La messe de consécration de la Chapelle du Centre Teilhard-de-Chardin s’est tenue le 4 juin sur le pôle scientifique et technologique de Paris-Saclay (91). Elle a rassemblé Mgr Laurent Ulrich, Mgr Luc Crepy, Mgr Michel Pansard, et François Boëdec, provincial de la province d’Europe occidentale francophone de la Compagnie de Jésus.
Theilhard de Chardin fut sans doute l’hérétique le plus célèbre du XXe siècle et il est ainsi douteux d’avoir donné son nom à un centre catholique. comme l’écrivait le philosophe Marcel de Corte,
« le teilhardisme n’est ni en marge du catholicisme, ni en bordure du christianisme et il n’est pas davantage une hérésie chrétienne. Il est une autre religion qui utilise Notre-Seigneur Jésus-Christ comme un palier de « l’ascension cosmique ». […] Je tiens que le Révérend Père Teilhard de Chardin, prêtre de la Compagnie de Jésus, n’a jamais été chrétien de pensée ni d’âme. Il n’a jamais cru, au sens propre du mot croire, au Christ des Ecritures. Comme l’écrit avec pertinence et modération le R. P. Guerard des Lauriers o.p., professeur à l’Université pontificale du Latran, » une doctrine qui implique comme sa conséquence nécessaire d’identifier le Christ a l’âme du cosmos matériel en évolution, cette doctrine-là est anti-chrétienne… Car la foi chrétienne professe que le Verbe de Dieu a assume personnellement une Humanité issue non du cosmos, mais d’une créature humaine prédestinée personnellement par Dieu en vue de cette mission… Alors il faut le déclarer tout net : le Christ de Teilhard, c’est la figure contemporaine de l’antéchrist .»
Le Vatican a souligné deux problèmes graves :
- D’une part l’idée selon laquelle l’« esprit » de l’homme, son intelligence et sa volonté libre, puisse apparaître par une simple évolution déterministe de la matière » s’oppose au dogme issu de la Genèse. Ce point est délicat, car il semble remettre en cause la nature spirituelle de l’âme humaine.
- L’un des deux moteurs de la sélection naturelle est l’élimination systématique, à chaque génération, des individus en surnombre pour les ressources existantes. Cet écrasement se fait dans l’indifférence cruelle qui terrifie déjà Darwin en son temps et lui fait perdre la foi. Vers 1921, un petit texte sur le péché originel, oblige le Saint-Siège à priver Teilhard de l’autorisation de publier d’autres ouvrages que purement scientifiques.
Consulteur au Saint-Office, le père carme Philippe de la Trinité publie plusieurs ouvrages critiques envers ses idées : Rome et Teilhard de Chardin (1964), Teilhard de Chardin : étude critique (tome 1 : Foi au Christ universel, tome 2 : Vision christique et cosmique, 1968) et enfin Pour et contre Teilhard de Chardin, penseur religieux (1970). Il dénonce son « confusionnisme intégral » et son « monisme », et qualifie le teilhardisme de « pseudo-synthèse » panthéiste :
« Agenouillé devant le Monde qu’il aime comme une Personne, Teilhard ne veut pourtant pas cesser d’aimer Dieu. C’est pourquoi, il le faut : par une métamorphose du mystère de l’Incarnation, le Monde est Dieu en Jésus-Christ… Avec un tel panchristisme cosmique on est aux antipodes de la Révélation évangélique (Philippe de la Trinité, Teilhard de Chardin, étude critique, Desclée de Brouwer, 1968, p. 136). »
Le 30 juin 1962, un monitum du Saint-Office met en garde contre ses idées hétérodoxes :
« Certaines œuvres du P. Pierre Teilhard de Chardin, y compris posthumes, sont publiées et rencontrent une faveur qui n’est pas négligeable. Indépendamment du jugement porté sur ce qui relève des sciences positives, en matière de philosophie et de théologie, il apparaît clairement que les œuvres ci-dessus rappelées fourmillent de telles ambiguïtés et même d’erreurs, si graves, qu’elles offensent la doctrine catholique. Aussi les EEm. et RRv Pères de la Sacrée Congrégation du Saint-Office exhortent tous les Ordinaires et Supérieurs d’Instituts religieux, les Recteurs de Séminaires et les Présidents d’Université à défendre les esprits, particulièrement ceux des jeunes, contre les dangers des ouvrages du P. Teilhard de Chardin et de ses disciples. »