Les fidèles parisiens qui manifestent devant l’archevêché en semaine entre midi et deux, mais aussi ceux qui prient et se mobilisent pour le rétablissement des messes et des lieux supprimés par Mgr Aupetit, communiquent :
“Sur le site de BFMTV, un article de Céline Hussonnois-Alaya du 9 avril a développé assez longuement ce thème : Ça s’insinue petit à petit. Les traditionalistes gagnent-ils du terrain dans l’Église ? les célébrations traditionalistes semblent séduire en plus en plus de fidèles. Tel prêtre de Seine-Saint-Denis « regrette qu’il considère comme un virage traditionaliste de l’Église. “Ça se répand à une vitesse incroyable”, estime-t-il. ». Jean-Benoît Poulle, agrégé d’histoire, estime le nombre des traditionalistes français entre 100.000 et 200.000 ( Mais nous savons à travers les sondages de Paix Liturgique qu’ils sont beaucoup plus nombreux ) , total qui peut paraître faible mais pas en regard de la décrue générale du catholicisme.
Et de fait, l’influence du traditionalisme est grande, constate Céline Hussonnois-Alaya, ce qui se manifeste sous de multiples formes : « regain des messes tridentines, célébrées selon l’ancien rituel; davantage de textes et de prières en latin, d’encens, d’aspersions et d’agenouillements; communion dans la bouche; prêtres revêtus des vêtements liturgiques d’avant la réforme… » Est cité l’historien proche du traditionalisme, Yves Chiron : « Les messes en latin, les chants grégoriens, ça n’a quand même pas la même figure que la messe en français avec des musiques pauvrettes. »
Mais surtout, note l’article, le phénomène est jeune : « “La messe ‘tradi’ apparaît comme plus neuve et la messe en français, un truc de vieux. Créant une sorte de conflit de génération qui pourrait accentuer le malaise du catholicisme. » (Jean-Benoît Poulle). Le pèlerinage de Chartres réunit d’année en année davantage de pèlerins – 15.000 en 2022 – avec une moyenne d’âge de 21 ans. « Dans les séminaires, les vocations sont par ailleurs davantage traditionalistes. L’année dernière, quelque 122 prêtres ont été ordonnés. Parmi eux, entre un cinquième et un quart l’ont été selon le rite ancien. »
Plus que dans les campagnes, où le catholicisme est, hélas, en voie de disparition, cette traditionalisation est visible en ville, en Ile-de-France et surtout à Paris. Aussi bien, Mgr Ulrich, l’archevêque, répondant à Jean-Marie Guénois dans Le Figaro (Mgr Ulrich: «Ma priorité est le suivi personnel des prêtres» (lefigaro.fr)) est-il d’une extrême prudence lorsque le journaliste l’interroge sur ce sujet : « Quelle est votre position fondamentale sur la question traditionaliste ? – Il y a cinq lieux dans Paris qui permettent de célébrer la liturgie dans l’Ordo ancien. Ce n’est pas rien. Ils ont été maintenus et sont répartis pour être facilement rejoints. Ma conviction est que la particularité de l’Église latine repose sur son rite, il lui donne depuis toujours son unité. J’ai vu dans ma jeunesse, après le concile Vatican II, des situations qui justifiaient une opposition au nouveau rite, parce qu’il était maltraité. Ce n’est plus le cas aujourd’hui. Globalement, la célébration de la liturgie est belle et digne. Elle correspond à ce que l’Église veut et demande. Certains ont besoin de garder cette liturgie et il faut la garder un certain temps pour eux. Mais je pense que le trésor de la liturgie s’accomplit et se développe selon ce que l’Église demande que nous célébrions.
Beaucoup vivent très mal les restrictions liturgiques imposées par le pape... […] J’ai rencontré les personnes dont vous parlez. Je les ai reçues et je les respecte ; c’est ce que j’ai montré aussi dans mes diocèses précédents. Je regrette beaucoup que l’on se divise sur ce point. Mais je crois que l’obéissance à l’Église est aussi une vertu. Comme je l’ai écrit dans ma première lettre pastorale, je leur redis : chacun de vous, je vous aime comme des enfants de Dieu et comme des fidèles du Christ. ».
Comme le remarque Riposte catholique, l’archevêque de Paris « marche sur des œufs…de Pâques » (Mgr Ulrich marche sur des œufs… de Pâques – Riposte-catholique) : « Il y a du “en même temps” dans ces réponses. Il nous respecte, mais il voudrait qu’on obéisse. Il y a suffisamment de lieux culte pour nous, mais la liturgie nouvelle est belle et digne, mais… »
Bref, à l’évidence les temps mûrissent. L’archevêque de la première ville de France pourrait poser un geste simple vis-à-vis, tant des fidèles qui désirent prier dans le rite traditionnel et qui représentent une des dernières forces vives du catholicisme, que de nombre de ses prêtres qui y trouvent un soutien spirituel et une source d’inspiration : laisser la liberté à son clergé de célébrer en rite traditionnel selon les besoins, la demande des fidèles, la sensibilité des prêtres.
La liberté. Ne nous relâchons pas ! Nous portons cette intention de liberté en disant le chapelet le mercredi, à 17h à Saint-Georges de La Villette, tous les dimanches, à 1830h devant Notre-Dame du Travail, et devant les bureaux de l’archevêché, 10 rue du Cloître-Notre-Dame, du lundi au vendredi, de 13h à 13h 30″.