Le blog patrimoine du Pélerin a dressé un mode d’emploi simple et clair, injustement méconnu, pour restaurer une église – ou tout autre patrimoine religieux, communal ou non.
- Monter une association : “Créer ou rejoindre une association loi 1901 qui se chargera de défendre l’intérêt de l’édifice et de pourvoir, si besoin, à sa valorisation, une fois la restauration de l’église accomplie. Cette structure permettra de créer des animations locales pour intéresser la population au sauvetage du monument et de lever des fonds qui pourront compléter le financement des travaux“
- Prendre contact avec le propriétaire : “Pour les églises édifiées avant 1905, le propriétaire est la commune. Il est possible également que cela soit le diocèse pour des chapelles ou des églises récentes, ou une personne privée – en particulier pour les chapelles de châteaux. Parfois aussi, l’association est amenée à racheter le bien qu’elle cherche à sauver”
- Rencontrer les autorités, le curé, l’évêque : “rien ne peut se faire si le maire n’est pas convaincu qu’il faut réaliser les travaux nécessaires et qu’il convient de chercher ensemble le financement de ces travaux, souvent coûteux. Cela reste donc la première démarche à mener. Il est important aussi de convaincre les paroissiens, le curé et même l’évêque de l’intérêt de la démarche“.
- Médiatiser la restauration de l’église (ou le combat pour son sauvetage) : “en prévenant la presse locale à chaque événement lié au monument, l’association contribuera à médiatiser son action en sa faveur. Concerts, spectacles, buffets festifs – dont les recettes iront à la restauration de l’église – sont en outre de bons moyens de faire connaître auprès de la population et au-delà, le projet de l’association, de la commune et de la paroisse”. Il est utile d’avoir un site internet, une page Facebook, un compte Twitter.
- Envisager l’avenir – et sonder la population à ce sujet : “Si l’église n’est plus desservie par son affectataire (en l’occurrence l’Église catholique), cela semble bien beau de la restaurer, certes, mais pour quoi faire ? Imaginer un vrai projet et consulter des experts en ce sens en amont de la restauration si l’on envisage un véritable changement d’usage (architectes, voire urbanistes, éventuellement scénographes), est essentiel. Il est primordial aussi de vérifier la perception du projet dans la population et la communauté chrétienne“.
- Chiffrer et phaser la restauration de l’église : “Il faut le faire après s’être renseigné sur le classement, ou non, de l’édifice sur la liste des monuments historiques (et donc susceptible de recevoir des subventions publiques). Chiffré, le plan total doit être établi avec un maître d’œuvre qui sera l’architecte en chef des monuments historiques (en cas de monument « classé ») ou un architecte du patrimoine dans les autres cas (monument « inscrit » ou encore non protégé par l’État). […] Le principe est toujours de mettre un édifice « hors d’eau et hors d’air » avant d’envisager toute autre restauration“
- Aller à la pêche aux subventions et au mécénat : “Les subventions de l’État dépassent rarement 50% du coût des travaux, et encore, pour les monuments historiques classés. Ils vont parfois jusqu’à 40% pour les monuments inscrits. Un fonds spécial incitatif a permis depuis 2018 d’augmenter d’environ 10% ces subventions pour les édifices et les œuvres d’art des petites communes“. Pour le petit patrimoine non classé, d’autres sources existent – fondation du patrimoine, Mission Bern, VMF, collecte participative (Dartagnans, CredoFunding…), mécénat d’entreprises, dons en nature, réseaux de mise en contact d’artisans et d’associations [comme celui d’Urgences Patrimoine qui permet à des artisans d’offrir la restauration d’oeuvres ou des prestations], etc.
- Vous n’êtes pas seuls : aujourd’hui, des structures existent pour mettre en relation artisans, jeunes volontaires et les lieux à restaurer. Dans votre département, d’autres associations qui ont restauré des églises existent déjà – rapprochez vous d’elles, leurs conseils sont précieux. Il existe aussi des structures nationales qui combattent pour la sauvegarde du patrimoine, disposent de délégués locaux souvent très expérimentés.