En cette entrée en Carême, Mgr Christian Delarbre s’adresse aux fidèles du diocèse d’Aix et Arles et nous invite à vivre le dessaisissement de soi-même, le dépouillement de sa propre grandeur, l’humilité et l’obéissant abandon au Seigneur pour avancer avec force vers Pâques :
Alors que l’Église du Christ entre en Carême, je célèbrerai pour la première fois de mon épiscopat l’appel décisif des catéchumènes adultes du diocèse. J’ai lu leurs lettres, je les ai rencontrés lors de la Journée Diocésaine, et je veux dire à tous combien les catéchumènes sont une grâce pour notre Église !
Ces hommes et femmes de tous âges et de toutes conditions ont été rejoints par le Seigneur sur leur chemin d’Emmaüs. Il s’est révélé au travers de diverses médiations humaines, ecclésiales ou familiales. Ils sont allés frapper un beau jour à la porte d’une maison paroissiale, démarche qui leur a souvent demandé du courage, mais porte qui s’est ouverte d’une Église accueillante qui a su connaître en eux l’œuvre de la grâce.
Les catéchumènes sont pour nous le signe que le Seigneur agit lui-même pour et dans son Église et qu’Il ne cesse d’appeler et de faire des disciples « de toutes les nations ».
Ils sont le signe que le Seigneur nous encourage à le rejoindre en Galilée, qu’Il est attendu, que le coeur de l’être humain cherche Dieu, a soif de Dieu. Oui, « Il est ressuscité d’entre les morts, et voici qu’il vous précède en Galilée ; là, vous le verrez. » [1].
Ils sont le signe que l’Esprit du Seigneur est réellement à l’œuvre et fait entrer l’Église dans un nouvel âge missionnaire : « Des pierres que voici, Dieu peut faire surgir des enfants à Abraham. » [2]
La grâce est à l’œuvre et nous n’avons pas à nous désoler comme si l’Église était une des femmes stériles de l’Écriture. Et si par malheur elle apparaissait ainsi à nos yeux, les catéchumènes nous prouveraient que le Seigneur sait donner descendance à la femme stérile: « Voilà ce que le Seigneur a fait pour moi, en ces jours où il a posé son regard pour effacer ce qui était ma honte devant les hommes. » [3]
À vrai dire, il convient plutôt de regarder l’Église avec les yeux des catéchumènes qui ont tant désiré la rejoindre : comme la jeune Épouse du divin Époux. Elle nous apparaîtra aussi de leur point de vue, comme une famille accueillante, qui sait prodiguer l’écoute, la disponibilité des prêtres et des fidèles laïcs qui les ont accompagnés, la place que leur préparent les communautés chrétiennes.
Dans ces temps éprouvants pour l’Église, leur attente du baptême d’eau et d’Esprit, leur désir du Christ, leur quête de Dieu sont un authentique réconfort. Ils viennent à nous poussés par l’Esprit et ne se laissent pas rebuter par le péché de ses membres. Eux-mêmes ne tardent pas à découvrir qu’être chrétien est d’abord un combat spirituel, c’est-à-dire un combat contre soi-même la plupart du temps. Un combat où l’on est réellement en danger, où l’on peut tomber et se faire mal. Leur catéchuménat est déjà une découverte que le Seigneur se donne à eux, mais qu’en retour, il demande tout. De changer de vie, alors que cela leur est encore impossible. D’épouser la croix de Jésus, ce qui est redoutable pour tous. De se laisser transformer par la grâce en une personne nouvelle, et c’est là le combat de toute une vie. C’est pourquoi l’on ne peut sans grave raison refuser les secours de la grâce des sacrements d’initiation chrétienne à ceux qui, poussés par l’Esprit, se sont engagés résolument dans ce combat, quand bien même sont-ils encore bien loin de l’avoir emporté [4].
Que ce soit en vue du baptême la nuit de Pâques, ou pour la plupart d’entre nous afin de renouveler les promesses baptismales, le Carême où nous entrons ce mercredi est justement « notre entrainement au combat spirituel » où « nos privations nous rendent plus fort contre l’esprit du mal ». [5] Un combat que l’on mène à la suite et à l’image de Notre Seigneur qui fut tenté au désert par trois fois. C’est aussi pourquoi j’invite tous les fidèles à mieux connaître les catéchumènes de leur paroisse et à prier pour eux dans le combat spirituel que nous partageons avec eux.
Lorsque vous vous avancerez, ce mercredi pour recevoir les Cendres sur votre tête, pensez que vous revêtez ainsi les armes du Seigneur sans lesquels il n’est pas de victoire possible dans ce combat : le dessaisissement de soi-même, le dépouillement de sa propre grandeur, l’humilité, l’obéissant abandon entre les mains du Seigneur. Ainsi équipés, vous avancerez avec force vers votre délivrance pascale !
Aix, le dimanche 19 février 2023
Mgr Christian Delarbre
Archevêque d’Aix et Arles