Comme le constate La Croix, dans un article sur la position du Pape François dans le conflit qui déchire la Russie et l’Ukraine, l’équilibre entre Kiev et Moscou devient de plus en plus délicat pour le Souverain pontife. Critiqué à Kiev en raison de sa prudence à l’égard de Moscou, François a même suscité l’ire de l’Église orthodoxe russe, alors que le Pape était réputé prudent dans l’approche du conflit:
Ce positionnement a provoqué d’abord de fortes tensions avec l’Ukraine. Le chemin de croix organisé mi-avril par le Vatican en présence d’une Ukrainienne et d’une Russe portant ensemble le crucifix au Colisée a fortement déplu aux autorités ukrainiennes. Les relations entre Kiev et Rome ne sont revenues à la normale que mi-mai, à la faveur d’un voyage en Ukraine du «ministre des affaires étrangères » du pape, Mgr Paul R. Gallagher.
Mais depuis plusieurs semaines, des tensions se sont fait jour du côté de Moscou. Car l’entretien accordé par le pape au Corriere della Sera, début mai, dans lequel François raconte la teneur de sa rencontre en ligne de mi-mars avec Kirill, a déclenché la fureur du Patriarcat. Le patriarche a en effet très peu apprécié de voir François rendre publique sa comparaison entre le plus haut responsable de l’Église orthodoxe russe et un
«clerc d’État».
Les liens entre l’Église catholique et le Patriarcat de Moscou semblent s’étioler de mois en mois. Un exemple parmi d’autres: aucun séminariste ni prêtre orthodoxe russe ne rejoindront à la rentrée les universités pontificales romaines, comme c’était pourtant le cas depuis plusieurs années.
(…).
Si ce pape se donnait la peine, comme Pie XII ou à la rigueur comme Paul VI, Jean Paul II ou Benoît XVI, de se comporter et de travailler en diplomate, il saurait trouver la réponse à ce dilemme.
Comme tout chef d’Etat qu’il est.