Comme une réponse à la publication et l’analyse de ses comptes 2020 et 2021 dans nos colonnes, le diocèse de Gap, par la voie de son économe, a publié fin juin une petite brève pour indiquer que le redressement financier est en cours depuis 2018 – sous entendu la première année pleine depuis l’arrivée de l’actuel évêque Mgr Malle – et que le bout du tunnel est en vue. Mais hélas, le déficit restera de mise en 2023…
“Depuis maintenant cinq ans, le diocèse de Gap-Embrun entame son redressement économique.
Toutes structures juridiques confondues (*), le déficit de trésorerie de fonctionnement du diocèse (**), hors paroisses, représentait, en 2018, plus du tiers de son budget de fonctionnement, soit 850 000 €.
Les paroisses étaient quant à elles dans une situation très inégale, certaines grandes paroisses étant en déficit important. Cette situation contraignait le diocèse à vendre annuellement du patrimoine immobilier pour combler son déficit de fonctionnement. Ce n’était pas tenable.
Après avoir divisé par deux sa masse salariale entre 2017 et 2019 (hors prêtres et religieux), il restait à élaborer un plan d’action permettant de combler le déficit résiduel. Ce plan d’action, que nous poursuivons aujourd’hui, a pour objectif d’atteindre l’équilibre de notre budget de fonctionnement en 2024, après cinq années d’efforts collectifs soutenus. Entretemps, il nous a fallu affronter les crises successives du COVID, provocant la fermeture de nos églises, de l’inflation de l’énergie – qui voit nos factures multipliées par trois -, de la perte de confiance en raison de la crise des abus sur mineurs, et de la baisse du nombre de nos donateurs suite à leur vieillissement.
Ce plan d’action diocésain consiste à :
- poursuivre les efforts sur la masse salariale (ex. : mutualisation du poste d’archiviste avec le diocèse d’Aix-en-Provence, depuis 2023),
- investir afin de réduire nos coûts de fonctionnement (ex. : déménagement de l’évêché en 2023 dans une maison rénovée, au Centre Diocésain Pape François),
- augmenter nos ressources (ex. : perception de loyers issus de legs ou donations, à Gap, Paris ou en paroisse – Laragne, Embrun, Briançon -,
- entamer notre désendettement (2,5 M €).
Les résultats sont encourageants pour le diocèse, même s’ils ne sont pas encore suffisants. En 2023, nous prévoyons un déficit de fonctionnement ramené à 340 000 €. La trajectoire pour ramener ce déficit à zéro est identifiée“.
Le diocèse de Gap, qui omet de préciser que la résidence de l’évêque, peu occupée du reste, a été vendue, reste muet sur les legs en Colombie qui ont engendré pour l’heure plus de dépenses que de recettes, et sur la façon dont il compte s’y prendre – ou non – pour rajeunir l’âge moyen des donateurs du denier du culte (et des fidèles).
En revanche, il donne quelques projets réalisés avec des legs, des dons (comme celui pour la rénovation de la salle paroissiale de Laragne, 330.000 euros) ou les revenus courants du diocèse – on y apprend qu’un curé a été formé – moyennant 1400 euros – aux affaires économiques par Chemins d’Humanité, qui a le but certes louable de faire découvrir l’entreprise aux prêtres et de les former en s’appuyant sur un “réseau de cadres dirigeants”, mais visiblement pas gratis pro Deo.
143 euros la page : quand le diocèse de Gap fait une lettre pastorale
Quant à la lettre pastorale Mission Altitudes, elle a coûté au bas mot 7700 euros, avec des dépenses qui auraient certainement pu être évitées – d’autant que le diocèse dispose de locaux, “location de salles, frais de déplacement, graphistes, impression de lettres, synthèses, signets de prière, affiches” pour un texte de 54 pages que voici. Soit 143 euros par page.
Quelqu’un a dit à Mgr Malle qu’en matière de dépenses comme en matière de vocations, “les petits ruisseaux font les grandes rivières” ?