Pourquoi saint Joseph est-il Patron de l’Église universelle ? Tous ses privilèges, toute sa puissance, viennent de deux titres : il est l’époux de la Très Sainte Vierge Marie, et le père nourricier de l’Enfant Jésus. Par conséquent, il est chef de la Sainte Famille. Or, celle-ci est l’Église en germe. Donc saint Joseph est le chef de l’Église en germe, qui s’est ensuite développée.
Le titre de Patron de l’Église universelle convient donc à saint Joseph, et il a été officiellement décerné en 1870 par le pape Pie IX, lors de la prise sacrilège de Rome par les Piémontais révolutionnaires. A cette occasion, le pape a affirmé la prééminence de saint Joseph sur tous les saints, hormis la Mère de Dieu. Le souverain pontife dit que toujours, dans les heures critiques, l’Église a imploré l’assistance de saint Joseph. « Or, dans les temps si tristes que nous traversons, l’Église est poursuivie de tous côtés par ses ennemis. » Pie IX révèle que les évêques, en leur nom et au nom de leurs fidèles, ont prié le pape qu’il daigne nommer saint Joseph patron de l’Église universelle. Le pape déclare donc solennellement saint Joseph patron de l’Église catholique, voulant se mettre, lui et tous les fidèles, sous le très puissant patronage du saint.
Mais pourquoi est-ce le patron tout trouvé pour défendre l’Église de Jésus Christ ? C’est cette fois le pape Léon XIII qui nous répond : « Il est à la fois logique et digne de lui que saint Joseph couvre maintenant et défende de son céleste patronage l’Église de Jésus Christ, de même qu’autrefois il subvenait à tous les besoins de la sainte famille de Nazareth et l’entourait de sa religieuse et continuelle protection. »
Saint Joseph est donc patron de l’Église ; il la défend. Par conséquent, un mot d’ordre s’impose à tout fidèle : « Allez à Joseph ! » Cette injonction est tirée du livre de la Genèse (Ge 41, 55). C’est une parole du pharaon, concernant Joseph, l’un des douze fils de Jacob. Vendu par ses frères, il a été leur sauveur et celui de l’Égypte. Il fut l’homme le plus puissant du pays, juste derrière le roi. Il a fait mettre du blé en réserve dans les greniers pendant sept années de récoltes exceptionnelles. Et ensuite, quand sept années de sécheresse ont suivi, il y avait assez de blé pour nourrir les Égyptiens et les habitants des pays voisins. Que fallait-il faire, cependant, pour obtenir une ration de blé ? Il fallait « aller à Joseph », se présenter devant lui et lui demander ce dont on avait besoin. Léon XIII dit à ce sujet que c’est une croyance partagée par nombre de Pères de l’Église et confirmée par la sainte liturgie, que Joseph, fils de Jacob vendu par ses frères, est une figure de saint Joseph. « L’un fit réussir et prospérer les intérêts privés de son maître, et bientôt rendit d’admirables services à l’ensemble du royaume ; l’autre, destiné à être le gardien du christianisme, doit être regardé comme le Patron et le Défenseur de l’Église, qui est en toute vérité la maison du seigneur et le royaume de Dieu sur terre. »
Saint Bernard affirmait déjà, pour sa part : « Le premier Joseph fit des provisions de blé pour lui et pour tout le peuple, le second reçut la garde, pour lui et le monde entier, du pain vivant venu du Ciel. » Ce docteur dit aussi que saint Joseph est le fidèle et prudent serviteur dont parle Notre Seigneur à ses apôtres (Mt 24, 21). « Quel est, pensez-vous, le serviteur fidèle et prudent que son maître a établi sur ses gens, pour leur distribuer leur nourriture en temps convenable ? » Notre Seigneur ne parle pas ici directement de saint Joseph ; Il parle de tout serviteur de Dieu ; mais cela convient au plus haut point à son père nourricier. Heureux ce serviteur, si son maître, à son arrivée, le trouve agissant ainsi ! En vérité, je vous le dis, il l’établira sur tous ses biens (Mt 24, 47). Il deviendra le majordome, l’intendant universel.
