Paix Liturgique publie une lettre sur le très progressiste cardinal Marc Ouellet – qui ne l’a pas toujours été – et sur ses ambitions.
“La revue Golias vient de publier, sous la signature de Gino Hoel, un portrait au vitriol du cardinal Marc Ouellet (Golias-Hebdo n° 718-Semaine du 28 avril au 4 mai 2022, pp. 16-17). Cet article, tout à fait dans la manière et les préoccupations de cette revue catholique d’extrême gauche, nous a cependant incités à en savoir plus sur ce prélat canadien. C’est pourquoi nous avons demandé à notre ami Paul Grondin, correspondant de Paix Liturgique au Québec de nous donner son avis sur les éléments donnés par l’article, tout entier à charge, publié par Golias-Hebdo“.
Suite de la lettre sur le site de Paix Liturgique
Paix Liturgique revient notamment sur l’affaire de Pontcallec, où le cardinal Ouellet a eu un rôle important – qui dénote par rapport à cette modeste congrégation bretonne.
“Paix Liturgique – Que pensez-vous de cette affaire avec ces religieuses françaises ?
Paul Grondin – L’article de Golias insiste-t-il trop sur les « relations privilégies » entre le cardinal et la religieuse (Mère Marie de l’Assomption), une “intellectuelle” qui fait désormais la pluie et le beau temps dans la congrégation fondée par l’abbé Berto à Pontcallec ? Ceux qui connaissent bien la question disent que ces disciples de Hans Urs von Balthasar que sont le Cardinal et la Religieuse reproduisent la relation intellectuelle et spirituelle intense qui liait le théologien von Balthasar et son amie mystique et inspiratrice théologique Adrienne von Speyr. Préface de sa thèse par le cardinal, religieuse chauffeur et assistante, promue comme “Experte”au symposium sur romains sur les vocations, ouvert par le pape lui-même, n’a rien de peccamineux, mais est désordonné du point de vue intellectuel, je dirais, opportunément désordonné dans le climat actuel de « reconnaissance du rôle de la femme dans l’Église
». Paix Liturgique – Qu’en est-il de cette thèse préfacée par le cardinal ?
Paul Grondin – Le but du travail de la Mère d’Arvieu était, pour faire bref, de réhabiliter le thomisme du P. de Lubac contre le thomisme déviant, qui est celui, au dire de la religieuse, des tradis de tout poil. Le résultat n’est pas à la mesure de l’ambition intellectuelle, si on en juste par la recension de la these par Jean-Christophe de Nadaï publiée il y a peu dans le bulletin d’histoire des doctrines médiévales de la très savante Revue des Sciences philosophiques et religieuses (année 2021- tome 105 pages 142 à 150), dont je recommande la lecture à tous ceux qui s’intéressent à cette histoire.
Paix Liturgique – Pourquoi recommandes-vous cette lecture ?
Paul Grondin – Parce que la recension dégonfle sérieusement les compétences théologiques de la religieuse inspiratrice du cardinal, de son symposium et pourquoi pas… du prochain pontificat.
Paix Liturgique – Mais pourtant, dans ce dossier de Pontcallec, Marc Ouellet a eu le soutien explicite du Pape ?
Paul Grondin – Plus que cela. : il est clair que le cardinal est le rédacteur de cette étonnante « demande de pardon » du pape vis-à-vis des religieuses de Pontcallec, où il critique durement le travail de la Commission Ecclesia Dei qui avait précédemment réglé la crise de la communauté en un sens qui déplaisait profondément à la Mère Marie de l’Assomption. Au total, c’est elle qui fait dire au pape qu’il y a eu de « défaillances de certaines instances de la curie pontificale », à savoir la Commission de Mgr Pozzo, arguant « que l’accompagnement dont l’Institut a été l’objet depuis le début de son pontificat n’a pas toujours été adéquat » et qu’il serait aujourd’hui, lui le pape, « soucieux d’en assumer la responsabilité ». Il faut bien avoir à l’esprit qu’une part de cette affaire est liturgique. Les religieuses désavouées (et pour certaines renvoyées) par les manœuvres du cardinal sont les plus fidèles à la liturgie traditionnelle.
Paix Liturgique – Que voulez-vous dire par là ?
Paul Grondin – Je veux rappeler que le cardinal Ouellet a eu une part importante dans la préparation de Traditionis custodes, avec le cardinal Secrétaire d’État, avec les cardinaux Versaldi et Stella. Et sur un point spécialement. Vous savez comme nous tous que le pape a justifié Traditionis custodes sur les résultats de l’enquête sur le bilan de l’application de Summorum Pontificum qu’il avait fait entreprendre auprès des évêques du monde entier par la Congrégation pour la Doctrine de la Foi. Mais vous savez aussi sans doute que les résultats de cette enquête ont été tordus, manipulés, trahis et que l’on s’est servi d’un dossier dont la Congrégation pour la Doctrine de la Foi avait finalement constaté qu’il était largement favorable à Summorum Pontificum, pour faire croire au contraire que son application était considérée par l’épiscopat du monde comme un échec, exactement comme voulaient le faire croire le document publié par la Conférence des Evêques de France auquel vous avez donné de la publicité (Lettre de Paix Liturgique 780).