Mgr Luc Crepy, évêque de Versailles, a répondu aux questions de La Croix, suite à la mort dramatique du père François de Foucauld, âgé de 50 ans et prêtre du diocèse de Versailles depuis dix-huit ans. Extrait :
J’ai rencontré François dès les premières semaines de mon arrivée à Versailles, ayant le souci de visiter personnellement chaque prêtre du diocèse. François était animé d’un zèle missionnaire indéniable, cherchant à ce que les paroisses ne restent pas dans la routine mais deviennent toujours plus évangélisatrices.
[…] En juin 2021, nous avions convenu à sa demande qu’il partirait en septembre pour une mission d’études au Canada auprès du père James Mallon (un prêtre du diocèse de Halifax ayant développé des formations pour revitaliser les paroisses, NDLR). Au cours de l’été, François a finalement renoncé à ce projet. Je lui ai alors proposé de nous rencontrer pour envisager une autre nomination. Il n’a pas donné suite à mon message et s’est retiré dans un appartement personnel. J’ai essayé de garder régulièrement le lien par l’intermédiaire de prêtres amis de François. Nous avons eu d’autres échanges pour essayer d’avancer.
Le conflit qui opposait François de Foucauld à sa hiérarchie préexistait à votre arrivée : sa gestion de la paroisse de Bois-d’Arcy où il était curé depuis 2014 a fait l’objet d’un audit au printemps 2021, que vous avez par la suite dénoncé dans un courrier du 16 juin 2021. Comment expliquer que le conflit ait perduré ?
Quand je suis arrivé dans le diocèse en avril 2021, j’ai découvert cet audit demandé par François. Pour garantir l’indépendance de ce travail, François a désigné un auditeur et le diocèse le second. Il s’agissait d’un audit indépendant : comme nouvel évêque, je me sentais donc très libre d’en accueillir ou non les conclusions.
Très vite, je me suis rendu compte que le rapport final constituait un obstacle pour François. Ma priorité était de lever l’obstacle. J’ai écrit aux seules personnes ayant eu confidentiellement connaissance des conclusions de l’audit – à savoir les membres du conseil épiscopal – que je ne faisais pas miens les propos rapportés par l’audit. Je leur ai également demandé de supprimer leurs copies de l’audit, afin que l’affaire soit définitivement résolue.
Cet audit est resté confidentiel : pouvez-vous juste nous préciser la teneur des reproches portés contre le père François ? Était-il question d’agressions sexuelles ? Relevait-il de faits susceptibles d’engager des procédures judiciaires ?
Je veux dire ici que ces reproches ne concernent absolument pas des questions d’agressions ou d’abus sexuels : je tiens à ce que la mémoire du père de Foucauld soit respectée. Il s’agissait de difficultés et de tensions importantes dans la vie paroissiale. […]
J’entends aujourd’hui combien résonnent, dans l’Église, les questions de gouvernance, du partage des responsabilités et d’exercice de l’autorité. Comme évêque, j’exerce mes responsabilités en collaboration avec bien des personnes, et en premier lieu avec les prêtres qui sont les premiers collaborateurs de l’évêque. Mais il ne suffit pas de collaborer : l’évêque doit prendre soin des prêtres de son diocèse. Ceci ne doit pas rester un vœu pieux mais se traduire par des fonctionnements institutionnels précis. Par exemple, dans le diocèse de Versailles, le conseil presbytéral a travaillé au cours des derniers mois à la mise en place d’une instance de médiation pour permettre à un prêtre vivant une situation de conflit de pouvoir être écouté sans intermédiaire hiérarchique et de chercher une solution pour résoudre cette situation. […]