Paix liturgique revient sur la première célébration “officielle” d’une messe tridentine à Saint Germain en Laye, qui a attiré des fidèles de la messe en latin novus ordo et de nouveaux fidèles locaux, ainsi que les raisons du maintien de la messe hors les murs – devant la chapelle de l’hôpital liées à la quasi absence de prise en compte de nombreuses demandes de messe traditionnelle dans le diocèse – et ailleurs.
Paix Liturgique : Alors cher Germain quelles nouvelles ?
Germain de Paris : Les choses bougent très positivement : Vous connaissez le dicton « Chassez le naturel et il revient au galop » et bien c’est ce qui est en train de se produire à Saint-Germain-en-Laye.
Paix Liturgique : Pouvez-vous nous donner un exemple ?
Germain de Paris : Vous savez qu’il y a un peu plus d’un an le père Boulle avait imaginé une stratégie vieille comme le monde pour diviser les demandeurs d’usus antiquor qui se sont fait connaître depuis maintenant trente ans sur Saint-Germain-en-Laye en instaurant dans la chapelle des franciscaines une messe dite « grégorienne », c’est-à-dire une messe Novus ordo, en latin bien célébrée avec une table de communion et une communion sur les lèvres…
Paix Liturgique : Et quel fut le résultat de cette initiative ?
Germain de Paris : Tout d’abord pas une seule famille de la communauté Hors-les-Murs de l’hôpital n’a mordu à ce grossier hameçon qui ne répondait pas à leur demande de vivre leur foi catholique au rythme de la liturgie traditionnelle car cela ne répondait pas à leur demande.
Paix Liturgique : Mais des fidèles tout de même ?
Germain de Paris : Des fidèles tout de même… environ 75 fidèles la première fois et ensuite en nombre décroissant de 40 à 25 la semaine dernière.
Paix Liturgique : Et aujourd’hui ?
Germain de Paris : Et bien aujourd’hui 19 mars, sachant qu’une messe traditionnelle serait célébrée aux franciscaines c’est-à-dire dans la même église à 11h30, ils n’étaient plus que 15…
Paix Liturgique : Ce qui veut dire ?
Germain de Paris : Vous connaissez l’ancienne publicité du Canada dry : ce produit qui a la couleur et l’apparence de quelque chose mais qui ne l’est pas vraiment… Et bien les fidèles de la messe grégorienne l’ont parfaitement compris et entre l’ersatz et l’authentique ils ont massivement choisi en changeant de messe.
Paix Liturgique : Vous pensez que cette messe grégorienne a un avenir ?
Germain de Paris : Je pense qu’elle est morte … et si nos pasteurs sont honnêtes cela permettra bientôt de libérer un créneau familial.
Paix Liturgique : Et la seconde bonne nouvelle ?
Germain de Paris : Etait célébrée ce matin à 11h30 à la chapelle des franciscaines la première messe traditionnelle possiblement régulière.
Paix Liturgique : Comment s’est-elle déroulée ?
Germain de Paris : Comme pour Noël une église comble de fidèles essentiellement saint-germinois ce qui confirme que la demande locale est bien réelle et que l’opiniâtreté agressive de certains évêques et de certains curés, qui ont tout fait pour nier et exclure cette demande, ne fut qu’un pathétique coup d’épée dans l’eau.
Paix Liturgique : Etes-vous étonné de ce résultat ?
Germain de Paris : Comment le pourrais-je ? Paix Liturgique a fait réaliser en 2015 un sondage d’opinion sur Saint-Germain-en-Laye (voir lettre de PL 658) qui révélait que 24 % des catholiques pratiquants de la ville iraient volontiers à la messe traditionnelle toutes les semaines, auxquels il faut ajouter 19% qui iraient une fois par mois si celle-ci était célébrée dans leur paroisse… ce qui s’est passé aujourd’hui en est la preuve…
Paix Liturgique : Serait-ce vrai que pour Saint-Germain-en-Laye ?
Germain de Paris : Pas du tout cela serait aussi vrai à Poissy, à Montfort-L’amaury, au Vésinet, à Croissy-sur-Seine, à Maisons-Laffitte où des demandes semblables ont été étouffées et où des résultats de même ampleur que celui d’aujourd’hui à Saint-Germain se produiraient demain.
Paix Liturgique : Mais vous cher Germain vous avez poursuivi votre messe dehors devant l’hôpital. Pourquoi ?
Germain de Paris : Pour une bonne et unique raison : Nous n’avons pas confiance dans les promesses du père Boulle qui ressemblent plus à une manipulation qu’à un accord honnête et loyal.
Paix Liturgique : Pourquoi ce manque de confiance ?
Germain de Paris : Car c’est le fruit de notre expérience… en sachant que tout ce qui n’est pas clarifié avant un accord ne le sera jamais.
