La dernière lettre de la Confraternité Saint-Pierre donne la parole à l’abbé Stanislas de la Rochefoucauld, diacre de la FSSP, qui est en année diaconale à Saarlouis (Allemagne), apostolat de la Fraternité Saint-Pierre dans la Sarre, région frontalière de la France (qui a d’ailleurs été province française d’ailleurs) et qui donc compte aussi des paroissiens français.
La communauté organise chaque année un pèlerinage à Saint-Avold dans le diocèse voisin (en France)
Les Allemands disent Saarlouis et les français Sarrelouis ; nous n’avons jamais été aussi proche d’être d’accord avec nos cousins germains. Fondée par Louis XIV, la ville, située à dix kilomètres de la frontière française, garde quelques traces de son origine avec ses fortifications construites par Vauban et ses croissants presque pure beurre.
Dès la fondation de la ville, des ermites augustiniens s’installent dans la nouvelle forteresse à l’emplacement de l’actuelle chapelle. Ils y construisent une église et un monastère qui seront détruits à la révolution française. La chapelle actuelle date de 1901 et était attenante à un hôpital dirigé par les sœurs de Charité de saint Charles Borromée fondée en 1652 à Nancy. L’hôpital ayant déménagé, ce sont les Jésuites qui ont pris la suite en 1929 et ce jusqu’en 2007 où ils se délocalisèrent. La chapelle fut alors abandonnée et désacralisée. Pendant cinq ans elle fut la propriété d’un architecte qui s’en servi comme atelier.
Ce n’est qu’en 2012 qu’elle retrouvera sa vocation originelle grâce à notre petite Fraternité, qui en fit l’acquisition (une des seules églises dont nous sommes les propriétaires) , et à la générosité des fidèles qui, avec l’aide de la Fondation allemande pour la protection des monuments, finança sa rénovation.
Aujourd’hui, français et allemands se retrouvent chaque dimanche, dans la concorde, pour y entendre la messe de Louis XIV.
Fait étonnant, les sarrois célèbrent chaque année une messe en l’honneur de Louis XVI le 21 janvier. J’ai donc eu la joie et l’honneur il y a quelques jours d’entendre dans la langue de Goethe le testament du roi martyr !
La vie paroissiale est à l’image de la piété allemande, touchante et généreuse. Le chapelet y est récité tous les jours avant chaque messe, les statues des saints sont perpétuellement illuminées par les offrandes des fidèles et les cantiques y sont chantés avec la vigueur d’une foi authentique et profonde.
Ce qui est beau en Allemagne c’est aussi l’attachement aux traditions. Au moment de l’Epiphanie, chaque foyer fait bénir sa maison pour l’année à venir et vous trouverez des linteaux de portes où il y aura à peine de la place pour l’inscription qui achève le rite tant sont nombreuses les bénédictions.
Les démonstrations de foi sont constantes et si vous rentrez dans une maison sarroise, vous ne trouverez pas une pièce où, ici une statue, là un crucifix, viennent professer que dans cette maison on croit en Dieu et en son Eglise.
Préservés du rationalisme asséchant des lumières, les sarrois aiment les bénédictions en tout genre et les prêtres sont souvent sollicités, leur rituel restant toujours à portée de main.
Mais le plus édifiant peut-être ce sont les litanies que les Allemands connaissent par cœur et qui rythment les nombreuses adorations auxquelles ces derniers aiment venir se recueillir.
Si nous ne sommes pas toujours sensibles au goût des Allemands, il faut reconnaître que leur piété est une belle source d’inspiration pour nous Français et mérite, si ce n’est d’être imitée, au moins d’être justement louée.
La maison de la Fraternité Saint-Pierre à Sarrelouis est connue sous le nom de Canisianum bien que sa véritable appellation soit Maison Saint Lutwinus, saint sarrois du VIIe siècle. Cette dénomination tire son nom du saint patron de la chapelle qui n’est autre que saint Pierre Casinius second apôtre de l’Allemagne, après saint Boniface, et qui eut un rôle très important lors de la contre-réforme dans les pays du Saint-Empire notamment par son catéchisme, Best-seller de l’époque.
C’est donc sous la protection d’un saint catéchiste que se déroule mon apostolat à Sarrelouis comme diacre. Ma principale mission est de s’occuper de la communauté française qui n’a pas toujours la chance de parler allemand et de profiter des saintes homélies de mes deux confrères : l’abbé Metz, supérieur de la Maison et l’abbé van der Linden, ancien moine bénédictin, ordonné en 2012 dans notre Fraternité. A côté du catéchisme et des prédications, nous essayons, avec l’abbé van der Linden, de monter une petite schola grégorienne afin de varier le « chant » lexical des cantiques allemands…
Les jeunes couples ou étudiants se retrouvent eux une fois par mois pour recevoir un enseignement et partager un repas jovial tous ensemble. Lors des fêtes importantes, ils sont, bien sûr, mis à contribution pour préparer les couronnes de l’Avent, décorer le « Christ Baum » (le sapin de Noël situé dans le chœur), installer la crèche etc. Chacun y va de son talent et de son temps.
Chaque année à l’automne est organisé par notre communauté un petit pèlerinage franco-allemand au sanctuaire de Notre-Dame de Bon Secours à Saint Avold en Moselle. La Messe y est chantée dans l’abbatiale Saint Nabor tandis que le salut du Saint-Sacrement est donné l’après-midi dans la basilique.
La communauté de Sarrelouis est une communauté humble et modeste mais qui ne demande qu’à grandir et à accueillir de nouvelles familles et de nouveaux talents. Jamais paroisse allemande n’a été aussi française, même si, pour nous, elles ne le seront jamais assez.
Eglise St. Pierre Canisius, Stiftstr. 18; Sarrelouis, Allemagne : Messes les dimanches et fêtes à 10h et 18h00 ; Messes en semaine le lundi, mardi, jeudi et vendredi à 18h30, mercredi à 8h00 et samedi à 15h00
Merci pour ce reportage très vrai sur cette communauté un peu atypique unie par la messe tridentine.
Bonjour ,
Fidèle dans cette communauté, je vous remercie pour ce bel article. Une petite erreur s’est glissée dans les horaires des messes du dimanche ….Il y a dorénavant une messe à 10 h et à 18 h. Pourriez vous procéder à cette modification?
Merci par avance
Pascal Flaus
Merci beaucoup, modification faite.
Bonjour, Je suis fidèle de cette paroisse depuis 2016. La Messe est célébrée par de saints prêtres, la liturgie est belle et sacrée. L’amitié franco-allemande (malgré le problème de langue pour ce qui me concerne ) est réelle et sincère.