Dans la dernière lettre de la Confraternité Saint-Pierre (Octobre 2002), l’abbé Laurent Demets, FSSP, revient sur son apostolat au Viet-Nam et sur le récent déplacement qu’il a fait au Cambodge voisin. L’abbé Demets est en mission au Viet-Nam depuis septembre 2019.
L’abbé Will Conquer, prêtre des missions étrangères de Paris nous a contacté il y a quelques mois pour nous inviter à passer quelques jours au Cambodge où il est en mission. C’est avec joie que j’ai accepté l’invitation.
C’est ainsi qu’au début du mois d’août un petit groupe de notre communauté prit le bus en direction de Phnom Penh. Après quelques heures de route nous arrivâmes dans la capitale cambodgienne. C’est en tuk-tuk que nous nous rendîmes à la paroisse Saint-Joseph où nous attendait l’abbé Will.
La paroisse Saint-Joseph est un peu le centre névralgique de l’Église du Cambodge. Elle a abrité l’ancien petit séminaire et a fait fonction d’office pour l’administration apostolique. Après les présentations et un café, nous nous retrouvions à l’Église pour chanter les Vêpres. La nuit tombée, nous prîmes notre premier repas cambodgien sur les berges du Mékong.
En 1659 le Cambodge est intégré au vicariat apostolique de Cochinchine, confié aux Missions Étrangères de Paris. En 1850 le pape Pie IX crée le vicariat apostolique du Cambodge. Aujourd’hui l’Église catholique du Cambodge comprend le vicariat apostolique de Phnom Penh et 2 préfectures apostoliques à Battambang et Kampung Cham.
Bien que voisin du Vietnam, la situation de l’Église catholique au Cambodge est très différente. Certes, au Vietnam, le catholicisme est minoritaire (environ 8 % de la population). Mais il s’agit d’une minorité bien visible dans le pays. Les séminaires et les noviciats sont bien remplis. On peut voir des églises un peu partout dans le pays. Au Cambodge, le nombre de catholiques ne s’élève qu’à quelques milliers de personnes, soit environ 0,2% de la population. Quant aux églises, elles sont assez rares, d’autant plus que nombreuses ont été détruites pendant la période des Khmers rouges.
Le lendemain, la journée débuta avec l’Office des Laudes. Nous avions en effet décidé de chanter les Laudes et les Vêpres chaque jour pendant notre voyage. Puis après le petit déjeuner, nous prîmes la direction de Oudong, ancienne capitale du royaume Khmer. De retour à Phnom Penh, le soir, nous nous rendîmes à la paroisse Notre-Dame du Mékong. Après l’Office des Vêpres, je pus célébrer une messe de Requiem pour les victimes des persécutions au Cambodge.
Le lendemain, nous prîmes la direction de Sihanoukville. Nous nous sommes arrêtés sur le chemin dans la mission catholique de Boeng Ta Prum où des sœurs tiennent une petite école. Ces dernières nous ont chaleureusement offert le déjeuner. Enfin, nous arrivâmes à l’église Saint Michel à Sihanoukville, paroisse dans laquelle l’abbé will sert comme vicaire. Construite dans les années 1960, cette Église est l’une des rares à ne pas avoir été détruite pendant la période Khmer rouge. Les vêpres et la messe furent suivies du dîner. Puis nous sommes partis visiter un peu la ville et prendre un verre pour nous détendre après une journée de voyage.
Nous reprîmes la route le lendemain matin en direction du Mont Bokor. La montagne qui culmine à 1080 M, était une ancienne station climatique pendant la période coloniale indochinoise. Les stations climatiques mises en place par l’administration coloniale étaient des lieux au climat plus tempéré et qui servaient souvent de lieu de villégiature pour les Européens peu accoutumés au climat tropical. Nous avons pu le constater nous-mêmes, car lorsque nous sommes arrivés au sommet, la température était beaucoup plus douce. Nous fûmes immédiatement saisis par la beauté du paysage qui s’offrait à nous. La montagne surplombe le golfe du Siam et fait face à l’île de Phú Quốc qui appartient au Vietnam.
En 1919 commença la construction d’une église sur le Mont Bokor. Cette église fut consacrée en 1928 par le vicaire apostolique de l’époque. Saisie par les Khmers rouges, l’église fut sérieusement endommagée pendant le conflit entre le Vietnam et le Cambodge. Par la suite, elle a été redonnée à l’Église catholique, mais il ne reste qu’une ruine, aujourd’hui. Un projet de rénovation est en cours, mais il faut obtenir les autorisations et l’argent nécessaires.
Malgré l’état délabré du bâtiment, il nous fut possible d’y célébrer la messe. L’abbé Will Conquer célébra la messe ce qui me permit de chanter avec la Schola. L’église possède une excellente acoustique comparable à celle de nos vieilles églises romanes. Je célébrerais ensuite une messe basse, puis nous reprîmes la route en direction de Kep, en bord de mer, à quelques kilomètres de la frontière vietnamienne. C’est dans une école catholique, tenue par des salésiens que nous avons passés la nuit.
Le jour suivant était déjà, hélas le jour du retour au Vietnam. Après le petit déjeuner chez les salésiens, nous nous rendîmes vers ce qu’il reste de l’ancien monastère bénédictin de Kep. Le monastère avait été fondé en 1952 par des moines de la Pierre-Qui-Vire. Malheureusement, il fut presque entièrement détruit en 1975. L’église conventuelle n’existe plus. Aussi avons nous installé un autel de fortune dans un bâtiment en ruine. Nous y avons chanté les laudes puis célébrer la Sainte Messe. Pour l’occasion, une sœur cambodgienne et un Français résidant au Cambodge nous ont rejoint.
Après quoi, il nous fallait déjà regagner la frontière. Là, nous saluâmes notre hôte et notre guide, L’abbé Will Conquer. Et après les formalités administratives de douane, nous prîmes un bus pour rentrer à Saigon.
Mes fidèles vietnamiens et moi-même sommes rentrés enchantés de ce voyage, malheureusement trop court. Mais nous espérons nous retrouver l’année prochaine, si Dieu le veut, pour un pèlerinage auquel participeront peut-être des fidèles d’autres pays proches d’Asie.
Je vous invite à prier pour l’Église du Cambodge, Église petite et humble qui a beaucoup souffert depuis sa fondation jusqu’à un récent passé. Malgré une présence missionnaire de plus de 4 siècles, je dirais que la mission ne fait encore que commencer dans ce beau pays d’Asie du Sud-Est.
Je vous invite également à prier pour notre apostolat au Vietnam. Vous pouvez nous aider par vos prières ou financièrement sur le site de la Fraternité Saint-Pierre (onglet « soutenir notre développement au Vietnam ») : https://www.fssp.org/fr/nous-aider/faire-un-don/
Merci à tous et que Dieu vous bénisse !
Abbé Laurent Demets, FSSP.