Paix Liturgique : Avez-vous un exemple ?
Germain de Paris : Des exemples si vous préférez.
Prenons le cas des fidèles de Rambouillet : losqu’en 2007 ils firent connaître leur désir de voir célébrer une messe dominicale traditionnelle après de longues négociations, ils finirent en 2008 – et c’est déjà une bonne chose, la plupart des demandeurs comme à Poissy, Montfort-L’amaury ou Croissy-sur-Seine n’ayant tout simplement rien obtenu – par se voir accorder une messe par mois « ad experimentum ». Vous savez que cette experience fut depuis ce moment concluante. Mais ce que vous ignorez sans doute c’est que plus de 14 ans après cette miette les fidèles de Rambouillet ne peuvent toujours assister qu’à une seule messe dominicale par mois.
Paix Liturgique : Ce qui signifie ?
Germain de Paris : Que la plupart de nos interlocuteurs ne sont pas de bonne foi et ne tentent des expériences qu’en espérant qu’elles seront des échecs et en tout cas ils sont opposés à en suivre les vraies conclusions.
Paix Liturgique : Avez-vous un autre exemple ?
Germain de Paris : Bien sûr, notamment celui des demandeurs du Vésinet il y a très longtemps, d’ailleurs un moment où le père Boulle était lui-même le curé du Vésinet.
Paix Liturgique : Et que s’est-il passé ?
Germain de Paris : Et bien aux fidèles qui lui demandaient la possibilité d’assister le dimanche à une messe selon l’usus antiquior il fut accordé une messe à 20h le premier vendredi du mois, sauf bien sur pendant les vacances.
Paix Liturgique : A 20h … un horaire bien peu familial !
Germain de Paris : Et pourtant cette messe perdura un long moment et avec un authentique succès – pensez en moyenne près de 25 fidèles le vendredi à 20h ! – mais lorsque les fidèles ont souhaité que l’expérience, tout à fait positive, évolue vers une messe dominicale la réponse fut négative et ensuite les hasards des changements curiaux firent simplement disparaître cette messe.
Paix Liturgique : Vous pensez donc que lors des discussions il faut bien assurer les divers points ?
Germain de Paris : Tout à fait et dans ces circonstances il faut laisser du temps à la réflexion et au bon sens.
Paix Liturgique : Selon vous les souhaits des deux parties n’auraient pas été les mêmes au sujet de la demande des fidèles Hors-les-murs ?
Germain de Paris : C’est tout à fait certain.
– Pour le diocèse il s’agissait d’en finir au plus vite avec la messe Hors-les-murs et surtout sur les images qui s’en suivaient sur les réseaux sociaux (soit dit en passant ceux sont ces mêmes pasteurs qui par leur autisme avaient été les initiateurs de cette messe Hors-les-murs…)
– Pour les fidèles Hors-les-murs qui connaissent bien leurs pasteurs qui il y a moins de six mois affirmaient « Que jamais ils n’accorderaient quoique ce soit à des fidèles en voie de protestantisation » il fallait être vigilant et ne pas se faire emporter dans une affaire dont le seul but serait qu’ils disparaissent.
Paix Liturgique : Voilà donc pourquoi les choses ont été si rapides ?
Germain de Paris : A la hussarde même et sans transparence notamment sur la pérennité de cette messe.
Paix Liturgique : En effet que se passerait-il si un dimanche le diocèse ne pouvait pas assurer une célébration ?
Germain de Paris : Très bonne question, essentielle même à laquelle aucune réponse n’a été donné et qui est l’une de raison de notre méfiance et donc de la continuation de notre célébration Hors-les-murs.
Paix Liturgique : Il y a aussi la question des sacrements…
Germain de Paris : Bien sur au moins les baptêmes et aussi les funérailles, malheureusement toujours possibles pour les membres de la communauté. Par exemple si je décédais demain je souhaiterais que la messe de Requiem puisse être célébrée où je vais à la messe chaque dimanche.
Paix Liturgique : Il y a aussi la question des vacances…
Germain de Paris : Et oui car c’est une habitude épiscopale d’accorder des messes… sauf pendant les vacances…Ce fut le cas de la messe grégorienne qui de ce fait n’était célébrée qu’un peu plus de la moitié des dimanches de l’année.
Paix Liturgique : Et il y a la question des vacances d’été.
Germain de Paris : En effet vous savez que dans beaucoup de paroisses l’été constitué une vraie coupure et certains trouvent normal que les messes s’interrompent pendant l’été. Or providentiellement l’été dernier nous avons continué les célébrations hors-les-murs pendant presque tous les mois de juillet et d’août.
Paix Liturgique : Et que s’est-il passé ?
