position très nette pour la liberté, la dignité, la paix. Une paix dans la justice, dans la vérité, j’ai insisté là-dessus. Isabelle Bernard était vraiment sur la même longueur d’onde. Ensemble, nous sommes tout à fait convaincus que la haine qui répond à la haine, c’est plus de haine, jamais plus de paix. Ce n’est pas possible. Cela ne veut pas dire que les chemins sont faciles à trouver, parce qu’il faut tenir bon, mais il est clair que la violence qui répond à la violence, c’est toujours plus de violence. La soeur du défunt m’a dit : « J’espère que ça va servir à ce que ça n’arrive plus ! » Je ne suis pas dupe du mal du monde, qui ne va pas s’arrêter du jour au lendemain, mais ce qui est très clair, c’est que ce sont des gens qui veulent regarder devant. Et ça m’a impressionné.