Allons donc à Joseph ! Avons-nous besoin d’un secours temporel ? Allons à lui ! L’abbé Berto écrivait que saint Joseph est le « surintendant des caisses d’épargne. Soyons bien sûr qu’il a donné ce qu’il fallait pour le moment. Et soyons sûrs aussi qu’il donnera à mesure ce qu’il faudra. » Avons-nous besoin d’un secours spirituel ? Allons à Joseph ! Sainte Thérèse d’Avila enseigne : « Je n’ai pas connu une seule personne, ayant pour lui une dévotion vraie et l’honorant d’un culte particulier, que je ne l’aie vue plus avancée dans la vertu. Il fait progresser d’une manière admirable les âmes qui se recommandent à lui. (…) Que celui qui n’aura pas de maître pour lui enseigner l’oraison prenne ce glorieux saint pour guide, et il ne risquera point de s’égarer. »
S’agit-il d’une affaire difficile ? Allons à Joseph, encore et toujours. Recourons à l’avocat des causes désespérées. La prière à Saint Joseph, patron des causes difficiles, fait dire : « Vous qui êtes si puissant auprès de Dieu qu’on a pu dire : ‘’Au Ciel, Joseph commande plutôt qu’il ne supplie.” » Sainte Thérèse d’Avila affirme encore : « Les autres saints semblent avoir reçu de Dieu le pouvoir de nous assister dans une nécessité spéciale. Mais ce glorieux saint, je le sais par expérience, nous assiste dans tous nos besoins. » Il nous assiste jusqu’à notre dernier souffle. Le père Hugon explique : « Car il se plaît surtout à accorder les grâces de salut, et notamment la grâce des grâces, la persévérance finale », car il a rendu son âme entre les bras de Notre-Seigneur et de la Très Sainte Vierge Marie.
Saint Joseph est encore patron de toutes les conditions. Il est le patron de l’enfance : il a abrité l’Enfant Jésus sous son manteau paternel. Il est patron des familles chrétiennes : car il est chef de la plus auguste famille. Il est patron des époux : le pape Léon XIII dit qu’il est parfait modèle de l’union des cœurs et de la fidélité conjugale. Il est patron des pères de famille : le même pape enseigne que ceux-ci ont en saint Joseph la plus belle personnification de la vigilance et de la prévoyance paternelles. Il est le patron des ouvriers, lui le charpentier de Nazareth. Il est patron des Vierges et de la virginité. Il est patron des âmes sacerdotales : Joseph et le prêtre ont reçu tous deux la mission de porter Jésus-Christ aux hommes. Le chanoine Lallement écrit : « Confions-lui la sainteté des prêtres : qu’il leur apprenne à traiter avec Jésus ; qu’il leur apprenne à traiter Jésus lui-même, Jésus dans l’hostie, et Jésus dans le corps mystique. » Il est encore patron des affligés, lui qui a entendu annoncer que Jésus serait un signe de contradiction et que le cœur de Marie serait percé d’un glaive de douleurs. Il est le patron des exilés, lui qui a dû organiser la fuite en Égypte. Il est patron de tous les chrétiens, comme l’écrit saint François de Sale dans une belle prière à saint Joseph : « Ouvrez vos yeux de père sur les intérêts de vos enfants. »
Retenons donc ce mot d’ordre : « Allez à Joseph ! » Dom Maréchaux écrit : « Jésus répète à tous les malheureux de la terre, du haut de son trône éternel, la parole que le pharaon d’Égypte disait à tous ceux qui lui demandaient du pain : Allez à Joseph ! (…) Le nouveau Joseph tient à sa disposition les greniers de l’abondance divine ; il donne à tous ceux qui l’invoquent, de loin comme de près, secours matériels, allégement dans les peines, consolation d’en-haut, grâces de lumière et de réconfort. Qu’elle n’est pas la clientèle de saint Joseph ! »
Le mot de la fin revient encore à sainte Thérèse d’Avila : « Je voudrais persuader toutes les âmes qu’elles doivent porter de la dévotion à ce glorieux saint. Une longue expérience, en effet, m’a montré les grâces qu’il nous obtient de Dieu. (…) Je demande seulement, pour l’amour de Dieu, à celui qui ne me croirait pas, d’en faire l’épreuve. Il verrait par son expérience combien il est avantageux de se recommander à ce glorieux patriarche et d’avoir pour lui une dévotion spéciale. »
Abbé Vincent Grave, FSSPX
Extrait du Lou Pescadou n° 230