Germain de Paris : Et bien nous n’avons jamais été moins de 40 fidèles avec une pointe à plus de 50 le dimanche 31 juillet comme quoi l’été il reste de nombreux fidèles qui désirent continuer à assister à la messe. Mais dans le cas présent, je pense que la question de l’été prochain était plus importante encore.
Paix Liturgique : Pourquoi ?
Germain de Paris : L’on croit comme, je le crois moi-même, que le changement à 180° de l’attitude du père Boulle en moins de 5 mois a pour but principal de nous diviser et de nous faire disparaître. De ce fait notre demande de la garantie de poursuivre l’expérience pendant l’été était celle d’éviter une dislocation qui aurait pu se faire sans garantie de reprise en septembre.
Paix Liturgique : Mais il y a bien un communiqué de l’évêché qui clarifie ces choses ?
Germain de Paris : Je dirais plutôt qu’il y a eu un communiqué publié sur le site de l’évêché. Mais vous observerez que ce communiqué n’est signé par personne… D’où une question : si demain les choses tournent mal à qui s’adresseront les fidèles ?
Paix Liturgique : Que pourrait-il se produire ?
Germain de Paris : Par exemple le père l’Hirondelle curé de Saint-Germain-en-Laye pourrait se voir muter ailleurs même en cours de mission, cela se produit tout le temps – imaginez donc un nouveau curé qui saura nous dire qu’il n’est pas concerné par ces belles paroles…
Paix Liturgique : Mais il y a aussi le père Boulle dans cette affaire ?
Germain de Paris : Tout à fait mais imaginez encore que le père Boulle se retrouve évêque dans trois mois …
Paix Liturgique : Mais il y a aussi l’évéque ?
Germain de Paris : Là vous avez tout à fait raison. Seul l’évêque peut garantir dans le diocèse et même vis-à-vis de ses successeurs une vraie pérennité, mais ce n’est pas lui qui est le meneur de cet accord et c’est une autre inquiétude !
Paix Liturgique : Inquiétude ?
Germain de Paris : Oui inquiétude de voir que le communique avoue que le seul but de celui-ci est de supprimer notre messe Hors-mes-murs sans un mot de charité ou de réconciliation. Oui certes je suis très inquiet face à cette inquiétante procédure !
Paix Liturgique : Donc j’ai bien compris que vous n’avez pas confiance et que vous n’avez pas de garantie que l’on ne vous berne pas ?
Germain de Paris : Vous avez parfaitement compris aussi comme le dit encore un dicton « laissons-nous le temps de tourner sept fois notre langue dans notre bouche » et laissons du temps au temps en refusant d’aller si vite que cette réserve de bon sens devienne impossible.
Paix Liturgique : Donc pour vous cet enchaînement « A la hussarde » ne peut pas être honnête
Germain de Paris : Vous avez raison ! Quand une situation est honnête elle ne peut pas être imposer de cette manière.
Paix Liturgique : C’est-à-dire ?
Germain de Paris : Cela veut dire que nous ne pouvons pas accepter à l’aveugle un accord opaque et imprécis, imposé à la hâte. Aussi voilà pourquoi nous allons poursuivre dans la paix notre célébration devant l’hôpital au moins jusqu’à la rentrée de septembre le temps de voir comment évoluent les promesses et les belles paroles ? Cela nous permettra aussi d’aider les prêtres qui nous ont aidé à s’organiser pour l’avenir.
Paix Liturgique : Vous ne voulez pas abandonner vos prêtres.
Germain de Paris : C’est bien cela, ils ne sont pas des kleenex que l’on jette après usage…Ils nous ont aidé pendant trois ans…Ils nous aident encore aujourd’hui. Je ne me vois pas leur dire – et encore moins leur dire : « A partir de demain c’est fini nous avons trouvé mieux ». Voilà pourquoi nous continuerons pendant une période de réflexion d’au moins six mois.
Paix Liturgique : Vous voulez donc vérifier que vous n’êtes pas floués ?
Germain de Paris : Tout à fait nous voulons nous assurer que notre pasteur nous aime comme nous sommes et que nous ne sommes pas l’objet d’une simple manipulation.
Paix Liturgique : Mais pensez-vous que les catholiques du diocèse vous comprendront ?
Germain de Paris : Comment ceux qui ont applaudi notre élimination ou ceux qui ne se sont jamais souciés de nous pourraient-ils nous suivre aujourd’hui ? Notre détermination est celle de familles qui veulent qu’enfin on les respecte, c’est cela aussi le dialogue et la synodalité.
Paix Liturgique : Donc vous allez continuer à dialoguer avec votre évêque ?
Germain de Paris : Bien sûr. Dans la loyauté nous espérons établir après Pâques un vrai dialogue avec Mgr Luc Crépy.