D’Aurelio Porfiri, éditeur et écrivain catholique italien, pour Riposte catholique:
Ces jours-ci, on entend beaucoup parler des scénarios post-Benoît XVI. L’une des choses que vous entendez, en référence à certaines déclarations critiques de l’archevêque Georg Gänswein, c’est qu’il serait désormais à la tête des conservateurs ou des traditionalistes. Comme d’habitude, la presse, et pas seulement, s’embrouille en confondant les termes.
Aujourd’hui, un conservateur pourrait être quelqu’un qui entend appliquer Vatican II sans bond en avant, ce qui ne peut pas être dit pour un traditionaliste qui a habituellement une attitude critique envers le Concile.
Ensuite, Mgr Gänswein ne peut pas être à la tête du mouvement traditionaliste pour une raison bien précise : le traditionalisme n’existe pas, les traditionalismes existent avec des différences souvent notables d’un groupe à l’autre. Même au sein de groupes qui suivent des thèses théologiques similaires, il y a des différences et personne, je dis bien personne, n’a l’autorité de donner la licence de “traditionaliste”, il n’y a pas de “Pape du traditionalisme”.
Je crois que le départ du Pape émérite aidera à mieux délimiter certaines divisions qui sont déjà clairement évidentes pour tous ceux qui observent ces phénomènes avec un minimum d’objectivité. Je crois qu’il va y avoir une radicalisation du versant apocalyptique/complotiste qui, en tout cas parmi les variantes du traditionalisme, devient prégnant. Elle prend la place de la variante « apparitionniste », celle qui suivait tous ceux qui prétendaient avoir des messages de la Sainte Vierge. Avant, on croyait que notre avenir nous serait annoncé par la Mère de Jésus, aujourd’hui nous sommes entre les mains de personnages controversés qui annoncent jour après jour des catastrophes.
Un large pan du traditionalisme risque de virer à la pathologie, fuyant les nobles raisons pour lesquelles il est né : la tradition catholique, la sauvegarde de la messe, la défense du dogme. Malheureusement, il arrive que la technologie prenne le pas sur la pensée et que ceux qui sont favorisés par la géographie semblent aboyer le plus fort et semblent dire des choses intéressantes. Dans la plupart des cas, malheureusement, ce n’est pas le cas.
Dans de nombreux cas, le traditionalisme se transforme en une sorte de “syndrome d’assiégé”, pour lequel, la chose la plus cruelle qui puisse être faite, est de lever le siège.