L’«Instrumentum Laboris» du prochain synode des évêques «pour une Église synodale», programmé à Rome en deux sessions (octobre 2023 et octobre 2024), est en ligne.
Ce document de travail souhaite notamment que l’Église réfléchisse à l’ordination sacerdotale d’hommes mariés et à l’ordination diaconale de femmes.
Quant aux évêques, ils devraient être évalués dans leur charge et contredits si nécessaire, dans leur gouvernement. Le Synode espère enfin que des groupements d’églises locales de grandes régions du monde puissent peser autant que Rome dans les grandes décisions. Le Pape acceptera-t-il ainsi de ne plus peser ?
Ces mesures sont le fruit d’une consultation mondiale des catholiques, mais on comprend du texte que le clergé a été réticent à y participer, ce qui est, de fait, une bonne nouvelle (et c’est un laïc qui l’écrit). La consultation mondiale a mis en évidence «la difficulté d’impliquer une partie des prêtres dans le processus synodal». De fait, beaucoup ont refusé d’y participer. Conclusion : « le cléricalisme est une force qui isole, sépare et affaiblit une Église saine et entièrement ministérielle» et il «empêche la pleine expression de la vocation des ministères ordonnés dans l’Église». Il faudrait donc, dès le séminaire, préparer les futurs prêtres «à un style d’autorité propre à une Église Synodale».
François compte profiter des effets de la crise des abus sexuels pour déconstruire la hiérarchie dans l’Église en partant, non plus du sommet, mais du «peuple de Dieu». À savoir, les laïcs de base qui ont des «droits» en vertu de leur «dignité de baptisés», pour lutter contre le «cléricalisme» en vue de renouveler de l’Évangélisation. «L’Église catholique» – citée dix fois – se verra ainsi remplacée par une «Église synodale» – ce nom apparaît cent dix fois dans le texte.
Les paroisses doivent «vraiment accueillir tout le monde». Dont «les personnes divorcées et remariées, les personnes polygames ou les personnes LGBTQ+». Sic.
L’autorité des évêques est clairement battue en brèche. On leur demande de «ne pas considérer la participation de tous comme une menace pour leur ministère de gouvernement». Mais il faut «repenser les processus de décision» par «une plus grande transparence» avec un «exercice moins exclusif du rôle des évêques». Le synode pourrait demander de définir des «critères» pour leur «évaluation et auto-évaluation». Le synode voudrait aussi discuter jusqu’au «fondement» de l’autorité épiscopale quand l’évêque refuserait de suivre «l’avis réfléchi» des «organes consultatifs» qui devraient toujours primer.
Les traditionalistes ont de beaux jours devant eux avec ce type de discours… Les fidèles catholiques avaient des devoirs, ils ont désormais des droits. Il importe de décentraliser «l’autorité doctrinale»…