En France, quelques rares édifices religieux catholiques ont été transformés en mosquée – la chapelle Saint-Christophe à Nantes, prêtée par l’évêché de 1984 jusqu’à la construction d’une mosquée en 2015 – elle a depuis été rasée, la chapelle des Dominicaines à Lille, vide en 1973, prêtée par l’évêché pendant 20 ans puis rachetée par l’association cultuelle musulmane en 1993, la chapelle des soeurs de Saint-Joseph à Clermont-Ferrand, prêtée par les religieuses à titre gracieux, de 1977 jusqu’à la construction d’une mosquée en 2011 et… une église romane dans le Tarn.
Il s’agit de l’église Saint-Jean, construite au XIIe siècle de l’autre côté du Dadou, rivière le long de laquelle s’établissent de nombreuses usines de tannage, des mégisseries, des cordonneries… Ce centre industriel isolé (coupé du rail depuis 1937 et encore aujourd’hui relié à Albi, Castres et surtout Toulouse par quelques rares bus) qui travaille essentiellement en lien avec Mazamet voit en 1966 ses 106 entreprises du cuir employer encore 2600 ouvriers, et attire la main d’oeuvre immigrée. Celle-ci est restée, tandis qu’à de rares exceptions près, les usines et anciens séchoirs à peaux qui émaillent le tissu urbain ont fermé – la ville a compté jusqu’à 160 friches industrielles, en sus de nombreux immeubles dégradés, voire tenus par des étais…
A ces immigrés, il faut une mosquée. Or, la ville compte trois églises et une demi-douzaine de chapelles, qui commencent déjà à se vider de fidèles, vingt ans après le début du “printemps de l’Eglise” conciliaire. En 1981, l’église Saint-Jean de la Rive, restaurée en 1681 et 1720, est désaffectée et transformée en mosquée. Les fenêtres sont occultées, les deux cloches du clocher-mur déposées, le sol couvert par des tapis. Une solution probablement provisoire qui a duré. Depuis, la mosquée est ouverte à tous aux journées du Patrimoine, quant à l’extérieur, il accuse son âge et mériterait un bon ravalement. Une statue de saint Jean du XVe siècle, originaire de cette église, entreposée par une association locale, a été volée en 2021 – elle est recensée sur la base Mérimée des monuments historiques.
L’année suivante, une autre église, Saint-Pierre des Ports, est désaffectée et transformée en temple protestant. Les religionnaires ne réitèrent pas leurs performances historiques – Castres a été détruite quatre fois, seuls les clochers subsistaient – et maintiennent le monument aux morts, ainsi que les vitraux XIXe.