Les anciens militaires et habitués du prieuré de Dinard, légué par Madame de la Mettrie au diocèse aux Armées (DAF) en 1977, ont monté une association pour ne pas être mis à l’écart de la volonté émise par le DAF de ne plus soutenir le prieuré, mais de chercher une “solution économiquement viable” sans le vendre, autrement dit une mise à disposition commerciale.
Ouest France expose les données du problème :
“L’association des Amis du Prieuré de Dinard n’a que quelques semaines mais compte déjà une soixantaine d’adhérentes et d’adhérents. « Nous sommes nombreux à être attachés à ce Prieuré pour le fréquenter depuis très longtemps, que nous soyons des militaires en retraite ou des civils se rendant aux offices, dans la chapelle, cite Bertrand Fleury, président de l’association et ancien militaire. Des associations et groupes locaux s’y réunissent aussi régulièrement. »
Lui-même connaît les lieux par cœur, pour s’être plus particulièrement occupé de la préparation et de l’animation de la partie religieuse du site à l’époque, pas si lointaine, où un aumônier militaire y officiait encore toutes les semaines. Bertrand Fleury est donc bien placé pour resituer : « Quand Madame de la Mettrie est décédée, en 1977, elle a légué le Prieuré au Diocèse aux armées. Yvon Bourges était maire de Dinard mais aussi ministre de la Défense : Il a été décidé que le ministère apporterait son aide à l’entretien du site. »
Sauf que selon Bertrand Fleury, les temps (et les contraintes de l’Armée) ont suffisamment changé pour que ce soutien financier n’ait plus cours aujourd’hui : « L’évêque aux Armées m’a exposé cette difficulté nouvelle sachant, par ailleurs, que la fréquentation des lieux n’est plus suffisante. »
Le prieuré accueille principalement, pour des séjours et des retraites spirituelles, des militaires, leurs familles, des aumôniers, etc.
« Face à ces problématiques, nous avons compris que le Diocèse aux Armées cherchait une solution qui soit économiquement viable, partagent le président de l’association et son trésorier, Bruno Colcombet. Pour ce que nous en savons, il ne s’agirait pas de vendre les lieux. »
En revanche, les Amis du Prieuré de Dinard ne seraient pas surpris que la gestion du site soit confiée à un groupe commercial, spécialisé, par exemple, dans l’hôtellerie haut de gamme. Ce qui les fait quelque peu tiquer”.
L’association est consciente de la nécessité de faire évoluer la situation, mais “pas question, non plus, de tout sacrifier sur l’autel de la rentabilité. « Ça ne doit pas être le seul aspect pris en compte, rappellent les Amis du Prieuré de Dinard. Nous pensons qu’il faut maintenir la vocation des lieux telle que l’envisageait Madame de la Mettrie, en le léguant. »
Ainsi, plutôt que de se dresser contre le Diocèse aux Armées, les défenseurs du Prieuré souhaitent « être associés à sa réflexion. » Véritable « organisation d’alerte et de proposition », l’association s’est d’ailleurs déjà rapprochée d’un bureau d’études pour étudier différentes pistes qui permettraient de concilier la vocation d’accueil et de spiritualité des lieux avec un équilibre financier”.
“Selon le travail effectué par l’association Histoire et Patrimoine, en 2017, et les contributions particulières de Maurice Aubrée et Jacques de Lambert à une revue sur l’histoire du Prieuré et la vie de Madame de la Mettrie, la création du Prieuré remonte à 1324. Il aurait ainsi remplacé ce que le chanoine Joseph Mathurin appelle « l’hôpital Béchet », déjà une forme de lieu d’accueil des voyageurs dont la gestion était confiée à un ordre religieux.
Au XIVe siècle, ce sont les descendants des fils de Juhel de Montfort et de Marguerite de Dinan, Geoffroy II et Olivier II qui fondent le Prieuré et choisissent l’ordre des Trinitaires pour en assurer la gestion. Le site accueillera de nombreux pèlerins au XVe et au XVIe siècles.
Le rôle du Prieuré se transforme ensuite progressivement et la Révolution met fin à ses missions : devenu « bien national », il est vendu et mis à disposition des troupes révolutionnaires qui feront même fondre l’une de ses cloches. La chapelle sera détruite par un incendie, en 1795 mais le site reste suffisamment habitable pour que le consul britannique Alpyn Thomson y séjourne, en 1840. Ses successeurs feront de même.
En 1854, le Prieuré entre dans le giron de la famille Poulain du Reposoir avant de devenir la priorité d’Henri de La Choüe de la Mettrie et de son épouse, Andrée Pauline (fille du comte de Gasquet-James), en 1912. Ce sont eux qui restaureront la chapelle (en 1925).
Le Prieuré sera réquisitionné par l’armée allemande, en 1940 et un blockhaus construit au fond de son parc. Pendant la deuxième Guerre mondiale, Andrée Pauline de la Mettrie confirme l’attitude patriote qui l’avait poussée à s’engager en tant qu’infirmière, pendant le précédent conflit. Infirmière de la Croix-Rouge à Dinard et volontaire de la Défense passive, elle sera promue au grade d’officier de l’Ordre de la Légion d’honneur, en 1961.
À l’époque, son mari est déjà décédé et l’idée de léguer le Prieuré au Diocèse aux Armées (alors appelé vicariat) commence à faire son chemin“. Le legs sera effectif en 1979, deux ans après son rappel à Dieu.