Dans bien des vignobles de France, les vignerons fêtent saint Vincent, saint Urbain (en Alsace), saint Martin de Tours, saint Roch depuis l’épidémie du phylloxéra – il protège des épidémies et des épizooties, et même localement saint Sébastien. Mais dans la vallée de la Loue, dans le Doubs (diocèse de Besançon), autour d’Ornans, le saint patron de la vigne et des viticulteurs, c’est saint Vernier, fêté le 22 janvier cette année.
Saint Vernier, ou Verny ou Garnier, est né en Rhénanie. Il est tué en 1287 par trois brigands qui l’interceptent à la sortie de la messe, l’attachent à un pilier la tête en bas pour lui faire vomir la sainte Hostie, et n’y arrivant pas, lui ouvrent les veines. Son culte s’est répandu en Comté et en Auvergne.
“Il y a plusieurs statues de lui dont une de saint Vernier jeune homme, vigneron: habit, chapeau, vigne. Saint Vernier, dit saint Verny en Auvergne, patron des vignerons est représenté avec l’habit traditionnel: jaquette, haut-de-chausses, jarretières, guêtres, souliers de cuir et chapeau de feutre; ses attributs: une serpette, un tonnelet de vin dit bousset, un chien couché à ses pieds, un bouquet de fruits à la main gauche, il s’appuie sur un tronc écoté”, détaille Nominis.
La confrérie de saint Vernier d’Ornans a été créée en 1583, rappelle le diocèse de Besançon, “dans le but de venir en aide aux veuves et aux orphelins de ceux qui travaillaient la vigne. Aujourd’hui, la Saint Vernier célèbre une messe solennelle une fois par an en janvier, à la date de la Saint Vincent, tour à tour dans chaque village de la Vallée“. Une autre, semblable, existait à Arbois. Celle d’Ornans cesse ses activités en 1962, mais renaît en 1978.
Au moment où renaît la confrérie, il n’y a plus de vigne. Mais le vignoble renaît à Vuillafans avec l’association Ruranim, puis avec la mairie d’Ornans qui plante en 2015 et 2019. De premières nouvelles vendanges ont lieu en 2020. Aujourd’hui, près de 300 bouteilles sont vendues par François Aubert, vigneron à Vuillafans et Ornans.
Addendum du 25/02/2023:
Henri Meunier, ancien président du groupe traditionnel comtois Les Alwati, nous adresse ces précisions:
Je connais la fête de St Vernier à Ornans pour y avoir participé en l’an 2000 avec d’autres associations du Jura. J’ai même chanté avec mon groupe des chansons comtoises à l’issue de la messe. Je sais aussi tout le rôle social qu’a joué votre confrérie pendant des siècles. Mais aujourd’hui vous ne pouvez plus colporter l’abominable légende que vous venez de rappeler dans Riposte catholique, selon laquelle Vernier fut mis à mort par les Juifs [légende qui n’est pas mentionnée dans l’article, note de Riposte catholique]. C’est une source de l’antisémitisme chrétien qui a perduré pendant des siècles et causé la mort de milliers de Juifs. Depuis les années 1960, des historiens allemands ont démontré que Vernier était mort victime d’un sadique sexuel. Quand on ignorait l’auteur d’un crime, on se retournait contre les Juifs. Même le pape Innocent IV en 1247, soit 40 ans avant la mort de Vernier, en avait averti princes et évêques allemands. D’autres papes ont suivi. Le procès en canonisation fut bloqué par l’Eglise locale en 1428-29. Vernier n’a jamais été déclaré officiellement saint. Aujourd’hui vous n’avez plus l’excuse de la langue. La thèse de l’historien Ferdinand Pauly a été intégralement traduite dans la très sérieuse revue Barbizier de Nancray. (n° 31 de 2007). Voir internet. Mettez-vous à jour. Comme en Allemagne, ne parlez plus de St. Vernier. Vous pouvez même continuer la vie de votre confrérie sans grand problème. Il suffirait de prendre St. Vincent comme patron. D’autres villes l’ont déjà fait. Vous ne changeriez même pas de date.