L’ordre catalan des piaristes, fondé en 1917 et qui compte de nombreuses écoles au Sénégal depuis les années 1960, a reconnu des abus commis au Sénégal par un de ses prêtres, un espagnol, depuis les années 1980, et reconnu aussi qu’il a été couvert et protégé de 2005 à 2018.
“En 2005, les premières dénonciations d’abus sexuels commis au Sénégal depuis 1980 par l’ancien prêtre piariste espagnol Manel Sales Castellà, renvoyé de l’état clérical en 2019, ont lieu. Mais, ce n’est qu’en juin 2023,que la congrégation des Écoles de Pies de Catalogne (pères piaristes) a reconnu les faits couverts pendant 18 ans par ses supérieurs.
Dans sa déclaration datant de juin 2023, l’ordre des piaristes reconnaît, par ailleurs qu’il était informé des abus sexuels commis par le père Sales depuis 2005 mais que le provincial de l’époque n’a pris aucune mesure « ni par voie civile ni par voie ecclésiastique » mettant en avant son désir de « protéger l’institution ». Le religieux incriminé a déménagé en Catalogne, à l’écart des activités avec mineurs et sous traitement psychiatrique. Il a continué à jouer un rôle actif dans l’ordre comme recteur, secrétaire provincial et membre du Conseil presbytéral du diocèse de Barcelone.
Ce n’est en 2018, après la dénonciation d’une Française, que « l’Ordre a demandé des explications à Sales, qui a reconnu les faits et qui a mentionné certaines des personnes qui ont subi des abus », explicite la déclaration conjointe des piaristes et de la commission de défense des mineurs abusés sexuellement au Sénégal. Une procédure canonique d’exclusion du prêtre espagnol de l’ordre et du sacerdoce a alors été entreprise. Elle a abouti, en mars 2019, à son renvoi définitif“.
La Croix Africa poursuit : “Manel Sales a travaillé pendant 25 ans au Sénégal, notamment dans le sud où il a été en mission à Oussouye et à Mlomp pendant de longues années. II y a dirigé une école de la congrégation où des centaines d’enfants issus de familles défavorisées ont été scolarisées grâce à l’aide de parrains occidentaux. « Les abus commis par ce prêtre étaient un secret de Polichinelle, confirme un Sénégalais, ancien membre d’un mouvement catholique dans le sud du Sénégal. Je suis sûr que les victimes se comptent par centaines. J’ai connu un certain nombre de personnes qui en étaient victimes. Mais personne ne voulait le dénoncer”.