Le Forum Catholique publie la très bonne tribune de Christophe Dickès dans le Figaro sur le nouveau rescrit du Saint-Siège. Christophe Dickès est journaliste et historien spécialiste des relations internationales, du catholicisme contemporain et du Saint-Siège. Il est le fils du Dr Jean-Pierre Dickès + (médecin, défenseur de la vie et auteur notamment du livre La blessure (sur la crise de l’Eglise après le Concile Vatican II)).
Le carême des catholiques traditionalistes commence dans la peine. En charge des questions liturgiques au Vatican, le cardinal Roche qui, dans les faits, n’a jamais caché son opposition à l’œuvre de Benoît XVI, vient de publier un nouveau texte validé par le pape François sur la pratique de l’ancien rite. Contrairement à l’esprit même que le pape a souhaité donner à son pontificat, il réduit drastiquement la liberté des évêques et leur autonomie en la matière. Mais qui sont donc ces catholiques traditionalistes?
À l’échelle de l’Église de France, ils font partie des rares pratiquants réguliers. Soit moins de 4 % des catholiques français. Ils sont donc une minorité d’une minorité. Ils catéchisent leurs enfants en leur apprenant les dix commandements et les prières que les catholiques doivent connaître. À cet égard, ils pratiquent souvent en famille. Certains d’entre eux, souhaitant préserver leurs enfants de la cancel culture qui se développe dans l’environnement scolaire, mettent leurs enfants dans les écoles hors contrat. Ces écoles étant très chères, ils font donc des sacrifices et se privent. Ils savent cependant que l’instruction vaut tous les trésors du monde, notamment l’instruction religieuse assurée par des prêtres.
Ces gens assistent surtout à la messe en latin. Non pas parce qu’ils préfèrent la langue universelle de l’Église, ni par snobisme. Non. Parce qu’il existe une verticalité et une sacralité dans le rite improprement qualifié de tridentin, moins évidentes dans le rite «communautaire» de la messe Paul VI. Ils aiment aussi ce rite parce qu’il est le moins clérical: le prêtre, en effet, leur tourne le dos au moment du Canon. Dans l’ancien rite, nul personnalisme: les fidèles prient dans un face-à-face silencieux avec Dieu.
Christophe Dickès est assez différent de son père Jean-Pierre. Le docteur Dickès tenait une chronique régulière dans la revue Fideliter de la FSSPX. C’étaient des brèves glanées à droite et à gauche et généralement critiques à l’égard des conciliaires. Christophe, historien distingué, invite des confrères historiens à une émission télévisuelle périodique qu’il dirige sur KTO. Les sujets sont pointus mais intéressants. C’est du genre Philippe le Bel et les papes, ou la réforme grégorienne. J’aimerais l’entendre sur la Sainte Ligue, celle des guerres de religion en France. Il a un site internet du nom de Storiavoce. Sa patronne à KTO est Philippine de Saint Pierre qui entretient les meilleures relations possibles avec la hiérarchie religieuse officielle. Il arrive qu’on y croise des tradis comme l’abbé de Tanoüarn, Philippe Maxence ou Yves Chiron, mais c’est vraiment exceptionnel et jamais tradicentré. Les reportages sur des institutions religieuses, des questions de doctrine ou des témoignages sont souvent intéressants.